Omicron mène la politique du Conseil fédéral dans le mur
«On ne pourra pas arrêter Omicron»

Omicron mène la politique en matière de pandémie de la Confédération dans le mur. La Suisse n'est plus seulement confrontée à une épreuve de force en matière de politique de santé. Peu à peu, l'approvisionnement se fait également rare.
Publié: 09.01.2022 à 14:21 heures
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Dernière mise à jour: 10.01.2022 à 11:18 heures
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Omicron a pris les rênes: les règles du jeu sont redéfinies dans le monde entier.
Photo: keystone-sda.ch
Sven Zaugg

Peut-on lutter contre Omicron, ou avons-nous déjà perdu la bataille? Le variant qui se répand dans le monde à une vitesse galopante met à mal les stratégies traditionnelles de lutte contre les pandémies et redéfinit en quelque sorte les «règles du jeu». Confinements sévères, tests intensifs ou interdictions strictes de contact et d'entrée dans le pays: rien ne semble pouvoir faire face à cette nouvelle vague qui ressemble à un tsunami.

Des experts en faveur d'un démantèlement des mesures de protection

«Même avec des mesures encore plus strictes, on ne pourra pas arrêter une contamination, tout au plus la retarder», observe Cornel Fraefel, directeur de l'Institut de virologie de l'université de Zurich. Même Israël, le précurseur en matière de vaccination, n'essaie plus de lutter contre Omicron, mais tente de l'intégrer dans la vie quotidienne. Cela peut-il réussir? Serions-nous proches de la fin de la pandémie?

«La variante annonce le passage à l'endémie», avançait hier l'épidémiologiste allemand Klaus Stöhr. Le spécialiste ne plaide pas pour supprimer purement et simplement toutes les mesures de protection, «mais nous devrions entamer une désescalade progressive, retirer des mesures ciblées et voir ensuite comment la situation évolue».

Beaucoup d'infections, des hospitalisations stables

Il est toutefois encore un peu tôt pour la désescalade. Selon les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), environ 30 000 personnes sont infectées chaque jour en Suisse, le nombre de cas non recensés étant probablement bien plus élevé. Face à cette hausse vertigineuse, les spécialistes estiment que dans les semaines à venir, pratiquement tout le monde en Suisse aura été en contact avec Omicron.

La bonne nouvelle, c'est que 85% de la population est soit vaccinée, soit déjà guérie. C'est la raison pour laquelle l'évolution de la maladie sera bénigne pour la plupart des personnes concernées, même si des décès ne sont pas à exclure au sein de cette frange de la population censée être protégée.

En Suisse, le nombre d'hospitalisations est actuellement stable. Même le nombre de patients en soins intensifs Covid est en légère baisse. Mais le traitement des patients atteints du Covid n'est possible que parce que les autre types d'interventions sont reportés.

Hans Pargger, directeur de l'unité de soins intensifs de l'Hôpital universitaire de Bâle

«Booster, masque, distance»

«Aujourd'hui, plus d'un tiers des lits de soins intensifs sont occupés par des patients Covid. En temps 'normal', entre les vagues de coronavirus, des patients y sont allongés après des interventions cardiaques, pulmonaires, cérébrales et autres, ou des opérations. Les patients Covid supplémentaires ne peuvent être traités que parce qu'on a réduit le nombre des autres patients. Pendant un certain temps, cela peut se faire sans conséquences graves. Mais aujourd'hui, le nombre de personnes nouvellement infectées est le plus élevé depuis le début de la pandémie. Faites-vous une faveur en cette nouvelle année: ne tombez pas malade maintenant. Ce n'est pas le bon moment. La manière dont vous le faites n'a pas d'importance: le boosters, les masques, la distance sont très efficaces. Vous pouvez aussi vous cacher. C'est vous qui décidez, vous êtes responsable de vous et des conséquences à 100%».

