Quel type de voisin êtes-vous?
On sait ce que les Suisses aiment chez leurs voisins (et ce qu'ils détestent)

Les Suisses n'aiment pas être trop proches de leurs voisins: c'est ce que montre la première étude d'envergure sur le sujet réalisée dans notre pays. Saurez-vous identifier votre profil dans les quatre catégories établies par les chercheurs?
Publié: 02.08.2022 à 12:17 heures
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Dernière mise à jour: 02.08.2022 à 14:07 heures
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La première grande étude de voisinage de l'Institut Gottfried Duttweiler est arrivée.
Photo: imago images/Geisser
Rebecca Wyss

Quels rapports entretenez-vous avec vos voisins? Cordiaux, chaleureux, quelconques? Si vous vivez en milieu urbain, il est probable que votre réponse s'approche de la dernière option: dans 83% des cas, les relations entre voisins sont indifférentes.

Si on le sait, c'est grâce à la première étude d'envergure sur la question, réalisée par l'institut Gottfried Duttweiler (GDI) à la demande de Migros. Baptisée «Hallo Nachbarn:in» («Bonjour voisin-e»), elle consiste en un sondage représentatif auprès de 1021 personnes, approfondi par des entretiens auprès de 100 d'entre elles.

Principale conclusion, selon le co-auteur de l'étude, Jakub Samochowiec: «En règle générale, les Suisses n'entretiennent pas de relation très proche avec leurs voisins, mais ils leur font confiance.» Cela s'est particulièrement vérifié pendant la pandémie, selon lui, avec une solidarité accrue si besoin était.

Jakub Samochowiec, diplomé en psychologie sociale, est Senior Researcher au Gottlieb Duttweiler Institut.
Photo: GDI (DR)

Neuf personnes interrogées sur dix (la majorité des sondés vit dans un immeuble, un quart seulement en maison individuelle) font confiance à leurs voisins et trois quarts se sentent «totalement en sécurité».

Les auteurs de l'étude ont distingué quatre profils de voisins:

Le distant

Vous évitez tout contact avec vos voisins? Figurez-vous que vous n'êtes pas un cas unique. Loin de là. Pour près de la moitié des interrogés, passer son temps à boire des cafés avec ses voisins est un enfer absolu.

La meilleure situation, c'est un agrément mutuel de ne pas s'embêter. Chacun reste chez soi et respecte l'espace de son voisin. La retenue est réciproque: de nombreux sondés expliquent que s'ils sont aussi discrets, c'est pour «ne pas être un fardeau» pour leurs voisins.

Le «G.O.»

Vous appréciez beaucoup vos voisins et vous vous êtes senti(e) seul(e) en lisant les lignes qui précèdent? Pas de panique: il y a aussi une catégorie qui vous correspond. Mais elle ne représente que 14% des sondés. Ce sont celles et ceux qui adorent leurs voisins et sont les premiers à organiser des fêtes de quartier. Leur idéal? Vivre comme une «grande famille», dont ils cultivent les relations.

«Dans ce genre de quartiers, on se connaît bien. Madame Gumy sait que Monsieur Piccand aime faire la sieste le samedi et laisse sa tondeuse au garage pour respecter son voisin», illustre le co-auteur de l'étude.

L'«inspiré»

Un profil bien présent (un tiers des sondés), surtout dans les grands immeubles: les habitants qui cherchent «l'inspiration» dans le voisinage. Pour eux, il est important de résider dans un quartier mélangé, notamment en termes de culture.

Ils aiment aussi mener des projets communs avec leurs voisins, par exemple aménager un jardin. Les maîtres-mots: solidarité, tolérance et respect. Pas seulement brièvement dans la cage d'escalier, mais dans un échange direct, lors d'activités et de projets communs.

Le gardien des «valeurs»

Vivre parmi des personnes partageant les mêmes idées, les mêmes valeurs voire les mêmes opinions: c'est ce que 10% de la population souhaite dans son voisinage. On retrouve ce profil avant tout en agglomération, où les gens veulent savoir qui habite dans l'immeuble avant d'emménager.

Tout aussi important: les règles de vie en communauté. Tout le monde doit jouer le jeu, notamment en matière de propreté. Mais ils ne veulent pas non plus avoir trop d'obligations envers le voisinage. «Tout doit être simple: il n'y a pas de chaussures dans la cage d'escalier et tout le monde respecte ça», illustre le chercheur du GDI.

Dans cette catégorie, il faut se montrer serviable envers ses voisins, mais du «cheap talk» (conversation anodine) dans la cage d'escalier suffit aussi. C'est un entre-deux: être là s'il faut de la farine pour le voisin, tout en laissant une distance respectueuse et amicale.

Les Seniors, le liant social

Il y a eu un «pendant» et un «après» la pandémie, note Jakub Samochowiec. Le Covid nous a rassurés sur le fait que nos voisins étaient là en cas de besoin ou pour nous faire les courses, mais la plupart des gens sont contents d'avoir pu reprendre un peu de distance, selon le chercheur.

Néanmoins, la confiance est restée. «En ces temps de crise(s), cela permet d'affronter le futur avec confiance», estime-t-il.

De manière générale, un groupe social s'est distingué dans cette première étude nationale sur le sujet: les seniors. «Ils sont le liant social des quartiers», explique le scientifique. Parce qu'ils vivent souvent depuis longtemps au même endroit, et qu'ils aiment bien être le relais entre les gens».

Si l'on veut améliorer les relations dans le voisinage, on peut commencer par eux et leur donner un rôle, explique Jakub Samochowiec: «Des études ont montré que les jardins communautaires, par exemple, sont un bon moyen de nouer facilement des contacts.»

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