Rapport d'enquête affligeant
L'école chrétienne Linth de Saint-Gall, théâtre d'abus sexuels pendant des années

Jusqu'en 2010, des enfants ont été victimes d'abus sexuels dans une école chrétienne de Kaltbrunn (SG). C'est ce que révèle le rapport d'enquête rédigé par des avocats chargés de faire la lumière sur cette affaire.
Publié: 05.12.2022 à 19:28 heures
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Dernière mise à jour: 05.12.2022 à 19:37 heures
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De nombreux élèves de l'école chrétienne Linth à Kaltbrunn (SG) ont été victimes d'abus sexuels pendant des années, révèle un rapport d'enquête.
Photo: keystone-sda.ch
Nicola Abt

Dans l’école chrétienne Linth à Kaltbrunn (SG), des enfants ont été victimes d’abus sexuels pendant des années. C’est ce qui ressort du rapport d’enquête d’un cabinet d’avocats mandaté à cet effet, qui a été publié cet été et dont la «Sonntagszeitung» vient de rendre compte.

Les atrocités auraient commencé peu après la construction du centre de formation, en 1995, par l’œuvre missionnaire Kwasizabantu (KSB), l’institution qui a précédé l’école actuelle. Une élève de la première heure révèle dans le rapport qu’elle a été harcelée par un prédicateur de la paroisse, un invité ainsi que deux aumôniers de la mission sud-africaine. «Les pénétrations et autres actes sexuels étaient interprétés religieusement et présentaient une composante à la fois sadique et pédophile», indique le rapport à ce sujet.

En 2000, cette victime a quitté le centre de formation de la commune saint-galloise. En raison de ces événements, elle est encore aujourd’hui en traitement. Un ancien élève a donné d’autres détails au «St. Galler Tagblatt». Il aurait dû se coucher sur le lit, face contre terre et le pantalon baissé. Ensuite, il a été frappé avec une ceinture en cuir, souvent avec une boucle, parfois avec un bâton en bois avec un morceau de métal au bout. «Après cela, je ne pouvais souvent pas marcher ni m’asseoir correctement pendant des semaines», raconte-t-il.

Les autorités étaient au courant depuis 1999...

Ces pratiques étaient déjà connues des autorités saint-galloises en 1999, comme le montre un procès-verbal. Un an plus tard, les autorités ont ouvert une enquête et confronté la direction de l’école et le responsable de la commune de l’époque aux reproches. Ceux-ci ont nié tout dépassement de la loi. En 2001, le conseil d'éducation de Saint-Gall a décidé de ne pas prendre de mesures. La raison? Il n’y avait «pas de danger immédiat».

Rétrospectivement, les autorités expliquent dans une prise de position que les obstacles à une intervention de l’Etat sont très élevés. Il a été très difficile de briser l'omertà dans la commune. C’est grâce à des articles de presse sud-africains parus en 2019 que les atrocités ont pu être révélées au grand jour.

...et les abus ont continué jusqu'en 2010

L’œuvre missionnaire Kwasizabantu a été accusée d’exploiter ses collaborateurs et de détourner des fonds. Cela a fortement ébranlé le siège de l’œuvre missionnaire en Suisse. Celle-ci a donc rapidement changé de nom. Elle s’appelle désormais Evangelische Gemeinde Hof Oberkirch (EGHO). L’école de Kaltbrunn a également été rebaptisée. Elle ne s’appelle plus Domino Servite (servez le Seigneur), mais Christliche Schule Linth (CSL).

Le nom a changé, mais les mauvais esprits du passé sont restés. C’est pourquoi, en septembre 2021, la direction de l’école a osé prendre les devants. Un bureau d’avocats a été chargé d’enquêter sur ce qui s’était passé tandis que deux psychologues ont été engagés. Plus d'une cinquantaine d'élèves et membres de la communauté ont profité de cette opportunité. Le rapport a conclu que le harcèlement avait eu lieu jusqu’en 2010. C’est avec «honte et horreur» que l’école a lu le rapport, indique-t-elle dans sa prise de position.

Retrouver les auteurs des faits: une tâche ardue

La recherche des auteurs se révèle difficile pour le Ministère public. D’une part parce que les faits sont prescrits, et d’autre part parce que les enquêteurs n’ont pas pu retrouver les noms des auteurs, comme l’écrit le «St. Galler Tagblatt». Stefan Hess, du Parquet du canton de Saint-Gall, déclare: «Nous reprendrons la procédure si des victimes se manifestent, si nous recevons ultérieurement des informations fiables sur un éventuel auteur ou si l’identité de ce dernier est connue.» L’école reste ouverte.

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