Patients Covid rapatriés en Suisse
Ils ramèneraient des germes résistants aux antibiotiques

Environ 80 patients Covid doivent encore être rapatriés en Suisse à ce jour. Mais les infectiologues craignent la présence de germes multirésistants chez la majorité de ces malades. Les hôpitaux vont devoir affronter une charge supplémentaire.
Publié: 12.09.2021 à 06:00 heures
Le rapatriement des patients Covid suisses depuis l'étranger est en cours depuis des semaines.
Photo: Keystone
Samuel Walder, Daniella Gorbunova (adaptation)

Le rapatriement de suisses souffrant de Covid depuis l'étranger est en cours depuis des semaines. Le service médical coordonné (KSD) de la Confédération rapporte que 80 patients doivent encore être transférés dans une unité de soins intensifs, et environ un cinquième a déjà été enregistré pour le transfert, selon le «Tages Anzeiger».

En plus de la surcharge liée aux augmentations de cas Covid de ces dernières semaines, les hôpitaux vont probablement devoir affronter un autre défi: les patients rapporteraient avec eux des germes résistants aux antibiotiques depuis l'étranger. Cette semaine, Swissnoso, le centre national de prévention des infections, a appelé les hôpitaux à tester immédiatement les patients rapatriés atteints de Covid pour détecter les agents pathogènes multirésistants, et à les isoler par précaution. Dans un communiqué, l'instance a déclaré: «Nous avons reçu de nombreux rapports de patients Covid-19 rapatriés depuis l'étranger et infectés par des agents pathogènes multirésistants».

Germes, bactéries et champignons résistants

Le gouvernement fédéral n'est pas le seul à être mal à l'aise face à la situation. Walter Zingg, médecin-chef du service d'infectiologie et d'hygiène hospitalière de l'hôpital universitaire de Zurich (USZ), s'inquiète. Il déclare: «Les patients rapatriés sont systématiquement testés dans notre hôpital, et nous avons déjà trouvé à plusieurs reprises des germes contre lesquels les antibiotiques habituels ne sont plus efficaces.» Les germes intestinaux, appelés entérobactéries, sont particulièrement présents.

Mais des entérobactéries n'ont pas seulement été trouvées dans les intestins - les personnes touchées en ont aussi sur la peau. En plus de ces germes intestinaux, les médecins découvrent d'autres bactéries et champignons hautement résistants contre lesquels l'antibiotique est inefficace. Jusqu'à présent, cependant, la situation en Suisse est reste relativement inoffensive.

Importé d'Italie, de Grèce et des Balkans

En comparaison internationale, la situation en Suisse est cependant sous contrôle. Philipp Jent, infectiologue à l'hôpital universitaire de Berne, déclare: «Contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays, les bactéries les plus résistantes ne sont généralement détectées ici que dans des cas isolés, ou tout au plus dans de petits foyers épidémiques.»

Dans de nombreux pays, l'utilisation des antibiotiques est très répandue. Cela conduit à la propagation d'agents pathogènes problématiques. «Toute personne qui a été hospitalisée en Inde ou en Afrique du Nord, par exemple, est pratiquement toujours infectée par des germes résistants», déclare Philipp Jent. Et il existe des pays européens qui connaissent des problèmes similaires: L'Italie, la Grèce ou les Balkans....D'où la plupart des rapatriements en Suisse ont justement eu lieu.

Isoler les patients dès que possible

Les souffrants qui sont exclusivement infectés par des germes multirésistants et qui ne sont pas malades demandent plus d'efforts. Car ils doivent être transférés dans des chambres individuelles et isolés le plus rapidement possible. L'infectiologue souligne: «Le plus important est de prévenir les épidémies à l'hôpital».

Néanmoins, des mesures de protection supplémentaires doivent être suivies dans le cadre des soins infirmiers, pour éviter que les agents pathogènes ne se propagent par contact direct ou par les instruments. «Le personnel doit changer tous ses vêtements de protection chaque fois qu'il se rend auprès d'un autre patient», explique Philipp Jent. Lorsqu'il ne s'agit «que» du Covid, par exemple, ce genre de mesures ne sont pas nécessaires. Walter Zingg, de l'hôpital universitaire de Zurich, confirme: «Les efforts et l'espace supplémentaires nécessaires sont considérables.»


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