On a retrouvé Eric Stauffer
«Genève est gouvernée par des gestionnaires et des comptables!»

C'est un peu notre Trump suisse. Exilé en Valais, nous l'avons déterré en pleine période pré-électorale: l'ancien politicien Eric Stauffer, créateur du parti MCG, nous explique pourquoi il est bien content d'avoir quitté Genève. Tout en n'excluant pas un grand retour...
Publié: 29.11.2022 à 16:41 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2022 à 18:33 heures
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On a retrouvé l'ex-politicien genevois Eric Stauffer dans sa commune valaisanne d'Arbaz.
Photo: GABRIEL MONNET
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

En route pour le Valais, volant en mains et Alpes en ligne de mire, le photographe, Gabriel, me lance: «On est souvent déçus, en réalité, quand on rencontre des gens qui ont fait parler d'eux comme ça. C'est toujours moins fou que ce qu'on imagine...» Là – et on se le dira sur le chemin du retour – on a été «déçus en bien». C’était un peu fou: assez pour oser le geste délicat de l’emploi du «je» dans une interview.

Eric Stauffer fait partie des rares politiciens suisses à s'être déjà fait sortir de la salle du Grand Conseil par la police lors d'une séance parlementaire. Ou à avoir jeté un verre d'eau au visage d'un autre député. Ou à avoir démantelé un transfert subreptice de déchets toxiques en provenance de Naples vers Genève. Ou à avoir réussi à créer et faire élire un parti – l'ouvertement populiste et provocateur Mouvement citoyens genevois (MCG) – deux mois seulement avant la date butoir des élections cantonales, en 2005. Et il nous a promis quelques confessions inédites. Secrets de fabrication de la machine à provoquer qu’est (ou était, du moins) le MCG inclus.

Le personnage est un peu notre Trump Suisse avant Trump, en fait. Écarté de la vie politique genevoise en 2018, à force d’«affaires» et de controverses, l'ancien politicien nous reçoit d'abord dans son bureau, à l'aéroport de Sion, puis chez lui dans la commune valaisanne d'Arbaz, où il se niche depuis, pour faire quelques photos.

Il vient nous chercher sur le parking de l'aéroport: là où se trouve le bureau d'une de ses sociétés, qui met un petit avion à disposition des particuliers… entre autres. Il a aussi une boite de consulting. Entre autres. «Même mes proches ne comprennent pas très bien ce que je fais!», ironise le bonhomme. Avant de changer de sujet.

L’ascenseur s’ouvre. Des effluves d’encens et d’exubérance laissent présager que nous sommes au bon endroit. Dès que le pas de porte est passé, il s'allume une cigarette. Deux sculptures de léopards enchaînés nous accueillent à l'entrée, où trônent également un portrait style pop art du patron, et une manchette de la «Tribune de Genève» à son nom.

On se fraie un chemin entre les tapisseries exotiques, les statuettes bouddhistes et les petits dragons asiatiques en métal. Je ne vais pas mentir: enfant de l'est que je suis, tout ça me rappelle le terreau d'un oligarque. La clope au bec sine qua non, la grosse montre et les controverses qu'on connaît à l’homme n'aidant pas. On s'assied sur le canapé.

Monsieur Stauffer, on est venus vous voir pour vous parler politique genevoise, alors que vous êtes un exilé de la République. Pourquoi un citadin comme vous est allé s’enterrer en Valais?
Mais parce que j’ai une qualité de vie incroyable ici, regardez par la fenêtre (rires)! Et puis, vous savez, je n’ai jamais fait de la politique par intérêt personnel, je le faisais par passion. Si je ne suis pas convaincu de quelque chose, je préfère ne pas le faire. Je suis persévérant, mais pas obstiné.

Vous n’étiez donc plus convaincu par la politique genevoise, si je comprends bien. Ou peut-être est-ce elle qui n’était plus convaincue par vous. Ça ne vous manque pas un peu?
Je ne peux pas dire que la politique genevoise ne me manque pas, et je ne cache pas que j’ai déjà pensé revenir un jour. Mais il y a un temps pour tout, dans la vie – on y reviendra. Vous savez: je me suis lancé en politique il y a fort longtemps, en 1987. J’avais 23 ans, et j’ai été élu sous la bannière libérale dans la commune d’Onex. Puis, après quelques années de pause, je suis revenu en 2005, en créant le Mouvement citoyens genevois (MCG) après un bref passage à l’UDC. Donc qui sait ce que l’avenir me réserve encore.

