L'Etat de Neuchâtel a dégagé un bénéfice record de 56,4 millions de francs en 2024, pour un budget anticipant 9,5 millions seulement. Pour la cinquième année consécutive, les comptes sont excédentaires sans prélèvement à la réserve conjoncturelle ou lissage des recettes fiscales.
Le Conseil d'Etat, via sa présidente Florence Nater et sa ministre des finances Crystel Graf, a fait part mercredi de sa grande satisfaction, tout en invitant au «maintien d'une grande rigueur pour répondre aux défis futurs auxquels la collectivité devra faire face». La prudence apparaît plus que jamais de mise pour la suite.
Il faut dire que les signes de ralentissement économique s'affirment, avec un chômage en hausse, après des années d'une conjoncture très favorable. Le canton à vocation exportatrice pourrait souffrir de la politique protectionniste des Etats-Unis, dans un contexte géopolitique toujours incertain.
Impôts dynamiques
Le résultat 2024 a profité de conditions encore porteuses, avec des revenus fiscaux supérieurs de 120,5 millions de francs au budget. Ces derniers incluent une évolution positive de l'impôt direct des personnes physiques (+32,5 millions) et des personnes morales (+44,3 millions), a noté Patrick Aubry, chef du service financier.
La progression cumulée des recettes, pour un total de 158,1 millions de francs, a permis d’éviter plusieurs prélèvements dans les réserves. Le phénomène a assuré le comblement de l’absence de versement de la part au bénéfice de la Banque nationale suisse (BNS), initialement budgété à 27 millions.
Il a été attribué 50,4 millions à la réserve de lissage des recettes fiscales (+35,5 millions). Avec un bénéfice exceptionnel, il n’a pas fallu prélever 10,6 millions à la fortune du fonds d’aide aux communes pour financer la compensation versée aux communes d’altitude, ni à la réserve en faveur du développement durable.
Plan à la loupe
Alors que le budget prévoyait un prélèvement à la réserve conjoncturelle de 13,1 millions, c’est finalement une attribution qui a eu lieu de 2,8 millions, permettant à ladite réserve de se situer à son maximum légal de 122,9 millions. Le résultat d'exploitation de 35 millions a donc été réalisé sans prélèvements.
Les charges ont atteint 2,43 milliards de francs, inférieures de 12,9 millions au budget. Avec des investissements nets de 82 millions, très légèrement inférieur au minimum imposé par la loi, mais entièrement autofinancé (121% pour un minimum fixé à 70%), les critères du frein à l'endettement ont été partiellement respectés.
Plusieurs projets ont été freinés ou reportés. Le plan financier et des tâches 2026-2028 comprend une hausse importante des investissements et présente des déficits importants, compris entre 30 et 50 millions pour l'heure. Ceux-ci ne tiennent pas compte des potentiels reports de charges de la Confédération sur les cantons.
Œil sur la dette
En conclusion, les deux magistrates, réélues dimanche, Florence Nater à la majorité absolue et Crystel Graf tacitement, ont appelé à maîtriser les nouvelles dépenses, «difficiles à intégrer dans la structure financière actuelle du canton». L'endettement, stable à 1,8 milliard de francs, restera aussi un sujet de préoccupation.
La législature qui commence devra affronter des défis. Parmi eux, figurent l'attraction de nouveaux résidents, la hausse des dépenses en matière de santé et de transports publics, la numérisation, la transition écologique, la modernisation des infrastructures, la diminution du pouvoir d'achat et le vieillissement de la population.
Depuis 1970, l'Etat de Neuchâtel n'a dégagé qu'à 18 reprises des comptes bénéficiaires, alors qu'il a bouclé 37 fois dans les chiffres rouges. La perte cumulée se monte à 1,2 milliard de francs, a relevé Crystel Graf.