Mesure contre la sécheresse
Jacuzzis et piscines privées bientôt taxés?

Alors que nous ne sommes qu'à la mi-mars, la sécheresse guette déjà. Via une motion, les socialistes fribourgeois demandent l'introduction d'une taxe cantonale, dont les profits iraient directement aux personnes touchées par le manque d'eau.
Publié: 16.03.2023 à 16:27 heures
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Dernière mise à jour: 17.03.2023 à 06:31 heures
Avoir un jacuzzi à la maison coûtera-t-il bientôt plus cher en terres fribourgeoises?
Photo: DR
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Faudra-t-il bientôt payer une taxe pour le remplissage de son jacuzzi ou de sa piscine? Dans le canton de Fribourg, peut-être: deux élus socialistes au Grand Conseil, Marie Levrat et Grégoire Kubski, demandent l'introduction d'une telle mesure pour faire face à la sécheresse.

«Les comptes rendus de précipitations récents sont alarmants: on se dirige vers une nouvelle année de sécheresse», écrivent les deux élus du PS dans une motion que Blick a pu consulter.

Le canton de Fribourg est très touché par la pénurie d'eau. L'été dernier, plusieurs hélicoptères Super Puma de l'armée avaient dû être engagés chaque jour pour amener de l'eau à des alpages inatteignables depuis la route, depuis les lacs de la Gruyère et de Montsalvens.

Un fonds alloué aux paysans de montagne?

Pour Marie Levrat et Grégoire Kubski, il est donc paradoxal qu'en parallèle, il soit permis d'utiliser de l'eau «pour des loisirs, dans de grandes proportions». Ils réclament donc l'introduction d'une taxe, en sus de celle déjà prélevée par les communes, sur le plan cantonal, pour le remplissage des piscines et des jacuzzis privés. Les pataugeoires gonflables pour enfants ne seraient pas concernées.

Les profits de ce nouveau fonds seraient directement affectés aux mesures de lutte contre la sécheresse et à l'approvisionnement d'aide aux personnes directement touchées, notamment les paysans de montagne.

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Ce souci n'est, par ailleurs, pas l'apanage du PS: en novembre dernier, les députés fribourgeois avaient refusé une motion de deux députés UDC, Nicolas Kolly et Lucas Dupré, qui réclamait un soutien de 10 millions de francs à l’agriculture pour affronter l'impact de la sécheresse de l’été qui venait de s'écouler.

Le Grand Conseil fribourgeois avait privilégié une «sorte de contre-projet» du Conseil d'État, voulant allouer de 3 à 3,5 millions de francs à fonds perdus pour renforcer certains apports financiers sur cinq ans pour accélérer et soutenir les besoins impératifs d’adaptation des structures agricoles.

Pataugeoires pas concernées

L'enveloppe sera-t-elle bientôt complétée par cette taxe? Pour les deux élus du PS signataires de cette motion, les mesures étatiques actuelles sont «insuffisantes pour défendre les nappes phréatiques». À noter que la loi fribourgeoise oblige aujourd'hui le remplissage des jacuzzis privés par des énergies à 100% renouvelables. Les piscines font aussi l'objet de restrictions, selon l'article 18 de la Loi sur l'énergie.

À Blonay-Saint-Légier, dans le canton de Vaud, deux habitants s'étaient aussi émus des nombreux projets de piscines privées sur le territoire communal, alors que la sécheresse pose de nombreux problèmes. «Il faut que la Municipalité soit cohérente, expliquait l'été dernier l'un des pétitionnaires. D’un côté, vous ne pouvez pas demander aux gens de faire des efforts, alors que de l’autre vous autorisez le gaspillage de cette précieuse ressource.»

Mais ces arguments n'ont pas eu grâce aux yeux du Conseil communal, qui a refusé par 38 non, 31 oui et 2 abstentions que le texte soit transmis à la Municipalité afin qu’elle l’étudie. L'Exécutif s'était d'ailleurs déjà défendu par le passé face à ce qui peut apparaître comme une contradiction: le remplissage des piscines est déjà interdit en période d'étiage (baisse annuelle des niveaux de l'eau). Mais l'or bleu est «surabondant» le reste de l'année.

L'eau instockable

Pourquoi ne pas le stocker l'eau en vue des périodes de sécheresse, plutôt que l'utiliser pour remplir des piscines privées ou des jacuzzis? «S’agissant d’une eau potable de source non traitée chimiquement, la loi sur les denrées alimentaires ne permet pas de la conserver plus de 48 heures», avait alors répondu la Municipalité.

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