Le destin de Selena K.* a bouleversé la Suisse en été 2021. Alors âgée de 29 ans, la jeune femme a connu une mort violente, lorsque son compagnon Julian P.* a pris un couteau et a poignardé la Tessinoise à une soixantaine de reprises.
La police a retrouvé le corps de cette mère de trois enfants dans l'appartement de Julian P. à Emmenbrücke (LU). Le crime d'une extrême violence aurait apparemment été précédé d'une dispute au sujet d'un voyage prévu par le couple. Comme Julian P. ne pouvait pas l'accompagner en raison d'un Covid long, Selena K. voulait partir seule, ce qu'il n'aurait pas accepté.
20 ans de prison ferme
Le Suisse a été reconnu coupable de meurtre en première instance et devra passer 20 ans derrière les barreaux. Mais le criminel ne s'en compte pas se laisser faire. L'enseignant de 37 ans fait appel de la décision, comme le rapporte «Zentralplus».
Un an après la première condamnation, le jugement de 200 pages du tribunal correctionnel donne un aperçu de la pensée d'un homme qui, par son fort besoin de contrôle et ses tendances à l'agressivité, est passé du profil de personne amicale à celui de meurtrier.
Le stress engendrent un changement de comportement
D'anciennes amies de Julian P. racontent qu'il a de plus en plus perdu le contrôle de ses émotions. Au travail également, il se faisait de plus en plus remarquer par ses absences et son manque de ponctualité.
Dans une expertise psychologique, il est dit que le trentenaire n'a pas le sens de la proportionnalité de son comportement dans les «phases de fort égocentrisme émotionnel». Cela signifie que dans des situations normales, il semble aimable et ouvert, mais que sous pression et stress, il présente des traits de personnalité problématiques tels qu'un égocentrisme accru et des tendances à la manipulation.
Julian P. n'est plus en mesure de peser son comportement dans ces situations et d'évaluer ce qui correspond à la vérité. Il ne s'agit toutefois pas d'un trouble psychique.
Egalement accusé de manipuler les faits
Le meurtrier condamné souhaite faire valoir en deuxième instance que son covid long dominait sa vie au moment des faits. L'avocat a fait valoir que Julian P. souffrait d'un «trouble profond de la conscience» en raison de ses troubles et qu'il n'était pas coupable. Le jugement dresse cependant un tableau différent: les juges ont vu dans les déclarations de l'accusé de pures affirmations de protection. Ils lui reprochent d'avoir manipulé les faits comme cela l'arrangeait.
L'accusé n'a cessé d'insister sur sa maladie. Lors de l'énoncé du jugement, il a interrompu la juge à plusieurs reprises et a réagi de manière émotionnelle. «Ne remarquez-vous pas que c'est un affront géant de dire cela à une personne qui a failli en mourir?», a-t-il lancé à la juge.
Son Covid long a-t-il vraiment influencé son psychisme?
Une expertise commandée par la défense confirme certes qu'un Covid long peut affecter la pensée et l'action. Mais elle ne permet pas de tirer des conclusions sur la culpabilité dans des cas concrets.
L'affaire est maintenant portée devant le tribunal cantonal de Lucerne. Il reste à voir si l'accusé y obtiendra gain de cause avec ses arguments.
* Noms modifiés