Pas de vaccin, pas d'emploi
La clinique neuchâteloise des Cadolles n'engagera que des vaccinés

La Confédération et les cantons ne veulent pas de vaccination obligatoire pour le personnel soignant. Cela n'empêche pas la direction de la future clinique des Cadolles de poser ses conditions d'engagement en vue de son ouverture en février 2022.
Publié: 18.07.2021 à 07:40 heures
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Un grand centre médical est en cours de construction aux Cadolles, à Neuchâtel.
Photo: zvg
Fabian Eberhard, Jocelyn Daloz (adaptation)

La vaccination obligatoire du personnel soignant a été annoncée en grande pompe présidentielle par Emmanuel Macron, président de la République française. Les soignants récalcitrants risquent le licenciement s'ils ne se plient pas à cette règle d'ici au 15 septembre.

Mais la France n'est pas la seule à obliger ses infirmiers et médecins à se vacciner. Une double dose est également requise pour qui chercherait un emploi dans les soins en Grande-Bretagne, en Grèce, en Italie ou en Lettonie.

En Suisse, la Confédération tergiverse et les exécutifs cantonaux se montrent très réticents à parler de vaccination obligatoire.

La politique s'est fait devancer par le secteur privé, puisque le Centre médical de Cadolles de Neuchâtel annonçait récemment que ses «futurs employés devront présenter un certificat de vaccination. Sinon, ils ne seront pas employés.» La règle s'applique à tous, y compris au personnel administratif.

Le centre médical recrute actuellement une cinquantaine de nouveaux employés en vue d'une ouverture en février 2022. Le projet prévoit une clinique sans rendez-vous avec dix cabinets médicaux, un laboratoire, une salle de radiologie, des physiothérapeutes et des dentistes.

Le refus de vacciner est «inacceptable»

Pour la direction, il est «inacceptable» que certains membres du personnel médical refusent la vaccination Covid. «Nos patients franchiront la porte de notre établissement avec la certitude que tous les employés du centre ont été vaccinés», déclare le directeur Pascal Locatelli.

La clinique neuchâteloise a fait de la vaccination une condition lors de la signature du contrat, ce qui signifie que la décision ne devrait pas poser de problème en matière de droit du travail. Imposer un vaccin à des employés déjà sous contrat est beaucoup plus difficile pour les institution déjà établies, sauf dans des cas exceptionnels, comme par exemple si les employés ont un contact étroit avec des patients qui sont particulièrement à risque.

En Suisse, la loi sur les épidémies permet également à la Confédération et aux cantons d'imposer une vaccination obligatoire pour certains groupes de personnes, comme le personnel soignant. La condition préalable serait que la santé publique soit «significativement mise en danger» et que la population ne puisse être protégée par d'autres mesures.

La vaccination obligatoire est fondamentalement conforme aux droits de l'homme

La question de savoir si une telle vaccination obligatoire serait proportionnée dans la situation actuelle devra être examinée en cas d'urgence. La Cour européenne des droits de l'homme a récemment jugé que la vaccination obligatoire est admissible en principe et conforme aux droits de l'homme.

Pour la plupart des institutions de santé en Suisse, la vaccination obligatoire reste toutefois hors de question pour le moment.

Pour Felix Huber, président du réseau de médecins Medix, la question ne se poserait même pas: «Ce n'est pas un problème pour nos cabinets.» Une vaccination obligatoire aurait un effet contre-productif et renforcerait encore plus la résistance à la vaccination. Felix Huber ajoute: «Nous devons poursuivre la persuasion positive.»

Les associations d'infirmières se défendent

Les associations d'infirmiers et du personnel de Spitex s'opposent également à la vaccination obligatoire. Roswitha Koch, de l'Association professionnelle suisse des infirmières et infirmiers (APSI), souligne malgré tout au préalable: «Pour nous, il est très important que le plus grand nombre possible de personnes en Suisse se fassent vacciner».

Mais elle insiste sur al dimension personnelle d'une telle décision. «Nous devons informer et conseiller les gens si bien qu'ils décident de le faire volontairement».

On ne sait pas exactement combien de soignants ont été vaccinés en Suisse jusqu'à présent. Les enquêtes suggèrent que la volonté de le faire est en moyenne plus faible chez les travailleurs de la santé que dans les autres groupes professionnels. Cependant, les derniers chiffres des hôpitaux de Soleure montrent que plus de 80 % des employés ont été vaccinés.

Parmi ceux qui ont travaillé dans les services d'urgence, de soins intensifs ou de Covid ces derniers mois, près de 90 % ont été vaccinés contre le Covid, et pas moins de 92 % des médecins des hôpitaux soleurois.


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