Actuellement en voyage en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique, le Conseiller fédéral Ignazio Cassis n'a pas pu s'en empêcher. Il a bien essayé de se contenir pour éviter de faire preuve de trop de suissitude mais c'était trop difficile. «Je suis désolé, mais je ne peux pas accepter ce cadeau. Je ne serais pas réélu», a-t-il tenté de faire comprendre à son homologue australienne Penny Wong lors de son passage à Canberra.
Mais quelle est donc cette délicate attention qui se cache derrière ce presque incident diplomatique? Du chocolat, bien sûr! Mais du chocolat australien... qui est aux Suisses ce que le crime de lèse-majesté est aux Britanniques.
Un cadeau osé
Penny Wong, la ministre des Affaires étrangères australienne, semblait pourtant le savoir, si l'on en croit le sourire malicieux qu'elle affichait en présentant ce «cadeau osé» – des chocolats de sa ville natale – au Tessinois.
De quoi donner des sueurs froides au Conseiller fédéral, lequel a sûrement ses placards bien remplis de chocolat suisse. Face à la réticence du ministre, l'Australienne est toutefois restée ferme, comme le montre une vidéo qu'elle a postée sur Instagram. «Ce serait un affront diplomatique si vous n'acceptiez pas le cadeau», a-t-elle précisé à Ignazio Cassis, sur le ton de la boutade. Le chef du DFAE s'est prêté au jeu et a fait rire à son tour.
Maître et apprenti
Les pralines de la discorde proviennent du fabricant sud-australien Haigh. Un membre de la famille fondatrice aurait cependant fait son apprentissage chez Lindt & Sprüngli pour révolutionner l'entreprise. De quoi pardonner l'offrande? «Nous sommes convaincus que l'apprenti est désormais meilleur que le maître», a en tout cas fait valoir Penny Wong.
Réalisant le coup parfait, Ignazio Cassis a accepté le cadeau, non sans avoir glissé dans la main de la ministre un sac de chocolat suisse Lindt en retour: «Vous m'avez donné l'apprenti, je vous donne le maître», a-t-il lancé. Un esclandre diplomatique évité et une réélection assurée...