Le Mouvement citoyens genevois (MCG) s’appelait, de base, le Mouvement blochérien genevois. Un nom pour le moins provoc’, que vous aviez rapidement changé.
Aujourd’hui, n’ayant plus d’enjeux politiques, je peux être très honnête pour la première fois. Je suis un communicateur avant tout. Créer un nouveau parti en visant la porte d’entrée la plus compliquée, à savoir le parlement cantonal, avec un quorum de 7%, c’était quasiment mission impossible. Personne l’avait jamais fait du premier coup – avant moi. Mais pour que ça marche, il nous fallait un plan infaillible.

À savoir?
J’ai créé le parti trois mois avant les élections, et je l’ai en effet d’abord nommé le Mouvement blochérien genevois. Pour la simple et bonne raison que, à l’époque, tout ce qui était face à, ou contre l’UDC était systématiquement repris par la presse. Instantanément, même – tellement tout le monde déteste l’UDC. Nous avons donc bénéficié d’une énorme couverture médiatique. C’était un coup de comm’.

La dernière fois qu’on a entendu à nouveau parler de vous, c’était pour une bisbille de voisinage dans votre commune actuelle, comme par hasard. Vous êtes un agitateur invétéré?
Non! Pas invétéré, en tout cas (rires). Je vais vous confier quelque chose: le Valais est un canton magnifique. Les gens ici sont fabuleux, très dynamiques. Sauf ceux qui n’ont pas fait la mise à jour 2.0.

Pardon?!
Je parle ici de gens jaloux, envieux, négatifs. Il y en a un certain nombre, dans ces petits hameaux valaisans. Et ça donne quelques dérapages. Ma commune fait des choses tout à fait illégales! Il faut savoir que l’un de mes voisins n’est autre que son président. Et, comme par hasard, on m’emmerde jusqu’au bout à chaque fois que je demande une autorisation de construire pour mon domaine!

En tout cas, ici ou à Genève, vous avez la langue bien pendue. Vous étiez déjà notre Trump Suisse avant Trump, non?
(Rires) Oui, c’est un peu ça, on me l’a souvent dit. Et c’est, pour moi, une comparaison assez flatteuse. L’ancien président des Etats-Unis, quand même…

Donc vous vous identifiez à lui?
Oui. Ce qu’on a en commun, c’est surtout le fait de parler sans langue de bois. Car l’un des gros problèmes de la politique de notre temps, selon moi, c’est son aspect soporifique. Un débat télévisé entre deux politiciens – de quelque bord que ce soit – est plus utile comme bruit de fond pour s’endormir, que pour savoir quoi voter, aujourd’hui. Ce qui n’est même pas une erreur de communication: pire, c’est une faute grave, d'endormir les gens!

Alors pourquoi, selon vous, les discours politiques sont devenus si chiants?
Tout simplement car les administrations publiques ont complètement déconnectées de la réalité. Et les politiques ont oublié qu’ils devaient donner le sentiment de pouvoir protéger la population: c’est aussi ce que faisait si bien Trump.

Donc être un politicien populiste, c’est se positionner comme un exubérant «petit père des peuples»?
Les gens ont surtout besoin de se sentir en sécurité, et de s’identifier à leur leader. Et pour que les gens puissent s’identifier à vous, au lieu de faire des discours politiciens et des plans sur la comète, il faut simplement venir leur expliquer que vous aussi, à la fin du mois, vous êtes dans la merde parce que vous n’arrivez plus à payer vos factures, et que les primes d’assurances sont une vraie escroquerie d’Etat. Là, Monsieur ou Madame tout le monde, qui entend ça d’une oreille depuis la télé du salon en pliant le linge, va probablement se retourner pour écouter plus attentivement, rien que par curiosité. C’est là qu’on rentre dans un système de communication concernant pour la population.

Nous sommes interrompus par un coup de fil. Eric Stauffer décroche: «Oui, oui, je ne peux pas parler tout de suite, je suis en rendez-vous. Oui, les Portugais sur Zoom, je sais. Je ferai acte de présence en fond…» Il se rallume une cigarette. «Voilà, pardon, c’était pour l’avion, une histoire de turbines. Je vous écoute.»

