A Berne, dans la bataille contre le Covid-19, des chercheurs ont frappé un gros coup. Ils sont parvenus à cloner le coronavirus et à développer un variant non contagieux de ce virus en laboratoire. Il s'agit d'une percée importante pour la science, car les laboratoires de haute sécurité ne seront plus les seuls à pouvoir travailler sur le coronavirus, ce qui permettra une plus grande intensité de la recherche sur le Covid-19.
L'équipe dirigée par Volker Thiel, chef de l'Institut de virologie et d'immunologie et professeur à l'Université de Berne, a pu supprimer le gène spike, c'est-à-dire que le virus ainsi modifié ne peut plus s'accrocher à d'autres cellules et provoquer des chaînes d'infections. «Nous avons arraché les dents du tigre, pour ainsi dire», a imagé le professeur auprès de la chaîne de télévision locale suisse «Tele Bärn».
La fin des laboratoires de haute sécurité
Pendant un an, l'équipe de Volker Thiel a travaillé avec des scientifiques de l'Université Rockefeller de New York pour développer ce variant à l'aide d'un clone moléculaire, a décrit le professeur à Blick. Ce grand pas en avant pour la recherche sur le coronavirus va permettre à de nombreux laboratoires de se lancer à leur tour dans l'étude du coronavirus. En effet, le travail sur le Covid-19 nécessitait des mesures de sécurité strictes, qui pourront être levées: «Il n'y a pas beaucoup de laboratoires de haute sécurité dans le monde et cela limite la recherche sur le Sars-CoV-2. Les laboratoires «normaux» pourront dès maintenant faire leurs études sur ce virus inoffensif.»
Les recherches s'intensifieront en quantité, mais aussi en qualité: il n'est pas possible d'installer des équipements de grande taille et très sensibles dans les laboratoires de haute sécurité, notamment pour des raisons d'espace. Or, ces équipements sont d'une grande importance dans l'étude des mutations. Grâce au clone du coronavirus créé par la Suisse, ils pourront théoriquement être utilisés pour l'étude sur le Covid-19. Cette dernière sera toutefois soumise à condition: «Lorsqu'un tel travail se fait à un niveau de sécurité inférieur, une demande d'autorisation doit être envoyée et examinée de près par les autorités».
A l'étranger, ces recherches bernoises suscitent aussi un grand intérêt. «Nous avons déjà reçu quelques demandes de renseignements, en provenance des États-Unis et d'Europe. Le système peut être mis à disposition en utilisant de l'ADN cloné. Cela permettra ensuite à d'autres laboratoires de produire eux-mêmes la variante inoffensive.»
Développer des médicaments efficaces
Le nouveau duplicata du coronavirus permettra aux chercheurs de réaliser des tests plus facilement et de manière moins dangereuse. Il sera possible, entre autres, de déterminer la quantité d'anticorps produite par un vaccin.
Mais il pourra également être utilisé pour accélérer le développement des médicaments contre le coronavirus. «Par exemple, il sera possible d'observer la multiplication du virus inoffensif dans une cellule», explique l'immunologiste. En théorie, de nombreuses possibilités s'offrent ainsi désormais aux scientifiques. Toutefois, il y a une chose qui n'est pas possible d'étudier avec le clone suisse: la propagation du virus sur plusieurs cellules. «Qu'aucun virus infectieux ne sorte des cellules infectées touche de trop près à l'aspect sécurité», explique-t-il.