Y a-t-il eu espionnage au sein des autorités fédérales suisses? Des agents érythréens auraient espionné pendant des années dans les centres d'asile suisses pour le compte du régime d'Isayas Afewerki. C'est ce que révèlent les recherches de «CH Media».
Ce sont des demandeurs d'asile érythréens qui en ont fait les frais. Ils ont notamment été intimidés par les interprètes et interrogés sur leur situation familiale.
Une personne concernée, qui a été emprisonnée et torturée dans son pays, raconte que ses proches et ses connaissances ont été visités par les autorités quelques semaines après son interrogatoire. Ils ont été interrogés et se sont fait extorquer de l'argent.
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Des procès-verbaux manipulés
Il est également question de procès-verbaux manipulés. Les interprètes n'auraient pas retraduit les procès-verbaux, ce qui aurait empêché les demandeurs d'asile de contrôler leurs déclarations enregistrées. Dans certains cas, les agents érythréens auraient ainsi provoqué le rejet de demandes d'asile et obtenu le renvoi d'Érythréens persécutés politiquement.
Un réfugié érythréen vivant aujourd'hui en Suisse témoigne du fait que des interprètes suspects sont effectivement arrivés en Suisse dans le cadre d'une action orchestrée par l'État érythréen. Lui-même aurait formé plus de 1500 interprètes pour de telles missions lorsqu'il travaillait pour le gouvernement érythréen. Il aurait rencontré certains des interprètes qu'il avait formés à l'école des agents après sa fuite – et ce dans des centres d'asile suisses.
Une chasse aux espions difficile
Le soupçon que des agents érythréens sévissent au sein des autorités locales existe depuis longtemps. En 2015 déjà, le Conseil fédéral admettait que ce doute dépassait les possibilités du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) de démasquer les informateurs parmi les interprètes.
Interrogé par «CH Media», le SEM a toutefois indiqué qu'il prenait les reproches au sérieux et qu'il avait tout intérêt à enquêter sur ces cas le plus rapidement possible. Il recommande aux Erythréens qui seraient tombés dans les griffes des interprètes de se rendre à la police.