Démolition approuvée: dans quelques semaines, les bulldozers entreront en action et la Christuskirche, à Hägendorf, dans le canton de Soleure, sera rasée après 87 ans d'existence. Monique Rudolf von Rohr, la présidente de la paroisse chrétienne catholique de la région d'Olten, et surtout le pasteur responsable préparent actuellement une cérémonie de déconsécration.
«Nous faisons nos adieux, presque comme à un enterrement», déclare Monique Rudolf von Rohr. Un sentiment de nostalgie se fait ressentir, la fermeture de ce lieu de culte représente également un symbole au regard d'une communauté religieuse de plus en plus réduite. Les fidèles déplorent cette disparition, mais la paroisse n'a tout simplement pas pu être maintenue face à l'ampleur des travaux à faire: «Les fissures étaient énormes, on pouvait voir l'extérieur au travers» mais les fonds nécessaires aux travaux de rénovations n'ont pas pu être récoltés.
Peu de fidèles, beaucoup de frais de chauffage
Le destin de l'église de Hägendorf n'est qu'un exemple parmi d'autres: Près de 220 églises ont déjà été vendues, utilisées différemment ou même démolies en Suisse. C'est ce que révèle la base de données sur les reconversions d'églises de l'Université de Berne. Et ce n'est pas près de s'arrêter: le nombre de départs de l'Église augmente, les lieux de culte se vident et les églises et les presbytères sont donc devenus trop grands et trop coûteux. Ces bâtiments sont pour la plupart très anciens, et rien que le chauffage coûte cher. Parallèlement, les recettes diminuent, car il y a de moins en moins de fidèles.
Dans les villes notamment, il y a tout simplement trop de lieux de culte par rapport aux nombres de fidèles. Les dernières données publiées par l'Office fédéral de la statistique fin janvier le montrent: 35,6% des Suisses ne sont plus affiliés à aucune communauté religieuse, un chiffre jamais atteint auparavant. À Bâle, la ville de la Réforme, il y a encore environ 17'500 réformés, mais près de 85'000 personnes sans appartenance religieuse.
Face à cette désertion, la Conférence des évêques a récemment publié un nouveau guide sur la manière dont les paroisses doivent procéder lorsqu'elles disposent de bâtiments trop nombreux et trop chers. «En de nombreux endroits, de solides questions se poseront dans les années à venir sur le sens et le but de la conservation des biens immobiliers appartenant à l'Eglise», peut-on y lire.
Oui pour les crèches, non pour les musulmans
La question de savoir quoi faire des bâtiments est souvent complexe: parfois, des raisons de protection du patrimoine empêchent une nouvelle utilisation ou une démolition. Et d'autres fois, ce sont les croyants eux-mêmes qui restent très attachés au lieu.
Pour les évêques, la priorité doit être donnée à des utilisations ecclésiastiques, culturelles ou sociales, comme des expositions et des concerts ou l'installation d'une crèche dans des locaux annexes. La démolition doit rester une exception et le guide ne conseille pas non plus la vente. Sans quoi il s'agirait d' utilisations «incompatibles avec l'Eglise ou ses principes éthiques».
L'utilisation par d'autres communautés pourrait également être une solution. Dans leur guide, les évêques n'incluent toutefois que les communautés chrétiennes qui ne font pas de prosélytisme. Selon le document, d'autres religions comme l'Islam ou le bouddhisme ne devraient pas y avoir accès. Il y a quelques années déjà, l'évêque de Bâle, Felix Gmür, avait déclaré lors d'une table ronde: «Je n'approuverais jamais que cette église se transforme en mosquée. Plusieurs musulmans verraient cela comme un une façon de prendre le dessus.»
Une salle d'escalade?
Des appartements, des pubs ou même une salle d'escalade: on connaît plusieurs exemples de reconversions étonnantes au Royaume-Uni. Il existe aussi des solutions innovantes en Suisse: à l'église Elisabethen, à Bâle, des soirées sont parfois organisées, et à Zurich, le Parlement a déménagé dans l'église pendant la rénovation de la mairie.
«Nous ne pourrons pas éviter la réduction de nos infrastructures, ajoute Monique Rudolf von Rohr. Avec chaque départ, chaque décès, la situation financière des catholiques devient de plus en plus difficile. En fin de compte, il est plus important d'investir l'argent dans l'accompagnement spirituel que dans les bâtiments.»
Sa paroisse se concentre désormais sur l'église de la ville d'Olten. «Nous voulons garder l'église aussi longtemps que possible», explique-t-elle. Un concept d'utilisation moderne a déjà été mis en place: Le secrétariat de la paroisse est installé dans une partie latérale de l'église, tandis que le presbytère abrite des appartements qui rapportent un loyer. L'église est utilisée par toute la ville, également pour des concerts, des tables rondes et des expositions.