Harcelée au travail
«Pendant des mois j'ai pleuré»

Christine K., cheffe de projet, a subi du harcèlement de la part de ses collègues de travail. Elle se confie à Blick et explique pourquoi elle n’a pas réagit pendant si longtemps.
Publié: 19.11.2021 à 15:58 heures
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Dernière mise à jour: 19.11.2021 à 16:58 heures
Christine K. a subi deux ans de mobbing au travail.
Photo: Philippe Rossier
Janina Bauer

En octobre 2019, Christine K.* (48 ans) est à la recherche d’un nouveau défi. Elle trouve un poste de cheffe de projet dans le domaine de l’éducation et se réjouit de relever ce défi. Deux ans plus tard, cette mère de deux enfants est à bout. La raison de cette désillusion? Christine K. se fait harceler par ses collègues de travail, et tout particulièrement par une collaboratrice.

«Elle me donnait des ordres alors qu’elle n’était même pas ma supérieure, raconte la Zurichoise. Lors des réunions, elle dénigrait mes idées et se faisait passer pour l’initiatrice de mes projets». Ce comportement a déteint peu à peu sur ses autres collègues.

Un climat de travail toxique

Christine K. ne cesse de s’adresser à ses supérieurs pour les informer de la situation. Ils n’interviennent pas. Au contraire: la direction devient agressive et elle se sent de plus en plus seule. «Personne ne répondait à mes emails et, lors des réunions, on me coupait sans cesse la parole», se souvient la cheffe de projet expérimentée. Lors d’une présentation en particulier, le directeur lui aurait reproché de ne pas parler et écrire correctement l’allemand, qu’elle avait pourtant étudié.

Les brimades font leur effet, et le doute s’installe. Christine K. a honte de sa situation et se considère comme une «personne incompétente». Pendant des mois, la Zurichoise pleure en rentrant du travail. Malgré sa souffrance, elle met beaucoup de temps avant de se confier à une amie. Celle-ci lui recommande de noter de manière précise chaque incident. Ce n’est qu’en rédigeant son journal intime, que Blick a pu consulter, qu’elle comprend qu’un schéma se cache derrière ce harcèlement. En détresse, elle s’adresse finalement au service spécialisé dans le harcèlement moral et le mobbing. La responsable de la structure, Claudia Stam, explique: «Selon moi, il s’agit d’un cas typique d’échec de la direction, qui laisse ensuite le mobbing se développer et prospérer».

«Je ne me suis pas assez défendue»

Et pourtant: de nombreux mois s’écoulent, pendant lesquels Christine K. continue de travailler et de se battre. «Je ne voulais pas échouer. Et en tant que mère, j’ai une responsabilité financière». Ce n’est qu’au début de l’été 2021 qu’elle prend la décision de mettre fin à ce calvaire. Lors d’une vidéoconférence où elle est critiquée par plusieurs collègues en même temps, elle réalise: «Quoi que je fasse, ce ne sera jamais bien».

La responsable de projet se met en congé maladie et tombe dans une terrible dépression. Mais elle réussit à remonter la pente et décide de suivre une thérapie afin de pouvoir enfin passer à autre chose, et surtout être capable de retrouver un nouvel emploi sans appréhension. Avec le soutien d’une psychothérapeute, elle travaille désormais sur ce qui s’est passé. Ce travail sur soi l’amène à comprendre une chose: «Je ne suis pas une victime». Personne ne doit accepter de subir du harcèlement au travail. Si elle a un seul regret à ce jour, c’est de ne s’être pas assez défendue.

* Nom connu de la rédaction

(Adaptation Margaux Bazarganpour)

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