Quelques conseils pour l'éviter
A quel point est-ce grave de gifler son enfant?

Les parents partisans d'une éducation sans violence ne respectent pas toujours leurs principes lors d'une situation extrême. Frapper un enfant abîme sa relation avec lui, dit Yvonne Müller, conseillère parentale. Mais il est souvent possible d'y remédier.
Publié: 30.09.2023 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 30.09.2023 à 07:29 heures
Comment réparer la relation avec l'enfant après une gifle - il existe des conseils concrets à ce sujet.
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Jonas Dreyfus

Le Conseil fédéral propose d'inscrire l'éducation sans violence dans la loi. Une interdiction des châtiments corporels serait un signal fort, même si une grande partie des parents suisses agissent déjà d'une telle manière avec leurs enfants, explique Yvonne Müller du centre de conseil suisse Elternnotruf.

La conseillère a pourtant régulièrement affaire à des parents qui, confrontés à des situations extrêmement stressantes avec un ou plusieurs enfants, perdent momentanément le contrôle et sévissent, cédant ainsi à la violence. Cet acte est souvent à l'opposé de leurs principes éducatifs.

Il est normal de se sentir coupable par la suite, rassure Yvonne Müller. Mais cela n'apporte rien ni à l'enfant ni aux parents si l'on s'y attarde trop longtemps. «L'important est de tirer des leçons de l'incident pour l'avenir, afin que cette 'perte de contrôle' reste, dans l'idéal, un événement unique.»

Comment réparer la relation avec l'enfant après une gifle? Il existe des conseils concrets à ce sujet. Ne pas en arriver là, c'est possible et cela s'apprend!

Les enfants en âge de défier ou d'être autonomes peuvent mettre la patience de leurs parents à rude épreuve.
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Quelles peuvent être les conséquences psychologiques d'une gifle?

Une faible estime de soi, des difficultés de concentration, des dépressions ne sont que quelques-unes des conséquences de la violence physique des parents envers les enfants, selon l'Association suisse pour la protection de l'enfant. Pour les jeunes enfants, les conséquences sont plus graves que pour les plus âgés. Entre autres parce que les parents sont souvent leurs seules personnes de référence et que la rupture de confiance est donc particulièrement grave.

Que puis-je faire si cela se produit?

Yvonne Müller conseille aux parents dont la main «glisse» sous le coup de l'émotion ce qui suit: Prendre immédiatement l'enfant dans ses bras, s'il le permet, lui dire qu'on est désolé, qu'on a perdu le contrôle et qu'on ne voulait en aucun cas le frapper. «Il est important de ne pas essayer de se justifier auprès de l'enfant.»

Les câlins aident - surtout après que les parents ont fait quelque chose qui, pour l'enfant, ressemble à une rupture de la relation.
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Que puis-je faire à plus long terme pour recoller les morceaux de la relation?

Après l'incident, une fois le premier choc passé, Yvonne Müller préconise des gestes de réconciliation et de les nommer comme tels à l'enfant. Il peut s'agir par exemple de faire quelque chose d'agréable ensemble ou de cuisiner le plat préféré de l'enfant. «Les parents qui assument leurs erreurs ne perdent pas la face, au contraire. Ils sont de bons modèles.»

Comment faire en sorte de ne pas en arriver là?

La phase de défi et de recherche autonomie, qui débute chez la plupart des enfants au cours de leur troisième année, met la patience des parents à rude épreuve. En cas de manque de sommeil chronique, le moment est vite arrivé où les meilleures intentions éducatives sont oubliées et où une escalade menace. Dans de telles situations, elle conseille ce qui suit:

Désescalade: Essayer de s'extraire physiquement d'une situation avant d'exploser. Dire par exemple à l'enfant qui se déchaîne dans sa chambre que l'on va se rendre brièvement dans le salon, mais que l'on laisse la porte ouverte.

Mettre fin aux luttes de pouvoir: Les parents entendent souvent dire qu'ils doivent être cohérents. Dans les situations qui menacent de dégénérer, Yvonne Müller conseille de sortir de la dynamique et de désamorcer ainsi la situation.

Se préparer des phrases: Réfléchir à un choix de mots approprié à un moment critique est presque impossible. Par exemple, lorsqu'un enfant utilise des mots blessants contre ses parents. Yvonne Müller explique qu'il peut être utile de s'entraîner à de telles situations, par exemple: «Je ne veux pas que nous nous comportions ainsi. Je m'éloigne un instant et je reviens.»

Connaître ses propres points faibles: Celui qui sait qu'il est plus sensible à certaines choses que d'autres est moins pris au dépourvu lorsqu'il y est confronté et peut plus facilement garder la tête froide.

Ne pas prendre le comportement personnellement: Les enfants ne veulent pas volontairement nuire à leurs parents. Selon Yvonne Müller, même les comportements qui peuvent sembler hostiles cachent généralement un besoin insatisfait que personne ne peut, probablement, satisfaire à ce moment-là.

Se faire aider: Que ce soit en demandant à la voisine de faire une heure de baby-sitting ou en décrochant le téléphone ou le clavier pour appeler un centre de conseil. Yvonne Müller recommande aux parents de ne jamais avoir honte de demander de l'aide à quelqu'un.

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