Selon les Chambres fédérales
Berne a sous-estimé la pandémie au début de l'année 2020

Dans les premières semaines, le Conseil fédéral a sous-estimé la durée potentielle de la pandémie de Covid-19. Il n'a pas vu assez tôt le caractère global de cette crise, taclent les commissions de gestion des Chambres fédérales dans un rapport publié mardi.
Publié: 24.05.2022 à 14:25 heures
La gestion de la première vague du Covid-19 par la Confédération laisse à désirer, selon les commissions de gestion du Parlement (illustration).
Photo: VALENTIN FLAURAUD

Conséquence de cette attitude, selon les commissions de gestion du National et des États: les mesures de gestion de crise ont été élaborées de manière non coordonnée, durant plusieurs semaines, au sein des différents départements. Toutes les dimensions thématiques de la crise n'ont donc pas été intégrées aux mesures de la Confédération.

Le Département fédéral de l'intérieur (DFI) a ainsi eu une influence «prédominante». Il a assumé la conduite des trois principaux organes de crise, soit l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), l'État-major fédéral de protection de la population (EMFP) et l'État-major de crise du Conseil fédéral (EMCC).

Ces deux derniers organes transversaux, qui impliquent plusieurs départements, ont eu un rôle trop subsidiaire. Une situation pas forcément adéquate, critiquent les commissions.

Taskforce de l'OFSP surexposée

Au final, c'est la taskforce de l'OFSP, activée fin janvier 2020, qui s'est retrouvée rapidement en première ligne pour gérer la crise, ce qui n'était pas prévu. Elle a fait aussi bien que possible durant la première vague, notent les commissions.

Mais la gestion du personnel a constitué un gros point faible. Les responsabilités et les compétences n'étaient pas assez transparentes. L'office a été confronté à une charge de travail sans précédent et placé au centre de l'attention publique et politique. De nombreux collaborateurs ont dû travailler la nuit et le weekend durant plusieurs mois. S'y ajoutent des changements de personnel à trois postes-clé, dont celui du directeur de l'office.

L'EMFP de son côté n'a pas assumé les tâches qui auraient dû être les siennes, constatent aussi les commissions de gestion. Il est resté dans l'ombre de la taskforce de l'OFSP, pour des raisons peu compréhensibles. Le Conseil fédéral doit se pencher sur la question.

Quant à l'EMCC, il n'a pas joué son rôle de conduite de la gestion de crise fédérale, regrettent les commissions. Mis en place trop tard, il s'est contenté de faire office d'organe d'information et de coordination. Là aussi, le poids du DFI était trop important.

Autocritique et adaptations demandées

La gestion de la pandémie s'est construite dans un premier temps au fil de l'évolution de la situation sanitaire, à l'appréciation des départements et des offices concernés, concluent les commissions parlementaires.

Elles demandent au Conseil fédéral de faire son autocritique «dès que possible», en répondant dans un rapport aux remarques et recommandations. Ce rapport devra aussi établir un concept pour l'organisation de crise fédérale pour l'avenir et examiner si des bases légales doivent être adaptées. Un postulat et une motion en ce sens ont été déposés.

Le gouvernement devrait aussi revoir de manière critique les exercices de préparation aux crises menés par le passé. Force est de constater qu'ils n'ont pas totalement rempli leur objectif, puisqu'ils n'ont pas permis aux autorités fédérales d'être préparées de manière optimale à la crise du Covid-19.

(ATS)

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