Lutte contre le réchauffement
Les vaches suisses sont nourries au charbon pour sauver la planète

Plus de dix pour cent des émissions de gaz à effet de serre en Suisse sont imputables à l'élevage de bétail. Des agriculteurs estiment avoir trouvé la solution: ils nourrissent leurs animaux avec du charbon végétal.
Publié: 05.10.2021 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 05.10.2021 à 10:04 heures
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L'élevage de vaches et de bétail que nous exploitons pour leur viande et leur lait est responsable de plus de 10% des émissions de gaz à effet de serre en Suisse.
Photo: swiss-image.ch
Katja Richard

C’est un fait désormais assez connu: lorsqu’elles pètent, rotent, digèrent et défèquent, les vaches que nous élevons pour leur viande et leur lait libèrent du méthane dans l’air. Leur fumier contient de l’ammonium, duquel peut s’échapper de l’ammoniac nocif. Au total, 14% de l’ensemble des gaz à effet de serre proviennent de l’agriculture, et sur ces 14%, moins de 10% sont dus à la consommation d’énergie. C’est la digestion du bétail qui pollue le plus à hauteur de 46% des émissions totales de l’agriculture.

Pour lutter contre ces émanations, les agriculteurs suisses ont décidé d’avoir recours à un remède déjà utilisé chez l’homme pour lutter contre les ballonnements: le charbon végétal. «Il y a dix ans, presque personne ne s’y intéressait, mais aujourd’hui, nous allons bientôt en fournir à 1000 agriculteurs», affirme Fredy Abächerli.

L’ingénieur agronome est à la tête de Verora, une entreprise d’agriculteurs zougois qui transforme les déchets verts, les coupes d’arbres et d’arbustes en produits respectueux du climat comme du charbon végétal. Parmi ces agriculteurs on retrouve Franz Keiser, de Neuheim. Il s’est inspiré d’une vieille technique d’Amérique du Sud: les populations indigènes de la région amazonienne ajoutaient du charbon de bois à leur sol pour renforcer la couche d’humus fertile.

Mélanger du charbon de bois avec le fourrage

Là-bas, le charbon végétal est mélangé à l’alimentation des vaches. Il facilite la digestion de ces dernières et se lie aux toxines. Le grand-père de Franz Keiser utilisait déjà le charbon de bois lorsque ses vaches avaient la diarrhée. «Les connaissances sur les avantages du charbon végétal sont anciennes, mais son efficacité sur la protection du climat ne fait l’objet que de recherches récentes», explique Fredy Abächerli, qui participe aux études menées par Agroscope, un institut de recherche de l’Office fédéral de l’agriculture.

En mangeant du charbon végétal, les vaches réduisent donc les émissions de CO2 dans l’air. Grâce à l’action du charbon pendant le processus de digestion, le carbone non digéré termine dans le sol plutôt que dans l’air. Cela permet également de fertiliser les prairies. Cela est bénéfique pour le sol puisque le carbone végétal favorise la prolifération de microbes bénéfiques au terrain. Selon les agriculteurs, avoir recours au charbon végétal permet également de réduire les mauvaises odeurs d’ammoniac et de méthanes dans les exploitations.

Moins de pets, plus de bienfaits

De plus, comme le bois de l’usine des Keiser est carbonisé de manière écologique au lieu d’être brûlé, 50% du carbone est restitué au sol. Cela présente de multiples avantages: les déchets de bois sont utilisés à bon escient, le climat est préservé et la qualité des champs est améliorée. Le charbon végétal soulage également la digestion des vaches. Cet ensemble de raisons devrait pousser les agriculteurs à se servir de plus en plus de cet élément naturel.

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