«Booster, masque, distance»

«Aujourd'hui, plus d'un tiers des lits de soins intensifs sont occupés par des patients Covid. En temps 'normal', entre les vagues de coronavirus, des patients y sont allongés après des interventions cardiaques, pulmonaires, cérébrales et autres, ou des opérations. Les patients Covid supplémentaires ne peuvent être traités que parce qu'on a réduit le nombre des autres patients. Pendant un certain temps, cela peut se faire sans conséquences graves. Mais aujourd'hui, le nombre de personnes nouvellement infectées est le plus élevé depuis le début de la pandémie. Faites-vous une faveur en cette nouvelle année: ne tombez pas malade maintenant. Ce n'est pas le bon moment. La manière dont vous le faites n'a pas d'importance: le boosters, les masques, la distance sont très efficaces. Vous pouvez aussi vous cacher. C'est vous qui décidez, vous êtes responsable de vous et des conséquences à 100%».

Empêcher le manque de personnel

Face à Omicron, l'objectif doit être de protéger l'infrastructure dite critique. En clair, répondre à cette question épineuse: comment éviter que tout le personnel hospitalier, tous les policiers et les pompiers, les vendeuses des supermarchés et les conducteurs de train ne soient absents en même temps? A ce titre, que prévoient les autorités pour assurer le bon fonctionnement de la vie quotidienne en Suisse? Très peu de choses. La gestion de crise n'existe que sur le papier. Et le nouveau plan d'urgence sur lequel l'administration semble plancher risque d'arriver trop tard.

Cette semaine, le ministre de la Santé Alain Berset s'est contenté d'annoncer sur Twitter que des mesures plus sévères (notamment des fermetures) seraient mises en oeuvre si elles s'avéraient nécessaires. Mais personne ne s'y attend vraiment dans les arcanes de la «Berne fédérale». Non seulement parce qu'un nouveau «lockdown» est difficile à mettre en œuvre, mais également parce qu'il ne semble pas non plus le bon moyen.

Cornel Fraefel, directeur de l'Institut de virologie de l'Université de Zurich

«On n'arrêtera pas Omicron»

«Comme le virus peut circuler malgré les contre-mesures, les personnes vaccinées et non vaccinées deviennent tôt ou tard des personnes guéries. Car la variante Omicron se propage à une vitesse fulgurante. Or, la vaccination confère une bonne réponse immunitaire contre la protéine spike du Sras-CoV-2 et est donc la principale responsable des évolutions infectieuses bénignes ou passées inaperçues. En fait, les personnes qui sont à la fois vaccinées et guéries ont une protection particulièrement bonne, y compris contre les nouveaux variants. Il existe des indices, mais pas de certitude, selon lesquels Omicron est moins dangereux que ses prédécesseurs. Il vaut toutefois la peine de se faire vacciner avant une guérison, afin de réduire le risque d'une évolution grave. Même avec des mesures encore plus strictes, on ne pourra pas arrêter une contamination».

«On n'arrêtera pas Omicron»

«Comme le virus peut circuler malgré les contre-mesures, les personnes vaccinées et non vaccinées deviennent tôt ou tard des personnes guéries. Car la variante Omicron se propage à une vitesse fulgurante. Or, la vaccination confère une bonne réponse immunitaire contre la protéine spike du Sras-CoV-2 et est donc la principale responsable des évolutions infectieuses bénignes ou passées inaperçues. En fait, les personnes qui sont à la fois vaccinées et guéries ont une protection particulièrement bonne, y compris contre les nouveaux variants. Il existe des indices, mais pas de certitude, selon lesquels Omicron est moins dangereux que ses prédécesseurs. Il vaut toutefois la peine de se faire vacciner avant une guérison, afin de réduire le risque d'une évolution grave. Même avec des mesures encore plus strictes, on ne pourra pas arrêter une contamination».

Le Conseil fédéral s'oppose à des mesures plus strictes

Mercredi, le Conseil fédéral devrait donc prolonger les mesures existantes, ni plus ni moins. L'objectif de cette stratégie est de retarder le plus longtemps possible les infections potentielles et d'aplanir ainsi la courbe. Mais il faudrait pour cela des moyens éprouvés: de nouvelles restrictions de capacité dans les restaurants, lors de grandes manifestations ou dans les supermarchés, par exemple. Mais la Confédération rechigne manifestement à prendre de telles mesures.