C’est plutôt moi qui vous écoute (rires). On disait: le populisme, vous trouvez ça génial, donc?
Je trouve que ça fonctionne, surtout! Encore une fois, à la fondation du MCG, en 2005, les journalistes m’ont collé aux baskets pendant trois mois… Un épisode de l’émission de la RTS «Temps présent», dont j’avais été le sujet à l’époque, consacre d’ailleurs cette vision. Dans l’introduction, le journaliste admet: «on pensait que c’étaient des touristes. On s’est trompés.» Le populisme, c’est avant tout refuser le jeu de la politique politicienne. C’est se positionner comme un citoyen comme les autres, et ne servir qu'un seul lobby: celui qu'est le peuple. Et ça, je pense que c’est un pari que j’ai réussi. J’ai eu des succès comme des échecs, et j'en ai toujours joué. Je me suis déjà retrouvé fiché aux poursuites, ou encore au chômage.

«
Les gens aiment élire des profils qui leur ressemblent
»

Des sujets très tabous en Suisse.
Oui, et pourtant je n’ai jamais eu honte de tout cela! Au contraire. Car, en réalité, c’est le cas de plein de gens. Et les gens aiment élire des profils qui leur ressemblent. Le populisme, à l’époque des premiers jours du MCG et aujourd’hui encore, sonne comme une insulte. Moi, j’en ai fait une marque de fabrique.

Ici, le personnage sur le canapé de son bureau.
Photo: GABRIEL MONNET

Vous avez certes laissé une marque au bout du lac. Est-ce que vous pensez que tout le monde vous déteste, à Genève?
Je ne sais pas si on me déteste. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’à l’époque, la classe politique avait peur de moi et de mes méthodes de communication. Je vais vous donner un exemple dont je n’ai jamais parlé: il y a une dizaine d’années, alors que les élèves genevois étaient derniers dans le rapport Pisa (ndlr: évaluation nationale du niveau des mathématiques à l’école) pour la deuxième année consécutive, des élus voulaient… Supprimer les notes à l’école. Réaction: je fais une affiche qui montre le conseiller d’Etat chargé de l’éducation coiffé d’un bonnet d’âne. En légende: «Pour que nos enfants ne ressemblent jamais à ça.» Ensuite, je pars en vacances une semaine. Pendant mon absence, mes petits camarades de parti se font démonter par le Conseil d’Etat. À mon retour, ils viennent se plaindre et me dire que j’ai de fait dépassé les bornes cette fois. Je leur ai répondu la chose suivante: avec cette affiche, j’espère qu’il y a 10’000 personnes qui viendront vous cracher à la figure dans la rue. Parce que ça voudra dire qu’il y en a au moins 8000 autres qui pensent que vous avez raison. Et si ces 8000 votent pour nous, on fait entrer au moins 15 députés au parlement.

Donc tout le monde vous déteste, et vous détestait déjà à l'époque, mais ce n’est pas grave, en fait.
S’il y a des gens qui vous détestent, il y a forcément des gens qui vous adorent face à eux. Le pire, pour un parti ou un politicien, c’est qu’on ne parle pas de lui – c’est l’indifférence totale.

Je suppose que vous suivez toujours la politique genevoise de près?
Bien sûr! Même si j’habitais en Australie, je la suivrais toujours.

Gabriel a capturé le domaine de Stauffer avec un drone.
Photo: GABRIEL MONNET

Médias et politiques tous bords confondus déplorent que Genève se ramollît, se sclérose, se repose sur ses «acquis»… En tant qu’observateur extérieur, vous êtes d’accord avec cette analyse?
Plutôt, oui. Et c’est principalement dû au fait que Genève a la droite la plus stupide de Suisse! Et c’est grave parce que, alors que les chiffres montrent que l’électorat, au sein de la population, est majoritairement à droite, les Genevois sont gouvernés par la gauche au niveau cantonal. Et ça, c’est à cause des querelles de clochers de la droite. Tel ou tel qui ne veut pas s’allier avec l’UDC ou le MCG, et cætera...

