Pas beaucoup de self-made-men
La plupart des super-riches de Suisse ont hérité de leur fortune

Les hommes et les femmes qui ont gagné leur fortune à la sueur de leur front en Suisse se font de plus en plus rares. La majorité des super-riches de notre pays ont soit hérité soit fait un bon mariage.
Publié: 19.04.2022 à 09:35 heures
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Dernière mise à jour: 19.04.2022 à 15:08 heures
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En tête du classement se trouvent toujours les frères Jonas, Peter et Mathias Kamprad (de gauche à droite), les héritiers d'Ikea.
Photo: Bilanz
Martin Schmidt

L’année dernière, la fortune des 300 personnes les plus riches de Suisse a augmenté comme jamais auparavant. Selon le classement «Bilanz», elles atteignent la somme de 821’800’000’000 francs! Si vous pensez que ces millionnaires et milliardaires ont travaillé dur toute leur vie pour se retrouver sur cette liste, vous vous trompez toutefois lourdement.

Le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF de Zurich a étudié comment les 300 personnes les plus riches de Suisse sont parvenues à leur fortune colossale, et leurs résultats peuvent paraître surprenants. Il n’y aurait que 40% de self-made-men et women si l’on en croit leurs calculs. Les 60% restants ont simplement hérité de leur famille ou ont fait un bon mariage. Les meilleures chances de rejoindre le club des super-riches se trouveraient donc dans l’ascendance et dans le choix de son partenaire.

Du plongeur au super-riche

Les frères Kamprad, propriétaires d’Ikea, ont eux aussi hérité de leur fortune. L’empire du meuble a été construit par leur père Ingvar Kamprad, mort en 2018. Ses fils Jonas, Peter et Mathias dirigent désormais l’entreprise et sont les personnes les plus riches de Suisse. Leur fortune s’élève à près de 56 milliards de francs. La femme la plus riche de Suisse, Charlene de Carvalho-Heineken, est également milliardaire par héritage. Son paquet d’actions avait une valeur de 15 milliards de francs fin 2021.

La situation est différente aux États-Unis. Sur les 400 personnes les plus riches de la liste de «Forbes», près de 70% ont acquis leur fortune par leurs propres moyens. En l’espace d’à peine 40 ans, la part des fortunes héritées a chuté de 56% à environ 30% aux États-Unis. Beaucoup plus de personnes accèdent désormais au rang de super-riches grâce à leur formation et à leurs propres capacités dans ce pays, ce qui n’est pas le cas en Suisse. Et la situation ne semble pas évoluer dans ce sens.

Les privilèges fiscaux déterminent le lieu de résidence

En Suisse, la part des plus riches qui ont hérité a oscillé entre 60 et 80% au cours des 40 dernières années, mais sans tendance claire dans une direction. Les mouvements de fortunes d’une génération à l’autre ont même diminué. Une fois qu’une famille est parvenue à se hisser dans la liste des 300 plus riches de Suisse, rien ne semble l’en détrôner facilement.

Notre pays compte aussi un nombre particulièrement élevé de milliardaires et de multimillionnaires étrangers. Ils représentent près de 50% des 300 personnes les plus riches du pays et 60% des fortunes. S’ils vivent en Suisse, c’est avant tout pour une raison: les ressortissants étrangers qui n’exercent pas d’activité professionnelle en Suisse bénéficient d’une imposition forfaitaire. La rapidité avec laquelle les riches quittent le pays prouve à quel point ils y sont attirés par les impôts. Si un canton supprime les privilèges fiscaux, 30% des super-riches prennent la poudre d’escampette.

L’année dernière, la fortune des 300 personnes les plus riches de Suisse a fait un bond de 115 milliards de francs.

(Adaptation par Louise Maksimovic)

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