Pour l'élu UDC André Pfeffer
«L'aide sociale est devenue un arrosoir social aujourd'hui à Genève»

Le nombre de personnes au bénéfice de l'aide sociale au bout du Léman a augmenté de 76% en dix ans seulement. Pour le député UDC André Pfeffer, c'est (entre autres) la faute des frontaliers. Interview.
Publié: 23.03.2023 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 23.03.2023 à 08:05 heures
Pour faire baisser le nombre de personnes à l'aide sociale à Genève, l'UDC André Pfeffer préconise plus de contrôles des frontaliers. (Image d'archives)
Photo: UDC Genève
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

En termes de «dèche», Genève arrive en deuxième position sur le palmarès suisse. Juste après Neuchâtel. Si l’on en croit les dernières statistiques d'aide sociale par canton, du moins.

L’élu UDC au parlement du bout du Léman André Pfeffer veut (vraiment) que ça change. Pour y parvenir, il a œuvré au sein d'un groupe de parlementaires — chargés de faire l'état des lieux en la matière. De la gauche à la droite, les avis de ces députés divergent, quand on parle solutions.

Mais tous s'accordent pour dire que Genève connaît un problème de précarisation. Les chiffres montent crescendo. En dix ans, le nombre d’inscrits à l’Hospice général (toutes catégories confondues) a par exemple augmenté de 76%. Côté associatif aussi, on tire la sonnette d'alarme: les Centres sociaux protestants romands, par exemple, se disent débordés.

Comment y remédier? Faute de compromis entre les bords politiques, rien n'est encore décidé, au Grand Conseil. En attendant, André Pfeffer, lui, préconise plus de contrôles. Et une priorité à l'emploi pour les Genevoises et les Genevois. Il nous explique pourquoi.

Est-ce que Genève est devenu un canton d’assistés?
Non, quand même pas (rires). Pas encore, du moins.

Pourtant, l'aide sociale a littéralement explosé ces dix dernières années. Comment l'expliquer?
Le vrai problème, c'est qu'en réalité, on ne le sait pas. Et Genève ne veut pas le savoir! Lorsqu'on pose la question, l'explication officielle de l'État est la suivante: si à Zurich, et en suisse alémanique en général, il y a deux fois moins de personnes à l'aide sociale, c'est parce que ce sont les communes qui la distribuent. Conséquence: il y aurait davantage de stigmatisation envers ces personnes, faute d'anonymat. Et donc moins d'assistés sociaux. C'est un peu léger, comme explication, je trouve.

Et vous, quelle est votre hypothèse?
En l'absence d'études précises sur le sujet, il est difficile d'être catégorique. Mais je pense que le problème, c'est plutôt le fait que l'aide sociale est aujourd'hui devenue un véritable arrosoir social. La population genevoise a augmenté de 9% ces dix dernières années. Sur le même laps de temps, les frontaliers sont, quant à eux, passés de quelque 39'000 à environ 105'000. Résultat: les genevois sont en concurrence avec ces personnes, dont le coût de la vie est bien moins élevé, en France voisine, et qui acceptent donc des salaires plus bas…

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«Il y a du travail. Il faut juste le donner en priorité aux résidents du canton»
André Pfeffer
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Alors c'est la faute des Français et des Vaudois, qui volent le travail des Genevois?
C'est plus compliqué que ça. Je ne dis pas qu'il faut fermer les douanes, ce ne serait pas viable pour Genève. Mais il est vrai que, si nous ne voulons pas que le nombre de personnes à l'aide sociale progresse beaucoup plus vite que le nombre total d'habitants, nous devons contrôler davantage nos frontières. Et favoriser les résidents locaux sur le marché de l'emploi. Aujourd'hui, à Genève, pour approximativement 15'000 chômeurs, il y a 30'000 postes vacants annoncés. Ça veut dire qu'il y a du travail. Il faut juste le donner en priorité aux résidents du canton.

Le Département de la cohésion sociale (DCS) est aujourd'hui à gauche, sous l'égide du socialiste Thierry Apothéloz. Si on donnait les clefs de la maison à l'UDC, ça donnerait quoi?
Nous commencerions par jeter un œil plus attentif à qui passe la porte du canton. Je pense que cela permettrait à beaucoup de Genevoises et de Genevois qui auraient perdu leur travail d'en retrouver un, sans tomber à l'aide sociale. Puis, il y a les jeunes: 67% des 18-25 ans qui sont à l'aide sociale n'ont pas de formation professionnelle. C'est absolument dramatique. L'UDC ciblerait également cette problématique-là en priorité.


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