«
Les conseillers d’Etat actuels sont des comptables
»

Alors qu’est-ce qui manque aujourd’hui à Genève, selon vous?
Une vraie vision politique, pour commencer. Le job du conseiller d’Etat, ce n’est pas de faire le gestionnaire, le comptable. Il y en a déjà assez dans l’administration publique, de ceux-là. Ce qu’un conseiller d’Etat doit être, en revanche, c’est un visionnaire. Il doit avoir un projet de société. Vous en voyez beaucoup, vous, de projets pour Genève, aujourd’hui? Moi pas. Les conseillers d’Etat actuels sont des comptables. Ils se contentent de gérer affaires courantes. Et, grosse erreur, ils cèdent aux pressions. Donc, très concrètement, on se retrouve par exemple avec un canton qui connaît des embouteillages records: Genève, c’est tout petit, et pourtant on se croirait à Tokyo…

Votre vision politique à vous s’est surtout concrétisée en donnant naissance au parti populiste Mouvement citoyens genevois (MCG), en 2005, et qui perdure à ce jour… Sans vous. Vous n’avez pas l’impression qu’on vous a volé le projet de votre vie?
Non, parce que je suis en grande partie responsable du fait de ne plus y être. Je vous ai dit, au début de l’interview: j’ai fait de la politique par passion, pas par intérêt. J’ai fait une grande erreur avec le MCG, que j’admets volontiers: j’ai cédé à la critique. Et on me disait que le parti était trop centré sur ma personne pour pouvoir me survivre, ce qui était un problème. On m’a demandé de céder la présidence: je n’étais pas contre, j’ai cédé ma place à Roger Golay, et je ne me suis pas présenté au Conseil national, laissant la place à Mauro Poggia. C’est à partir de là que j’ai peu à peu été complètement évincé du parti. Depuis, personne n’a été capable de mettre le niveau d’énergie que j’ai mis dans ce parti.

Et Mauro Poggia, l’actuel ministre à la tête du MCG, vous en pensez quoi?
Pour moi, c’est plus un indépendant qu’un MCG. Et un opportuniste de premier plan, ce qui n’est pas une insulte dans ma bouche. Il a par ailleurs un assez bon bilan, à part pour ce qui est de la direction du département de la santé, à qui il a laissé trop de latitude… Ceux qui organisent la santé à Genève sont des abrutis. Ce secteur est complètement vérolé: sur douze établissements hospitaliers, onze sont sur la rive gauche, et un seul sur la rive droite. C’est absurde. Puis, il a manqué le coup avec les assurances maladie.

C’est-à-dire?
Lorsqu’il était député à Berne, il aurait pu en profiter pour être en politique de rupture avec ce système d’assurances complètement opaque que nous connaissons. Après tout, il a été élu grâce à sa position sur cette problématique! Mais il n’a pas eu le courage de mener ce combat sous la couple, en réalité. Depuis son élection, les primes d’assurances genevoises n’ont pas bougé d’un doigt.

Nous sommes interrompus par un autre coup de fil. «Excusez-moi, c’est Christian Constantin.» Il décroche et s’éloigne, cette fois. Nous n’interceptons que des bribes de conversation. «Non, j’le connais pas celui-là, il travaille pas chez moi, en tous cas…» Evidemment que Stauffer et Constantin sont amis, nous disons-nous du regard avec Gabriel.

Surprise: un coup de fil de... Christian Constantin.
Photo: GABRIEL MONNET

«Voilà, pardon, on peut reprendre.»

Pas de soucis, Monsieur Stauffer. Alors, dites-moi, est-ce que les frontaliers volent toujours les emplois des Genevois? C’était le grand combat du MCG, mais la question semble, aujourd’hui, passer au second plan.
Les frontaliers ne volent pas plus les emplois des Genevois qu’à l’époque. D’ailleurs, ce que le MCG a toujours défendu, ce n’est pas de fermer les frontières, mais simplement de privilégier, lorsqu’on en a la possibilité, les personnes qui résident dans le canton, peu importe leur nationalité! Mais il est vrai que cette problématique semble moins être au centre du parti aujourd’hui. Encore une fois, car le MCG manque d’un leader…

Vous ne voyez pas Philippe Morel, transfuge du PLR récemment annoncé comme candidat au Conseil d’Etat sous la bannière du MCG, comme un leader?
Non! C’est un ami: il m’a opéré deux fois. Il est très bien. Il a des idées de droite. Il est colonel à l’armée. Mais ce n’est pas un leader. Il lui manque par exemple le côté provoc' dans sa communication. J’attends d’un candidat MCG au Conseil d’Etat qu’il soit capable d’atomiser ses concurrents en expliquant les choses d’une manière brute de décoffrage, avant d’apporter des solutions.

