Raul Marugan veut s'en sortir
«Pendant dix ans, je n'ai connu que la cocaïne et les fêtes»

Raul Marugan aimait faire la fête. L'alcool et la coke ont toujours fait partie de la vie de ce jeune homme de 27 ans. Mais aujourd'hui, après dix ans d'ivresse permanente, il souhaite passer à autre chose, non sans en garder des séquelles. Témoignage.
Publié: 14.12.2023 à 20:36 heures
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Raul Marugan n'a vécu qu'à travers la cocaïne et les fêtes pendant 10 ans.
Photo: STEFAN BOHRER
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Qendresa Llugiqi

Aucune drogue dure n'est aussi banalisée que la cocaïne. Pour beaucoup, la coke fait partie des sorties, elle est célébrée dans les chansons et glorifiée dans les séries (comme «Wellmania» sur Netflix ou «Succession» sur Sky). La poudre blanche est parfois représentée comme un véritable style de vie.

Raul Marugan ne peut pas dire le contraire. Il n'a pas passé un week-end sans cocaïne au cours des dix dernières années. Ce jeune homme de 27 ans originaire d'Aarau (AG) raconte à Blick: «Pour moi, il n'y avait que la fête, l'alcool et la coke. J'adorais ça.»

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«J'étais mort à l'intérieur et je n'arrivais pas à mettre ma vie en ordre»
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L'Espagnol a toujours essayé de maintenir son image de lion fêtard et flamboyant, rapporte-t-il. «Avec la cocaïne, je me sentais comme un roi et c'est ainsi que je me présentais. Alors que j'étais mort à l'intérieur et que je n'arrivais pas à mettre ma vie en ordre.»

Carrière et famille

Désormais, c'est terminé! Raul a décidé début septembre de se désintoxiquer. L'élément déclencheur? Une rencontre émotionnelle avec sa mère en Espagne, explique-t-il: «J'ai réalisé que je n'étais pas heureux avec moi-même.» De plus, beaucoup de ses amis, avec qui il faisait les quatre cents coups, sont passés à autre chose et ont construit leur vie loin de la drogue: «Ils ont des carrières et des familles. C'est ce que je souhaite aussi.»

Raul reçoit une rente de l'AI en raison notamment de ses problèmes de dépendance et de traumatismes, liés à des négligences émotionnelles et une enfance difficile. Raul a reçu l'aide d'une institution dès l'adolescence, qui lui a donné la possibilité de suivre une première formation. Pour ne rien arranger, un nerf a commencé à régresser du côté droit de son visage, entraînant une paralysie faciale. 

Consommation quotidienne de cocaïne

Ce n'est pas la première fois que Raul se bat pour arrêter la coke. Il y a trois ans déjà, il s'était rendu volontairement dans une clinique stationnaire en raison de sa dépendance. Mais peu de temps après, il a de nouveau dérapé. Cette fois, c'est différent, assure-t-il: «Je le sens.»

Début septembre, l'homme a commencé une désintoxication
Photo: STEFAN BOHRER

L'homme a commencé à se droguer très tôt. «A 12 ans, je fumais de l'herbe. A 16 ans, j'ai ajouté l'alcool et ensuite la coke, pour annuler les effets de l'alcool. Il l'avoue: Dans ma période la plus sombre, je consommais de la cocaïne tous les jours.»

Selon Raul Marugan, les raisons de cette consommation excessive sont multiples. A la puberté, sa situation familiale serait devenue insupportable. «Ma mère luttait contre son alcoolisme, mon frère aîné a perdu son œil droit à l'âge de 15 ans et mon père était renfermé et dépassé par ce monde.» Chaque membre de la famille luttait contre ses propres problèmes. «J'étais simplement laissé de côté», soupire-t-il.

Négligence affective

Dans un rapport établi par la clinique de désintoxication, on peut lire: «Chez Monsieur Marugan, il y a des indices de la présence d'une négligence émotionnelle grave ainsi que d'une négligence physique grave.»

Malgré tout, l'Espagnol estime que «mes parents ont fait de leur mieux. Mais ce n'était pas l'éducation dont j'avais besoin.» Il lui a manqué une main directrice et une épaule sur laquelle s'appuyer. «Mais surtout, il me manquait beaucoup d'amour propre.»

Pris dans un tourbillon

La cocaïne a longtemps été la solution à tous ses problèmes. Mais la consommation a laissé des traces, y compris visuelles. Raul nous montre une photo de lui avec des cernes noirs, les yeux et le nez rougis: «Voilà ce que dix ans de consommation de cocaïne ont fait à mon visage.»

Au fil des années, il a été pris dans un véritable tourbillon: «Tout tournait autour de la coke. Je mettais toute ma rente AI ou l'argent de mon ORP dans ma dépendance.» Si ses poches étaient vides, il s'associait avec des amis ou dealait dans les clubs pour financer sa propre consommation. Les factures restaient impayées, les dettes s'accumulaient.

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«Je me tiens à l'écart de mon ancien cercle d'amis et de la fête»
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Pour se procurer de la cocaïne, il a même menti et manipulé son entourage, regrette-t-il. «J'en ai extrêmement honte aujourd'hui.» Il a également laissé passer des opportunités, comme une place d'apprentissage dans le commerce de détail. 

Reconnaissance sur Tiktok

Pour une vie meilleure, Raul tente de bousculer ses habitudes: «Je n'ai jamais eu de structure au quotidien. Je ne sais pas non plus ce qu'est la discipline. Des choses qui sont désormais importantes pour rester à l'écart de la cocaïne.»

Il a donc entrepris un certain nombre de changements: «J'ai changé mon alimentation, je fais du sport et je cherche des occupations saines. En même temps, je me tiens à l'écart de mon ancien cercle d'amis et de la fête.»

Raul Marugan aborde aussi sa dépendance et son sevrage sur sa chaîne Tiktok. «Cela m'aide à faire face et je peux informer d'autres personnes.» C'est dans ce travail d'information et de prévention qu'il voit son avenir.

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Une grande acceptation

Selon l'Espagnol, il est effrayant de voir à quel point il est facile de se procurer de la cocaïne en Suisse et à quel point la situation pourrit dans son jus: «Bien que la cocaïne soit une drogue dure, elle est acceptée ici jusque dans les milieux les plus privilégiés. Les conséquences possibles sont minimisées. Les milieux artistiques – comme le secteur de la musique et du cinéma – célèbrent presque la drogue.»

Raul Marugan souligne à quel point cela peut être dangereux: «Un être triste et désespéré n'est pas en mesure de faire la différence entre l'art et la vraie vie. Ils courent le risque de devenir dépendants.»

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