Les CFF espéraient automatiser entièrement la ligne ferroviaire du tunnel de base du Gothard. En été, les Chemins de fer fédéraux ont cherché une «locomotive de marchandises avec équipement de bord ATO (Automatic Train Operation)». Des tests avec l'industrie ferroviaire étaient prévus.
Mais il y a quelques semaines, le CEO Vincent Ducrot et la direction des CFF ont soudainement changé d'avis. «La publication a été annulée», peut-on lire sur la plateforme d'achat Simap.
Une justification douteuse
Le retrait d'un marché public est rare. Ce qui est encore plus étonnant c'est que les CFF justifient cette révocation par «l'aggravation de (leur) situation financière». Interrogée par Blick, une porte-parole de l'entreprise précise: «Il n'y a actuellement pas assez de moyens à disposition pour de telles prestations.»
Le directeur de l'Office fédéral des transports (OFT) Peter Füglistaler avait récemment appelé la branche des TP à plus de rentabilité et d'efficacité. Il est irrité par les lamentations de la plus grande entreprise de transport suisse. «Pour nous, il n'est pas clair de savoir ce que les CFF entendent par 'goulots d'étranglement financiers'», écrit un porte-parole. Les moyens à disposition sont connus depuis quatre à cinq ans déjà.
Vives discussions au Parlement
Pourtant, l'OFT n'estime pas problématique le fait que les responsables des CFF ne priorisent plus ce projet de circulation automatique. «Comme l'ATO se base sur d'autres fonctionnalités qui doivent d'abord être développées, cette technologie n'est actuellement plus autant au centre des préoccupations», explique le porte-parole. L'OFT peut donc comprendre la «re-priorisation» du projet.
L'arrêt de ce projet devrait néanmoins donner lieu à des discussions au Parlement. En effet, les finances des CFF y font actuellement l'objet de débats animés. En décembre, le Conseil national a décidé que les CFF recevraient une «subvention unique en capital» de 1,15 milliard de francs pour réduire leur dette. Mais c'est trop pour la commission des finances du Conseil des Etats. Elle veut réduire ce montant à 600 millions de francs, soit presque de moitié.
Fin janvier, une courte majorité s'est prononcée pour que les CFF réduisent eux-mêmes une partie de l'endettement qui découle notamment de la crise du Covid-19.
Une mise en veille temporaire
La commission des transports du Conseil des Etats puis la Chambre haute se pencheront sur le dossier. Le fait que les CFF stoppent des investissements déjà planifiés devrait jouer en faveur des partisans de subventions généreuses.
Les CFF soulignent que les tests de circulation automatisée des trains ne sont pas définitivement annulés. Le groupe prévoit de poursuivre le projet «selon une procédure optimisée et avec une implication encore plus forte de l'industrie». «La suite de la procédure est actuellement en cours de clarification», précise leur porte-parole.
L'objectif à long terme des CFF reste de créer, grâce à des «essais technologiques», les bases nécessaires à la mise en place d'un environnement de travail économique, moderne et attrayant pour le «train du futur» — en collaboration avec d'autres chemins de fer en Europe.