La décision a choqué le monde – du moins une grande partie de celui-ci. La Cour suprême des Etats-Unis a annulé cette semaine un principe vieux de 50 ans qui permettait désormais aux Etats américains de criminaliser l’avortement. Ce verdict historique a été rendu principalement parce que l’ancien président américain Donald Trump est parvenu, durant son mandat, à doter la cour de membres conservateurs.
En l’espace de quelques jours, des interdictions étendues de l’avortement sont déjà entrées en vigueur dans plusieurs Etats. Dans des Etats comme l’Arkansas, le Kentucky ou la Louisiane, l’avortement n’est désormais plus autorisé – même en cas de viol ou d’inceste.
Une campagne «Pro Choice» prévue
Ce retour à des temps considérés comme révolus dans les démocraties occidentales libres fait également peur aux femmes dans d’autres pays – en Suisse par exemple. La tendance à discuter à nouveau du droit à l’avortement se fait également entendre dans notre pays. L’association faîtière des femmes suisses Alliance F est alarmée. L’organisation prépare donc une campagne politique consacrée au thème «Pro Choice», c’est-à-dire au droit des femmes de décider elles-mêmes d’une éventuelle interruption de grossesse.
Le lancement de la campagne est prévu pour la fin de l’année, comme le confirme l’association au SonntagsBlick. L’objectif est de mettre l’accent sur l’autodétermination des femmes et de la renforcer. «Malheureusement, il y a actuellement des tendances qui la remettent en question», explique la coprésidente d’Alliance F, Kathrin Bertschy.
Attention aux initiatives suisses contre l'avortement
Fin 2021, deux initiatives populaires ont été lancées en Suisse par la droite conservatrice, qui veulent soumettre l’avortement à davantage de conditions. La première initiative «La nuit porte conseil» demande que les femmes respectent un délai de réflexion d’un jour avant d’interrompre leur grossesse. La deuxième, «Sauver les bébés viables», veut interdire l’avortement à partir du moment où un enfant pourrait naître prématurément et survivre hors du ventre de sa mère en recourant à des mesures médicales intensives. Les initiants fixent cette limite à la 22e semaine. Aujourd’hui déjà, les interruptions de grossesse après la 12e semaine ne sont autorisées que si la vie et la tranquillité d’esprit de la mère sont menacées, ou si l’enfant est handicapé.
Certes, les initiatives n’ont guère de chances d’aboutir, notamment parce qu’aucun grand parti ne les soutient. Mais il ne fait aucun doute, du moins pour Alliance F, qui représente les intérêts de quelque 400’000 Suissesses, que le droit à l’autodétermination des femmes doit être défendu par tous les moyens. Ce sont en effet les associations féminines et les organisations qui ont précédé Alliance F qui ont contribué en Suisse depuis 2002 à ce que l’avortement soit décriminalisé durant les 12 premières semaines de la grossesse.
(Adaptation par Lliana Doudot)