Réactions après l'annonce du retour de Céline Vara à Neuchâtel
Le Parlement fédéral est-il vraiment devenu trop lent et inefficace?

Céline Vara annonce son intention de quitter le Conseil des Etats pour se présenter aux élections du Conseil d'Etat de Neuchâtel en 2025. L'élue des Vert-e-s décrie la lenteur des processus à Berne. Ces critiques sont-elles fondées? Des élus partagent leur point de vue.
Publié: 02.11.2024 à 06:05 heures
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Gerhard Pfister, président du Centre et Conseiller national, Zoug. (Image d'archives)
Photo: keystone-sda.ch
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

À peine son deuxième mandat entamé, elle dit vouloir quitter le Conseil des États pour retourner dans sa terre natale, visiblement lasse des intrigues politiques de la capitale. La sénatrice Céline Vara (les Vert-e-s) a annoncé briguer un siège au Conseil d'Etat de Neuchâtel lors des élections qui se tiendront le 23 mars 2025.

La validation de sa candidature par son parti le 16 novembre prochain relèvera de la formalité. Elle sera ainsi la locomotive de la gauche pour cette course, aux côtés notamment des socialistes (PS) sortants Florence Nater et Frédéric Mairy.

Une annonce faite le 30 octobre. Ou le jour qu'a également choisi l'assistant parlementaire de la sénatrice pour enflammer le réseau social d'Elon Musk en traitant de «facho» un Albert Rösti qui a clamé son penchant pour Trump dans un gymnase de Bâle. Sa patronne lui a immédiatement remonté les bretelles.

Mais revenons à nos moutons. Sur les plateformes de la RTS, Céline Vara dit vouloir retrouver un exécutif où «on est une équipe, on travaille ensemble, on a des valeurs et des projets communs». Car «construire» serait bien plus compliqué, par les temps qui courent au Parlement fédéral. Surtout pour une gauche minoritaire.

La politicienne évoque aussi, dans les colonnes d'«Arcinfo», un processus politique «tellement lent que, lorsqu’on lance un projet, il n’est pas rare qu’on n’y soit plus quand il entre en vigueur», mêlé d'une «lutte acharnée de tous les instants». Bref, à Berne, pas grand-chose ne bouge, alors même que tout est rapport de force? On a sondé deux des doyens du Parlement fédéral, qui siègent depuis plus de deux décennies.

Une Berne plus polarisée?

Il fait partie du top cinq des élus à siéger depuis (très) longtemps au Conseil national. Depuis 2003, en l'occurrence. Bien qu'il n'ait jamais mis les pieds au Conseil des États, le président du Centre Gerhard Pfister a pour le moins roulé sa bosse, sous la Coupole.

Oui, à Berne, tout est long, mais le Zougois s'en accommode volontiers: «La lenteur parlementaire, c’est normal. Il faut savoir être patient. Il est vrai qu’un exécutif cantonal, c’est un peu plus direct, niveau fonctionnement. Le Parlement fédéral, c’est une autre tâche. Car il doit être représentatif de tous les groupes et de toutes les variétés d’opinion qu’on trouve dans notre pays. Je trouve ça fascinant. Même si cela implique de travailler de manière un peu chaotique, parfois polémique — ça fait partie du jeu.»

Il tacle au passage l'écologiste neuchâteloise. «Cependant, un Conseil d’État n’est pas dénué de lenteur, nous glisse le politicien à l'autre bout du fil. Et les défis y sont presque les mêmes, au final. Donc se montrer si pessimiste, tout en présentant sa candidature pour un nouveau mandat, c’est un peu inconséquent.»

La «solitude» qu'a dit vivre Vara à Berne, en revanche, il la comprend: «J’admets qu’il est aujourd’hui plus compliqué d’être de gauche au Conseil des États. Et il est aussi vrai que les processus sont devenus plus lourds, par manque de consensus. Les Chambres fédérales sont aujourd’hui davantage polarisées qu’il y a quelques années.» Trouver des majorités serait donc devenu plus complexe, et «le travail parlementaire présente plus de défis. Ce qui n'est pas seulement, mais aussi, la faute de la gauche…»

«Les Vert-e-s sont en minorité»

La conseillère aux Etats verte Maya Graf est quant à elle la femme qui a passé le plus de temps à Berne et qui y siège encore. Conseillère nationale de Bâle-Campagne de 2001 à 2019, et œuvre désormais à la Chambre haute. Et s'y plaît.

Celle qui dit être une amie de la candidate au Conseil d'État neuchâtelois partage son ravissement suite à cette annonce: «Je me réjouis beaucoup pour Céline Vara, même s’il est vrai qu’elle va nous manquer, au sein du groupe parlementaire des Vert-e-s. Elle serait une parfaite conseillère d’État. C’est une jeune politicienne pleine d’énergie, qui a déjà acquis beaucoup d’expérience!»

Partage-t-elle les critiques de sa collègue de parti, quant à une certaine sclérose parlementaire? L’élue esquive et préfère pointer du doigt «l’opportunité» qui s’est présentée à sa collègue: «Une porte s’est ouverte au Conseil d’Etat, où elle pourra accomplir beaucoup de choses pour les Neuchâtelois, d’autant plus que c'est un assez petit canton. Elle peut vraiment faire une différence. Alors qu’ici, les Vert-e-s sont de fait en minorité. Je trouve que c’est une décision formidable.»

On pose la question autrement: Pourquoi Maya Graf aime-t-elle, pour sa part, siéger à Berne au point d’y être depuis plus de deux décennies? «J’ai simplement choisi un autre chemin que celui qu’emprunte Céline Vara. Moi, le travail au Parlement fédéral, ça me plaît beaucoup. J’ai passé plusieurs années au Conseil national, avant d’arriver aux États, en tant que femme verte, assise dans l’unique siège dont dispose Bâle-Campagne! Ce qui est historique.»

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