Nos voisins s'en agacent
Le Parlement veut freiner le tourisme d'achat

Le Parlement veut freiner le tourisme d'achat. Au cours de la session actuelle, plusieurs propositions ont été adoptées qui visent à rendre les achats transfrontaliers plus difficiles pour les Suisses. Nos voisins s'en agacent.
Publié: 27.09.2021 à 14:21 heures
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Le tourisme d'achat suisse est estimé à environ dix milliards de francs par an à l'étranger.
Photo: imago images/Geisser
Thomas Schlittler (texte), Alexandre Cudré (adaptation)

Le tourisme d’achat suisse dans les zones transfrontalières est estimé à environ dix milliards de francs par an. Un chiffre qui a diminué depuis le début de la pandémie. Mais depuis l’assouplissement des règles pour les voyageurs, les citoyens suisses recommencent à aller faire leurs courses de l’autre côté de la frontière.

Une véritable épine dans le pied du Parlement. Au cours de la session actuelle, il a donc adopté plusieurs propositions visant à freiner le tourisme d’achat.

D’une part, la valeur limite pour les achats, actuellement 300 francs par personne et par jour, doit être revue à la baisse. En outre, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) devra à l’avenir être payée sur tous les achats à l’étranger, pour autant que la TVA étrangère ait été compensée.

Ces initiatives ont été proposées par les autorités des cantons de Saint-Gall et de Thurgovie. Dans leur viseur: les citoyens alémaniques allant faire leurs courses en Autriche.

Les Autrichiens sont en colère

Les autorités autrichiennes réagissent. «La démarche du Parlement suisse est quelque peu surprenante et rappelle les mesures d’accompagnement qui rendent difficile le travail transfrontalier et qui ont été introduites pour protéger l’économie suisse», déclare Harald Moosbrugger, chef du département des affaires économiques générales de la région autrichienne du Vorarlberg, limitrophe de la Suisse.

Les Autrichiens sont particulièrement irrités. En effet, les gouvernements des cantons de Suisse orientale avaient jusqu’à présent pour but la coopération transfrontalière, comme avec l’initiative de mobilité «Lake Constance Metropolitan Area». «Les nouvelles réglementations contrecarrent précisément ces efforts et les remettent en question», dénote Harald Moosbrugger.

Un protectionnisme peu apprécié

Le Land allemand du Bade-Wurtemberg n’apprécie pas non plus les initiatives helvétiques protectionnistes. La porte-parole de son Ministère de l’économie, du travail et du tourisme se montre toutefois diplomate: «La décision d’abaisser la valeur limite pour l’exonération de la TVA est regrettable du point de vue des entreprises du Bade-Wurtemberg, mais elle est entièrement à la discrétion de la Suisse.»

Le processus de mise en œuvre sera observé. «Après l’échec de l’accord-cadre, nous avons intérêt à assurer la poursuite des très bonnes relations de voisinage ainsi que de la bonne coopération avec la Suisse, encore plus qu’auparavant», dit la porte-parole.

C’est également la conviction du Conseil fédéral, qui a voté contre les propositions parlementaires. «Ne donnons pas de faux espoirs», a prévenu le ministre des Finances Ueli Maurer. Les propositions ne sauveraient pas le commerce de détail dans les régions frontalières, mais conduiraient plutôt les gens à contourner les nouvelles règles et donc à faire de la contrebande.

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