Pour respecter l'environnement
Interdire le commerce du charbon en Suisse? Une pétition le demande

Les entreprises suisses continuent de commercer du charbon, une source d'énergie néfaste pour le climat, en ignorant les conséquences du réchauffement. Cela pourrait bien changer avec cette pétition.
Publié: 08.07.2023 à 09:47 heures
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Dernière mise à jour: 08.07.2023 à 17:06 heures
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L'ONG Public Eye demande l'interdiction du commerce du charbon à partir de 2030. Sur la photo, une mine et une centrale électrique en Allemagne.
Photo: imago images / Jochen Tack
Dominique Schlund

En Suisse, la combustion du charbon pour la production d'énergie est presque négligeable, représentant moins de 1% de l'énergie totale. Cependant, le changement climatique ne connaît pas de frontières nationales. Lorsqu'on prend en compte les émissions indirectes liées à notre pays, la situation est différente. Si toutes les quantités de charbon extraites et négociées par les entreprises suisses étaient brûlées, cela dépasserait même les émissions annuelles de CO2 des États-Unis.

Les négociants en matières premières des entreprises suisses exploitent des mines de charbon à travers le monde, engendrant d'énormes émissions. L'organisation non gouvernementale Public Eye souhaite mettre fin à cette situation en lançant une pétition demandant l'abandon total du commerce du charbon par la Suisse d'ici 2030. Plus de 25'000 personnes l'ont déjà signée.

500 millions de tonnes de charbon par an

Chaque année, environ 500 millions de tonnes de charbon sont extraites dans des mines exploitées par des entreprises suisses, représentant 40% du commerce mondial du charbon. Public Eye souligne le rôle important de la Suisse en tant que plaque tournante du négoce des matières premières et appelle à des mesures plus ambitieuses pour atteindre les objectifs climatiques.

En 2022, huit milliards de tonnes de charbon ont été extraites dans le monde, atteignant ainsi un niveau record. Cela est en contradiction avec les objectifs climatiques de l'Accord de Paris. Outre l'impact considérable du charbon sur le climat en tant que source d'énergie, son extraction est souvent associée à de graves violations des droits de l'homme et à des dommages environnementaux.

Beaucoup d'argent avec peu de personnel

La Suisse est un acteur majeur dans le commerce mondial des matières premières, gérant environ 35% du commerce mondial du pétrole et même 60% du commerce mondial de l'acier. Cette activité génère d'énormes sommes d'argent. En 2022, le secteur des matières premières a contribué pour plus de 10% au produit intérieur brut (PIB) suisse, soit environ 80 milliards de francs.

Malgré ces chiffres impressionnants, le nombre d'employés dans le secteur des matières premières est relativement faible, avec seulement environ 10'000 personnes travaillant pour les quelque 1000 entreprises de matières premières domiciliées en Suisse.

Les banques en profitent également

Les recherches de Public Eye révèlent que 245 entreprises suisses participent au commerce du charbon, principalement des géants des matières premières tels que Glencore ou Adani, basés à Zoug et à Genève. Le secteur financier suisse est également impliqué en fournissant des fonds aux entreprises de matières premières pour le développement de projets liés au charbon.

Entre 2016 et 2022, les banques suisses auraient accordé des crédits d'un montant de 3,15 milliards de francs au secteur du charbon, avec la participation du Crédit Suisse, de l'UBS, de diverses banques cantonales et de la Banque nationale suisse (BNS).

La politique est divisée

Les opinions politiques sur la question sont divisées. Au sein du parti PLR, certains craignent que l'interdiction du commerce du charbon affaiblisse l'économie suisse sans réduire les émissions, soulignant la demande continue de charbon dans de nombreux pays développés. Public Eye réfute ces arguments, affirmant que la Suisse reste une destination attractive pour les négociants en matières premières et que très peu d'entreprises quitteraient le pays en raison d'une interdiction du charbon.

Le parti socialiste (PS) soutient l'initiative de Public Eye, soulignant la responsabilité particulière de la Suisse en tant que plaque tournante des matières premières et la nécessité de réguler l'offre de charbon ainsi que la demande de celui-ci.

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