Les emballages plastiques ont une mauvaise réputation. Ils nécessitent beaucoup de pétrole brut à la production et génèrent des montagnes de déchets. L'industrie propose de plus en plus de solutions: des produits réutilisables, les emballages PET recyclés et le plastique bio. Ces alternatives rencontrent ainsi un grand succès auprès des consommateurs.
Seulement voilà, les emballages contiennent souvent de nombreuses substances chimiques douteuses. Nombre d'entre elles sont soupçonnées d'être cancérigènes ou de nuire à l'équilibre hormonal. S'il n'y a pas de danger immédiat, les conséquences à long terme font toujours l'objet de débats. La toxicologue environnementale Jane Muncke, directrice de la fondation suisse Food Packaging Forum (FPF), avertit: «Les prétendues solutions ne font qu'aggraver le problème des produits chimiques.»
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Le recyclage du plastique, un risque potentiel pour la santé
Les produits en plastique «durables» sont donc controversés parmi les spécialistes. «Les bouteilles en PET ne peuvent en fait pas être recyclées durablement. Le recyclage a pour effet d'augmenter la quantité de substances dangereuses dans les aliments. En fin de compte, le PET recyclé est simplement un instrument de marketing. C'est inquiétant pour notre santé», explique la directrice de FPF. Des produits chimiques dangereux peuvent également se retrouver dans le bioplastique: «Avec les emballages compostables, les substances toxiques sont ensuite libérées dans l'environnement.»
En outre, les plastiques peuvent également absorber de nouvelles substances pendant leur utilisation. C'est le cas de la vaisselle en plastique ou des tupperwares: «De ce point de vue, le plastique réutilisable est inacceptable. Par exemple, des composants du produit vaisselle peuvent s'y déposer», explique Jane Muncke.
Dans le cas des barquettes réutilisables qui circulent entre les restaurants et les consommateurs, il n'est en outre jamais possible de suivre tout ce qui y est stocké. À cela s'ajoute le microplastique: «Il est émis par tous les matériaux plastiques. Les effets sur la santé sont encore en grande partie inconnus.» De nombreux consommateurs, mais aussi des spécialistes, ne sont toujours pas conscients des problèmes.
Des milliers de produits chimiques, peu de contrôle
En tant qu'organisation de recherche indépendante, le FPF travaille avec des scientifiques du monde entier. Il tient une liste des produits chimiques trouvés dans les matériaux qui entrent en contact avec les aliments. Jusqu'à présent, plus de 3000 substances ont été enregistrées, et seulement un tiers d'entre elles étaient déjà connues dans la fabrication d'emballages.
Pourquoi tant de produits chimiques se retrouvent-ils dans notre alimentation? Les fabricants ne savent souvent pas eux-mêmes s'ils utilisent des substances dangereuses. De plus, beaucoup d'entre elles se retrouvent involontairement dans le produit. «C'est difficile à contrôler. En Suisse, il n'y a pas d'obligation de déclaration directe», explique Jane Muncke.
L'association de recyclage ne voit pas de problème en Suisse
Y a-t-il donc un angle mort en matière de sécurité chimique? En Suisse du moins, le recyclage du PET est fortement réglementé et surveillé, fait savoir l'association professionnelle PET-Recycling Schweiz sur la demande de la rédaction: «C'est pourquoi de nombreuses études étrangères ne sont pas applicables telles quelles à la Suisse.» Il existe en Suisse deux installations de recyclage pour les bouteilles en PET, dont la qualité est contrôlée par des laboratoires internes et externes.
Mais cela a aussi pour conséquence que chaque année, plus d'un quart des bouteilles en PET collectées sortent du circuit et sont utilisées pour des produits non alimentaires. «Même si nous le souhaitions, un circuit complètement fermé ne sera jamais possible. Et ceci même pour d'autres emballages», explique PET-Recycling Schweiz.