Il n'a que 20 ans, mais il passe déjà la main: Oleg Gafner va quitter la coprésidence des Jeunes Vert·exs suisses, qu'il occupait avec la Zougoise Julia Küng. L'écologiste vaudois délaisse aussi son poste de vice-président des Verts suisses pour se consacrer pleinement à son mandat de conseiller communal à Lausanne et à ses études de droit, qu'il... commence cet automne.
Pour le remplacer, le parti propose deux noms, que les membres réunis samedi à Bellinzone, au Tessin, seront chargés de départager. Un duel assumé et pris au sérieux, puisque le duo a été longuement auditionné jeudi soir. «Nous avons dû répondre à des questions des deux côtés de la Sarine, il y avait une traduction simultanée», raconte Margot Chauderna, 27 ans, à Blick.
La jeune femme, qui a vécu dans trois cantons romands mais est désormais installée à Fribourg, espère devenir la première femme coprésidente latine des Jeunes Vert·exs. «J'ai 27 ans, mais je ne compte pas me ranger ou rester tranquille: nous avons besoin d'un mouvement radical pour confronter le monde politique à sa tendance à l'immobilité: brûlons le patriarcat, pas la planète!», écrit la double diplômée en biologie et en sociologie dans sa lettre de motivation au parti. Sur Instagram, la conseillère générale en ville de Fribourg s'estampille d'ailleurs «féministe vénère».
Quel que soit le choix des membres samedi au couvent des Augustines de Monte Carasso, la révolution climatique sera anticapitaliste ou ne se fera pas. Car le discours n'est pas plus poli(cé) chez son seul contradicteur, le Vaudois Théodore Savary. Et l'insistance est identique pour utiliser le nom officiel du parti, en écriture inclusive. Fraîchement diplômé en Sciences de l'environnement, le jeune homme de 21 ans est «fier de la posture anticapitaliste» que les Jeunes verts amènent «à tous les niveaux politiques». Il a d'ailleurs participé à plusieurs actions militantes et n'a pas peur de s'aventurer sur le terrain de la désobéissance civile.
Le Pulliérain assure néanmoins «réfléchir énormément au climat sur le plan institutionnel»: il a réalisé un semestre à l'Université d'Uppsala, en Suède, exclusivement consacré au «leadership en matière de changement climatique». «Je vais poursuivre avec un master en administration publique, car on ne pense pas suffisamment les politiques publiques à travers un prisme environnemental et inversement», estime Théodore Savary.
Fédérales et initiative populaire
Les jeunes pousses vertes, autoproclamées «Premier parti de jeune en Suisse» ont de grandes ambitions pour les élections fédérales de 2023. L'assemblée de samedi doit participer à la composition d'un «groupe central» pour préparer la route vers le Conseil national. «C'est une campagne que l'on commence à préparer dans chaque section, poursuit le vaudois. Dans mon canton, par exemple, nous n'étions qu'à environ 200 voix d'obtenir un siège au National en 2019. Donc l'objectif de l'automne prochain devra clairement être d'envoyer des jeunes Vert·exs défendre nos valeurs directement au Parlement. »
D'ici à 2023, Margot Chauderna met aussi en avant l'initiative «Pour la responsabilité environnementale» que les jeunes écologistes ont lancée en ce mois d'août. «Elle demande que la Suisse respecte les limites planétaires, celles que les scientifiques mettent constamment en avant pour expliquer que notre écosystème ne peut supporter un stress infini», étaie la candidate à la coprésidence des Jeunes Verts.
Le texte exige que la Suisse respecte six des neuf limites: lutte contre le changement climatique, perte de biodiversité, consommation d'eau, utilisation des sols, apports d'azote et de phosphore. «Nous nous sommes concentrés sur les paramètres qui sont scientifiquement mesurables dans notre pays», conclut Théodore Savary.
Qui sera en charge de piloter ces dossiers «hautement stratégiques» pour le premier parti de jeunes en Suisse? Réponse samedi en fin d'après-midi.