Nettement moins que les hommes
Les femmes à la retraite ne reçoivent que 3133 francs par mois

Une étude récente montre que les femmes retraitées perçoivent en moyenne un revenu bien inférieur à celui des hommes. Cet écart n'a guère évolué au cours des dix dernières années.
Publié: 23.06.2023 à 19:48 heures
La pension des femmes âgées de 65 à 75 ans est en moyenne inférieure d'un tiers à celle des hommes.
Photo: Getty Images

A la retraite, les femmes disposent d’environ un tiers d’argent en moins que les hommes. Ce que l’on appelle le fossé de genre («Gender Pension Gap») en termes de retraite s’élève à environ 20’000 francs par an, selon étude de Swiss Life publiée jeudi. C’est-à-dire que les Suissesses perçoivent en moyenne une pension de 37’600 francs par an, ou 3133 francs par mois.

L’écart entre les sexes pour les rentes des personnes âgées de 65 à 75 ans pour la période considérée de 2019 à 2021 est donc presque aussi important que lors du calcul effectué en 2012.

Une différence plus importante chez les personnes mariées

La différence de rente est la plus importante chez les couples mariés. Selon l’étude, les épouses reçoivent en moyenne deux fois moins d’argent pour leur retraite que leurs maris. Mais comme ils mettent généralement leur argent en commun, cela n’a pas une grande influence sur leur niveau de vie.

«D’un point de vue économique, le Gender Pension Gap est surtout important pour les personnes non mariées ou célibataires», lit-on dans l’étude. Les femmes célibataires ou non mariées disposent d’un revenu à la retraite inférieur de 10 à 20% à celui des hommes de cette catégorie. La différence de rente est la plus importante chez les veuves, suivies par les divorcées.

Voici les raisons de cette différence

Selon les données de l’étude, les femmes célibataires reçoivent en revanche une rente similaire à celle des hommes célibataires. Comme l’a expliqué l’auteur de l’étude Andreas Christen lors d’une conférence de presse virtuelle, les retraitées âgées de 64 à 75 ans qui ne se sont jamais mariées et qui ont pris leur retraite en 2015 ou 2019 sont même légèrement mieux loties financièrement que leurs homologues masculins.

Cela montre que c’est justement la répartition spécifique au sexe du travail rémunéré et du travail familial qui est à l’origine des différences en matière de prévoyance vieillesse, a expliqué Andreas Christen. Les femmes qui étaient à la retraite au moment de l’enquête étaient nées dans les années cinquante, à une époque où les femmes célibataires n’avaient traditionnellement pas d’enfants. On peut donc supposer que ces femmes ont plutôt eu un «parcours professionnel traditionnellement masculin», soit sans «tâche ménagère ou travail partiel».

Le fossé entre les genres est donc bien en premier lieu dû aux différents parcours professionnels spécifiques aux sexes, écrivent les auteurs. Le revenu du travail, qui se compose entre autres de la durée de l’activité professionnelle, du taux d’occupation et du salaire, est pris en compte. Mais les conditions-cadres institutionnelles influencent également la différence entre les sexes en matière de retraite.

Pourquoi le fossé devrait-il se réduire?

Mais les parcours professionnels des femmes et des hommes se rapprochent lentement, selon l’étude: En 2000, les femmes arrivant à la retraite travaillaient en moyenne 50% de moins que les hommes. Vingt ans plus tard, la différence n’était plus que de 30%. Selon les auteurs de l’étude, cela indique qu’à l’avenir, le fossé des retraites devrait également se réduire.

Bien que de nombreuses femmes aient moins d’argent à disposition que les hommes à la retraite, elles sont en moyenne presque aussi satisfaites de leur situation financière que les hommes. Selon l’étude, 72% des retraités se déclarent satisfaits de l’argent dont ils disposent.

«Une explication possible pourrait être que les femmes à l’âge de la retraite s’en sortent avec un budget moins important que les hommes», indique l’étude. Elles auraient besoin de 12% d’argent en moins pour joindre les deux bouts.

Les Suisses moins bien lotis que la moyenne européenne

Avec un écart d’un tiers, la Suisse n’est pas particulièrement bien placée par rapport à l’étranger. «En moyenne, dans l’UE, l’écart de pension entre les sexes est de 25%», explique Andreas Christen.

La participation des femmes au marché du travail est également plus faible en Suisse que dans d’autres pays. Les Suissesses y travaillent en moyenne environ 40% de moins que les hommes, alors qu’elles ne travaillent que 20% de moins dans des pays comme le Danemark ou la Norvège, où l’écart entre les sexes en matière de retraite est nettement plus faible qu’en Suisse.

En outre, l’écart de pension entre les hommes et les femmes s’est davantage réduit ces dernières années dans de nombreux pays européens. C’est notamment le cas dans les pays voisins que sont l’Allemagne, la France et l’Autriche.

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