Moins d'hospitalisations
La Suisse est (pour l'instant) un cas particulier face à Omicron

Alors que la Suisse reste l'un des mauvais élèves de la vaccination en Europe, elle semble résister jusqu'à présent mieux que d'autres pays à la vague Omicron. Mais cet avantage ne devrait pas durer éternellement.
Publié: 06.01.2022 à 06:54 heures
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File d'attente devant le centre de dépistage de la gare centrale de Zurich: les nouvelles contaminations battent tous les records en Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
Guido Schätti

Nouveau jour, nouveau record: l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a annoncé mercredi plus de 31'000 nouvelles contaminations, soit environ trois fois plus qu'au plus fort de la deuxième vague dévastatrice de l'automne 2020.

Il y a encore peu de temps, ce chiffre aurait suscité la peur et l'angoisse. Aujourd'hui, il suscite surtout la perplexité : car le nombre d'hospitalisations, bien plus important que celui des cas, n'augmente pas. Au contraire, il diminue depuis plus de trois semaines déjà. Même depuis que la vague Omicron balaie la Suisse de plus en plus violemment depuis Noël, rien n'a changé.

Les épidémiologistes face à une énigme

Que se passe-t-il? N'est-ce qu'une question de temps? Ou est-ce que le virus a tellement perdu de sa virulence avec la mutation Omicron que même une multiplication du nombre de cas ne fait plus de ravages?

«Nous évoluons encore dans le noir lorsqu'il s'agit d'évaluer la dangerosité réelle d'Omicron», déclare Christian Münz, professeur d'immunologie à l'université de Zurich. «Les études aboutissent à des résultats contradictoires».

La vague finira par atteindre les personnes non vaccinées

Pour lui, il est toutefois bien trop tôt pour lever l'alerte. Il estime que les espoirs de voir le nombre de cas graves rester bas à long terme sont téméraires. Son explication pour «l'exception Suisse»: «Avec Omicron, de nombreuses personnes vaccinées, qui sont bien protégées contre les évolutions graves, s'infectent également». Mais tôt ou tard, le virus atteindra les presque 20 pour cent de la population qui ne sont pas immunisés. «Le risque d'évolutions graves augmentera alors».

Dans d'autres pays, ce scénario s'est déjà produit. Au Danemark, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis – tous des pays où la vague Omicron est également forte — les hospitalisations augmentent rapidement depuis des semaines. Même en Italie, où le nombre de cas a longtemps été faible, les cas graves se multiplient.

Avantage de la technologie ARNm?

«La Suisse a la chance d'avoir misé sur les vaccins les plus efficaces», explique Christian Münz pour expliquer une partie du phénomène. Contrairement à d'autres pays, nous utilisons exclusivement les vaccins ARNm de Moderna et Pfizer/Biontech, qui se sont révélés beaucoup plus efficaces que les vaccins vectoriels ou traditionnels.

Les capacités hospitalières pourraient être limitées

L'expert prévient néanmoins que si les vaccins nous donnent peut-être un sursis, ils ne garantissent pas l'absence durable de cas graves. «Les personnes non vaccinées devraient être prudentes», avertit Christian Münz. «Ils courent le risque d'arriver dans des hôpitaux surchargés où la qualité optimale des soins ne serait alors plus garantie.»

(Adaptation par Jocelyn Daloz)


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