C’est tout un art, la provoc’, en politique?
Oui! La règle d’or, c’est savoir précisément où est la limite, à partir de où on va trop loin. Et c’est une nuance compliquée, même pour moi, car ce n’est pas une constante. En réalité, ça dépend du contexte. Philippe Morel ne maîtrise pas cet art.

Eric Stauffer nous a conduit chez lui après l'interview, à bord de sa Porsche noire.
Photo: GABRIEL MONNET

Le MCG est effectivement moins dans la provocation qu’à ses débuts. Est-ce que c’est devenu un parti establishment comme un autre, au final?
Même pas… Mais il manque, encore une fois, un leader charismatique qui fasse office de moteur. Le parti n’est plus dynamique. On n’en entend même plus parler! Et l’équilibre gauche-droite que j’avais instauré au début, et qui était garant de la stabilité, s’est envolé aussi. C’est avec une certaine tristesse que je vois le MCG sombrer… Ça va être très compliqué pour eux d’atteindre le quorum de 7% (ndlr: quota nécessaire pour qu’un parti entre au parlement). On sait, historiquement, que tous les cantons ont un socle de contestataires dans l’électorat. Ce socle varie de 3% à 8%, selon comment on le stimule. Pour ces élections 2023, entre le nouveau parti de Pierre Maudet, l’UDC et le MCG, ces contestataires risquent de s’éparpiller. Conséquence pour le MCG: je vous laisse faire le calcul.

Justement, en parlant de Pierre Maudet, il vient de fonder son parti hors caste Liberté et Justice sociale. Est-il le nouvel Eric Stauffer?
Il faudrait déjà qu’il soit élu, pour cela. Et pour ce faire, il va devoir réussir un parti très compliqué: cristalliser le vote contestataire en un seul parti. Ce que j’avais réussi, à l’époque. Aussi, il a fait une erreur que je n’aurais pas faite, à la suite de «l’affaire» Maudet. Lorsque le rapport sur son voyage a fuité dans la presse – et je lui l’avait dit – il aurait dû immédiatement reprendre le contrôle de la narration de cette histoire. Moi, à sa place, dès le coup de fil du journaliste, je n’aurais même pas attendu la parution de l’article pour aller sur tous les plateaux télé le soir même et publier un communiqué de presse! C’est comme ça qu’on contrôle un incident. Mais, s’il est réélu aujourd’hui, il sera meilleur qu’à l’époque, j’en suis convaincu. Car il a appris quelque chose que seul le temps peut nous apprendre: l’expérience. Il (re)ferait un bon conseiller d’Etat.

Il a récemment fait agrandir sa terrasse.
Photo: GABRIEL MONNET

Affaires judiciaires, procédures pénales, controverses: vos histoires se suivent et se ressemblent… Ça me fait penser à quelqu’un. Quel conseil lui donneriez-vous pour ne pas finir exilé en Valais?
Oh, ce n’est pas le pire qui puisse lui arriver, de finir en Valais (rires)! Mais c’est clair que, s’il veut être réélu, il doit avant tout assumer cette condamnation du Tribunal fédéral. Et c’est possible! Moi, par exemple, j’ai été condamné pour violation du secret de fonction dans l’affaire des Services industriels (SIG) pendant mon mandat. Et je n’ai pas l’impression que la population m’en a tenu rigueur. Car je l’ai revendiqué direct! Il faut avoir un certain culot, et surtout ne pas avoir peur. C’est là que ça va se jouer pour lui.

«
Je ne ferme jamais la porte à des possibilités
»

Vos analyses vous trahissent: vous aimez toujours ça. Alors pourquoi ne pas revenir en politique à Genève?
(Rires) J’ai une qualité de vie incroyable, ici! Mais il est vrai que je ne ferme jamais la porte à des possibilités. J’observe toujours attentivement Genève, et mon ancien parti – dont je suis d’ailleurs toujours le président d’honneur. Et c’est parce que je vois le MCG se détériorer à grande vitesse que je n’exclus rien.

L'une des portes de sa propriété.
Photo: GABRIEL MONNET
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