Qui va succéder à la conseillère fédérale PS Simonetta Sommaruga? Si l'on en croit le comité directeur des Jeunes socialistes (JS), aucun membre du parti socialiste (PS), dans le cas où le gouvernement resterait à majorité bourgeoise.
Samedi, plus de 100 Jeunes socialistes se réuniront à Bâle pour discuter de la direction du parti. Et celle-ci a de l'allure. Les jeunes de gauche discutent en effet le passage dans l'opposition au gouvernement en tant que revendication n°1: «Gouvernement ou opposition - la question de la participation au Conseil fédéral.» Dans le cas où cette proposition serait acceptée par la jeunesse socialiste, elle devrait être présentée à leur parti mère, le PS.
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«La majorité bourgeoise de droite composée du PLR et de l'UDC doit prendre fin. Et même, elle doit être la condition pour que le PS participe au Conseil fédéral», explique Nicola Siegrist, chef de la JS, à Blick. Concrètement, cela signifie que le PS se retirera du gouvernement si trois conseillers fédéraux de gauche ne sont pas élus lors des élections de décembre prochain.
Selon les explications données par le parti, il est urgent que la majorité de droite soit brisée et ainsi que le PS et les Vert-e-s, avec trois sièges, reflètent les rapports de force politiques. Et surtout, cette majorité de droite n'est pas adaptée aux crises que traverse notre époque, martèle les jeunes socialistes.
Pas d'amis de la formule magique
Mais même parmi les Jeunes socialistes, l'idée est vivement contestée. Car la revendication est à peu près aussi réaliste que l'idée qu'un siège au gouvernement national revienne aux Jeunes socialistes eux-mêmes. Pourquoi donc veulent-ils que le PS se dérobe de la responsabilité gouvernementale à l'avenir?
Une participation à un gouvernement dominé par les partis bourgeois affaiblit inévitablement les forces de gauche, peut-on lire dans la motion adressée aux membres. De plus, la «politique de droite» du Conseil fédéral serait consolidée, avec la participation de minorités de gauche.
«Avec la composition actuelle, c'est-à-dire une majorité composée du PLR et de l'UDC, des projets inacceptables continueront à voir le jour», explique Nicola Siegrist. Et le PS se rend complice de ces décisions en étant au gouvernement. Pour lui, la nouvelle loi sur le CO2, fortement édulcorée, et la dernière réforme de l'AVS, défendue par les conseillers fédéraux PS contre leur propre parti, sont des exemples parmi tant d'autres.
«Alain Berset est devenu l'ennemi»
C'est justement la campagne de vote en faveur de la réforme de l'AVS menée par le ministre socialiste des Affaires sociales Alain Berset qui a créé une ambiguïté au sein du camp de gauche. Cette ambiguïté a rendu flou la position du PS.
«Alain Berset est devenu un ennemi, en particulier dans le mouvement féministe», peut-on lire dans le document de la JS. On peut toutefois douter que la politique du gouvernement national devienne plus à gauche si le PS s'en retire.
Des candidates au Conseil fédéral invitées
Pour certains, la proposition du comité des Jeunes socialistes ne va pas encore assez loin. Une contre-résolution déjà rédigée est encore plus extrême et demande le départ immédiat des conseillers fédéraux PS du gouvernement. La première comme la deuxième proposition devraient être validées par le PS.
Il est cependant totalement irréaliste que les délégués du PS se prononcent en faveur de cette revendication. On peut même se demander si les Jeunes socialistes croient eux-mêmes au succès de leur revendication.
Une audition des deux candidates PS au Conseil fédéral, Eva Herzog et Elisabeth Baume-Schneider, est prévue le même jour que la discussion sur l'exclusion des conseillers fédéraux PS. Cela n'aurait guère de sens si l'on veut en fait être dans l'opposition au gouvernement.
(Adaptation par Mathilde Jaccard)