Le Tribunal pénal fédéral a interrogé mardi l'un des deux prévenus dans le procès 1MDB. Ce ressortissant hevético-britannique a répété sa conviction que le fonds souverain et son partenaire Petrosaudi étaient des émanations des Etats malaisien et saoudien.
Mince et élégant, le prévenu a expliqué qu'il habitait en Suisse avec sa famille. Il n'a pas de revenu dès lors qu'il ne peut pas travailler dans la finance tant que ce procès n'est pas terminé et qu'il ne sait rien faire d'autre. Sans revenus – il devrait bientôt toucher les loyers d'un immeuble à Londres, il est soutenu financièrement par sa mère.
Entré chez Petrosaudi à «l'automne 2009», l'homme a insisté sur les liens entre cette société et la famille régnante en Arabie saoudite. Ainsi, le capital était détenu à égalité entre le prince Turki, l'un des fils de feu le roi Abdallah, et le second accusé, un Genevois d'origine saoudienne. Ce dernier aussi aurait été très introduit auprès de la famille royale.
Interrogé sur les activités de Petrosaudi, l'homme d'affaires a expliqué que cette société basée à Genève était considérée comme un partenaire très fiable par l'entreprise dans laquelle il travaillait auparavant. Bien que privée, la firme avait ses entrées auprès d'acteurs importants du secteur en raison de sa proximité avec l'Arabie saoudite.
Peu d'activités réelles
Tout au long de ses déclarations, l'accusé a tenté de battre en brèche la thèse du Ministère public de la Confédération (MPC). Pour l'accusation, Petrosaudi n'avait pas d'activité notable avant la conclusion de la joint-venture qui a abouti au détournement de 1,8 milliard de dollars avec le fonds souverain malaisien 1MDB.
La Cour des affaires pénales a tenté de comprendre pourquoi les partenaires étaient si pressés de conclure, entre la rencontre entre le prince Turki et le Premier ministre malaisien de l'époque Najib Razak à mi-août 2009 sur le yacht Alfa Nero au large de Cannes et la fin septembre. Seule explication fournie, cela répondait à un désir «d'en haut». Mais on ne saura pas de qui.
Le président a passé en revue les échanges de mails entre le prévenu et les autres participants aux négociations avec 1MDB. Pour certains, l'intéressé a invoqué sa mémoire défaillante, 15 ans après les faits. Pour d'autres, son ignorance: «L'acte d'accusation mentionne beaucoup de choses dont je n'ai pas idée.»
Concernant les différentes adresses utilisées, parfois très brièvement, par les différents protagonistes ou leurs noms de code, il s'agirait «d'une pratique courante dans les affaires».
Droits fictifs
Le tribunal s'est penché sur l'évaluation du champ pétrolier Serdar III au Turkmenistan. Ce sont ces droits d'exploitation qui ont été apportés par Petrosaudi dans la joint-venture, alors que 1MDB contribuait par des liquidités. Or Petrosaudi n'a jamais finalisé l'acquisition de Serdar III. En revanche, Petrosaudi a acquis la maîtrise des fonds versés à la joint-venture.
Le prévenu a insisté sur les évaluations variables dans le domaine pétrolier. Petrosaudi aurait passé un «accord exclusif de négociations» avec le groupe canadien propriétaire des droits sur Serdar III. Pour mémoire, cette zone était et est toujours l'objet d'un conflit frontalier entre le Turkmenistan et l'Azerbaïdjan et n'est pas exploitée à ce jour. La résolution du conflit aurait multiplié la valeur des droits.
(ATS)