Procès à Genève
Peine pécuniaire sans sursis requise contre Dieudonné

L'humoriste français Dieudonné a comparu lundi devant le Tribunal de police de Genève pour discrimination raciale, injure et diffamation. Le prévenu a plaidé son acquittement. Le Ministère public a requis une peine pécuniaire de 180 jours-amende à 200 francs le jour.
Publié: 05.07.2021 à 18:00 heures
Dieudonné, ici en compagnie de son avocat Pascal Junod, a plaidé son acquittement devant le Tribunal de police de Genève.
Photo: LAURENT GILLIERON

L'humoriste français Dieudonné était poursuivi pour avoir fait dire à un personnage de son spectacle «En vérité», lorsqu'il s'était produit à Nyon (VD) et à Genève, en 2019, que «les chambres à gaz n'ont jamais existé». Aux yeux du premier procureur Stéphane Grodecki, l'humoriste a voulu discriminer les juifs en lançant cette phrase hors de tout contexte.

Une interprétation qu'a rejetée Dieudonné. Vêtu d'une longue chasuble bleue, avec le continent africain imprimé sur le devant, l'humoriste s'est dit abasourdi d'avoir été traîné devant un tribunal à cause de propos tenus par l'un de ses personnages. «Le texte n'a posé aucun problème dans toute la francophonie».

«Je ne nie absolument pas l'existence de chambres à gaz»

Ce sketch a été écrit avec Germain Gaiffe, a expliqué le prévenu. Cet homme, d'origine juive, purge une peine de 30 ans de prison pour meurtre. C'est un descendant de déportés, dont une partie de la famille a péri dans les chambres à gaz, a souligné Dieudonné M'bala M'bala.

«Je ne nie absolument pas l'existence des chambres à gaz», a souligné l'humoriste, qui a rappelé au tribunal avoir commencé sa carrière sur scène au côté d'Elie Semoun, lui-même juif. «J'ai aussi fait beaucoup de sketchs sur l'esclavage, car il faut s'amuser des choses les plus difficiles», a-t-il ajouté.

Ce à quoi Dieudonné a affirmé s'attaquer dans ses spectacles, c'est à la hiérarchisation des souffrances. «Je trouve cela indigne toute cette compétition victimaire», a-t-il relevé, ajoutant qu'il aurait aussi pu nier l'existence de la traite négrière transatlantique. «J'estime participer à un combat antiraciste et anticommunautariste».

Des poursuites pour de nombreux chefs d'accusation

Dieudonné était aussi accusé d'avoir déclaré, lors d'un spectacle à Genève, qu'il fallait dire à la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation) «d'aller se faire enculer». Le prévenu a indiqué devant le tribunal n'avoir jamais tenu de tels propos.

Pour Philippe Grumbach, l'avocat de la CICAD et du secrétaire général de l'organisation Johanne Gurfinkiel, Dieudonné M'bala M'bala est un propagandiste antisémite et antijuif qui n'en est pas à son premier coup. L'avocat a énuméré les nombreuses condamnations dont a fait l'objet l'humoriste en France.

Dieudonné était également poursuivi pour avoir diffamé M.Gurfinkiel, le traitant de menteur et de raciste, affirmant que le secrétaire général de la CICAD avait une haine envers le Noir qu'il est. Le prévenu a expliqué qu'il avait tenu ses propos après avoir été associé à des mouvements terroristes par M.Gurfinkiel.

Le représentant du Ministère public n'a pas requis une peine avec sursis à l'encontre de Dieudonné, car c'est une personne qui «se moque de ses condamnations». Il n'y a chez l'humoriste «aucune remise en question», a-t-il déploré. «La seule chose qu'il sait faire, c'est de se victimiser».

La présidente du Tribunal de police Sabina Mascotto rendra son jugement jeudi, sans la présence de Dieudonné, qui est en tournée.

(ATS)

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