Les autorités ont de toute façon du mal à reconnaître que les mesures en vigueur ne permettent guère de maîtriser la vague Omicron. Cette semaine, la cheffe de l'OFSP, Anne Lévy, soulignait avec originalité sur les ondes de la SRF que «la stratégie est définie depuis longtemps». Seulement voilà, Omicron a tout chamboulé. C'est d'autant plus regrettable que nous avions toutes les cartes en mains. Mais la campagne autour de la troisième dose a démarré en retard et, de surcroît, à la vitesse de la tortue. La semaine de vaccination, qui a coûté des millions, s'est quant à elle soldée par un échec...

Au moins, la marche à suivre en matière de tests est désormais ajustée pour éviter un effondrement des laboratoires. Il n'est plus nécessaire de confirmer un test antigénique positif par un test PCR plus précis. En outre, l'OFSP a recommandé aux cantons de fixer des priorités en cas de pénurie. En premier lieu, les personnes présentant des symptômes.

Dominique Braun, infectiologue à l'Hôpital universitaire de Zurich

«Pas de médicament miracle»

«Malheureusement, aucun des médicaments étudiés jusqu'à présent n'a été l'arme miracle espérée contre le virus. La recherche de nouveaux médicaments doit donc se poursuivre. Mais ces études sont coûteuses et compliquées. Pour de nombreuses entreprises, il ne vaudra plus la peine d'investir dans ce domaine. Entre-temps, nous disposons toutefois de médicaments qui peuvent empêcher des évolutions graves s'ils sont utilisés au bon moment. Cela demande beaucoup d'expérience, d'organisation et d'esprit de décision. La dexaméthasone, une préparation bon marché à base de cortisol, a été la grande avancée dans ce domaine. Actuellement, de nouveaux médicaments sont à l'horizon, qui peuvent être utilisés sous forme de comprimés en dehors de l'hôpital. Mais le plus important reste la vaccination. En comparaison, les médicaments contre le Covid ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan».

«Pas de médicament miracle»

«Malheureusement, aucun des médicaments étudiés jusqu'à présent n'a été l'arme miracle espérée contre le virus. La recherche de nouveaux médicaments doit donc se poursuivre. Mais ces études sont coûteuses et compliquées. Pour de nombreuses entreprises, il ne vaudra plus la peine d'investir dans ce domaine. Entre-temps, nous disposons toutefois de médicaments qui peuvent empêcher des évolutions graves s'ils sont utilisés au bon moment. Cela demande beaucoup d'expérience, d'organisation et d'esprit de décision. La dexaméthasone, une préparation bon marché à base de cortisol, a été la grande avancée dans ce domaine. Actuellement, de nouveaux médicaments sont à l'horizon, qui peuvent être utilisés sous forme de comprimés en dehors de l'hôpital. Mais le plus important reste la vaccination. En comparaison, les médicaments contre le Covid ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan».

Pomme de discorde: la durée de la quarantaine

La pomme de discorde - et parfois la cause des pénuries de personnel - est la durée de la quarantaine. Comme plus de 100 000 personnes sont en quarantaine ou à l'isolement, pratiquement tous les secteurs tirent la langue. Certains restaurants et hôtels ont dû fermer, les hôpitaux cherchent désespérément du personnel et il faut s'attendre à des annulations de trains dans les semaines à venir.

Afin d'atténuer ces goulots d'étranglement, Economiesuisse, l'association faîtière de l'économie, a demandé cette semaine que la quarantaine soit réduite de dix à cinq jours dans la mesure où les cas suspects ne présentent pas de symptômes. L'OFSP recommande quant à lui une quarantaine de sept jours et ne devrait pas s'écarter de cette directive.

Le pays n'est par ailleurs plus seulement confronté à une épreuve de santé publique. Peu à peu, l'approvisionnement menace de se tarir.

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