Pollution lumineuse des firmes
Le Jura veut que les entreprises rendent la nuit à la population

Le canton du Jura s'est intéressé aux enseignes publicitaires et a répertorié plus de 200 éclairages pouvant potentiellement être éteints au cœur de la nuit. Les autorités travaillent au corps les privés pour les sensibiliser à la pollution lumineuse. Un travail payant.
Publié: 28.07.2021 à 17:00 heures
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Dernière mise à jour: 28.07.2021 à 17:18 heures
Depuis 2019, le Jura a fait de la pollution lumineuse une thématique forte.
Photo: D.R.
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Le Jura est en guerre contre la pollution lumineuse. Après avoir examiné ce qu’il pouvait faire pour limiter l’éclairage public, le Canton a identifié plus de 200 enseignes publicitaires ou vitrines commerciales qui pourraient potentiellement être éteintes la nuit, annonce-t-il en substance dans un communiqué envoyé ce mercredi. Ce sont les éclairages privés, cette fois, qui ont fait l’objet d’une démarche inédite.

Les autorités ont pris langue avec les principaux concernés et ont lancé une démarche d’incitation à l’extinction des lumières. But de l’opération: protéger la biodiversité et réduire les nuisances pour la population jurassienne.

Un cadre déjà strict

«Actuellement, le Canton n’accepte plus la pose de nouvelles enseignes qui resteraient allumées après 22h, hormis lorsqu’une utilisation commerciale nocturne des lieux le justifie (stations-service, bancomats, bars, etc.)», précisent les autorités jurassiennes. Mais cette décision ne règle pas les cas antérieurs. Fin juin, l’Office de l’environnement a envoyé un courrier à tous les détenteurs des éclairages identifiés pour les inciter à éteindre dès 22h. «Une démarche volontaire doit déjà permettre une réduction notable des éclairages nocturnes», estiment les autorités.

Si un bilan de cette phase d’incitation sera mené en 2022, plusieurs constats s’imposent déjà. «Au total, je dirais qu’une trentaine de firmes ont réagi à notre courrier, assure à Blick Patrice Eschmann, chef de l’Office de l’environnement. Certaines pour dire qu’elles avaient directement pris des mesures, d’autres pour signifier qu’elles étaient plus réfractaires.» Mais, globalement, «l’impact est positif», analyse-t-il.

Aux entreprises qui demandent des informations complémentaires aux autorités, Patrice Eschmann rappelle qu’il s’agit pour l’instant d’une incitation. «Personne n’est forcé d’éteindre et les gens le comprennent bien, salue-t-il. Il ne s’agit pas non plus de plonger dans le noir les commerces qui auraient vraiment besoin d’éclairage. Nous voulons discuter et collaborer sur le long terme avec les concernés.»

Une première en Suisse?

Depuis 2019, le Jura a fait de la pollution lumineuse une thématique forte. L’ampleur de cette démarche cantonale adressée à des privés serait d’ailleurs inédite en Suisse, même si des villes pionnières comme Yverdon-les-Bains (VD) se sont aussi saisies de la problématique. «Je n’ai pas connaissance d’autres cantons qui s’attaqueraient aux réclames lumineuses et aux vitrines», relate Patrice Eschmann.

D’après la «RTS», le procédé jurassien est effectivement une première à ce niveau dans le pays. À Schaffhouse, les Verts avaient tenté le coup. «Mais leur initiative visant à réduire considérablement la pollution lumineuse avait été refusée en votation populaire le 13 juin», rappelle notre confrère.

Retour dans le Jura. Les autorités cantonales insistent: «À l’heure du réchauffement climatique et de l’érosion de la biodiversité, des mesures concrètes sont en effet nécessaires et attendues par la population.» Dont acte.

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