Premier émeutier Covid condamné
«J'ai une aversion pour la police»

Las des confinements, des centaines de jeunes saint-gallois se sont déchaînés au printemps dernier, enfreignant les mesures sanitaires pour faire la fête et se livrant à de violents combats de rue avec la police. Le premier d'entre eux comparaît en justice.
Publié: 10.12.2021 à 06:11 heures
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Hors de contrôle, des centaines de jeunes s'en prennent à la police saint-galloise le Vendredi saint 2021.
Photo: keystone-sda.ch
Marco Latzer

C'est un Vendredi tout sauf saint qui s'est déroulé à Saint-Gall ce printemps. Des centaines d'adolescents et de jeunes adultes occupent la rue. Face à eux: un important dispositif policier, contre lequel ils s'en prennent à coup de pétards, de cocktails Molotov, de pierres et de bouteilles. Une nuit d'émeutes sans précédent dans cette petite ville de Suisse orientale. Les jeunes émeutiers n'en peuvent plus d'un confinement qui s'éternise, ils ont voulu faire la fête au mépris des restrictions en vigueur.

Le débordement a lieu à l'issue d'une semaine marquée par les confrontations avec les forces de l'ordre. La police était déjà intervenue dans un parc public, les Drei Weieren, pour disperser une fête sauvage. Furieux, de petits groupes s'étaient alors lâchés dans la vieille ville, brisant de nombreuses vitrines. Par la suite, un appel sur les réseaux sociaux invitait à une grande fête illégale au centre-ville de Saint-Gall pour le Vendredi saint.

«Ça a tout simplement dégénéré!»

Ce soir-là, la violence atteint son paroxysme. Des affrontements éclatent. Les forces d'intervention ripostent par des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Le coût des dégâts matériels engendrés: environ 150'000 francs. «Nous avons déposé 35 plaintes», déclare Roman Kohler, porte-parole de la police municipale de Saint-Gall, à la suite des incidents.

L'une d'entre elle vient d'aboutir à une condamnation: Fabian N:* a 20 ans et vit dans une commune en banlieue de Saint-Gall. Ce soir là il était, selon ses propres dires, «en première ligne». Nous avons pu consulter son ordonnance pénale. Selon son témoignage, si tout est allé trop loin, c'est en partie à cause de la police: «La situation a tout simplement dégénéré ce soir-là. Si la police nous avait laissés faire, il se serait certainement passé moins de choses».

Arrêté lors de l'émeute

Selon le Ministère public, Fabian N. s'était d'abord fait remarquer en lançant une pierre en direction des forces de l'ordre. Puis, à 23h51, il a renversé deux poubelles près de la gare centrale, avant de tenter de mettre le feu à un objet en plastique dans un passage souterrain.

«Il se passait enfin quelque chose dans la région, c'est pourquoi je suis allé à Saint-Gall ce soir-là», se souvient le condamné. Il n'avait pas vraiment l'intention de participer à des émeutes. Mais il concède: «j'ai une aversion personnelle pour la police. Cela s'est simplement envenimé».

Fabian N. prend une amende avec sursis

Le jeune homme a déjà deux condamnations préalables: une pour violation grave du code de la route et une infraction à la loi sur les armes. Il estime que ses difficultés personnelles et sa situation de vie l'ont mené à cette émeute. «Je ne maîtrisais pas ma vie. Je n'avais pas de travail et de mauvaises fréquentations. Il y avait de la frustration et du stress partout». Le Saint-Gallois est en train de se faire vacciner afin de pouvoir à nouveau sortir en toute tranquillité.

Le tribunal l'a condamné pour dommages à la propriété, violation de propriété ainsi que violence et menace contre les autorités et les fonctionnaires. Il a également violé une expulsion de la ville, promulguée après cette nuit du Vendredi saint, en réapparaissant à Saint-Gall la semaine d'après. Il écope d'une amende de 800 francs pour ses actes, doit payer 800 francs de frais supplémentaires et encaisse une amende de 12'000 francs avec sursis avec une période probatoire de deux ans.

«Je ne ferai plus rien à l'avenir», promet Fabian N. Et d'ajouter: «Cette nuit d'émeute m'a coûté cher». Il doit en effet s'acquitter de surcroit d'une créance civile de 5000 francs auprès des CFF pour les dommages engendrés sur leur site.

* Nom modifié

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