Manifestation contre AVS 21
La droite accuse le PS de comportement «antidémocratique»

«En colère», les Femmes PS ont appelé à manifester contre le verdict des urnes, ce lundi à Berne. Cette protestation, qui a réuni quelques centaines de personnes, passe mal dans les rangs des vainqueurs, où l'on rappelle qu'AVS 21 avait aussi des soutiens féminins.
Publié: 26.09.2022 à 13:47 heures
L'appel à protester des Femmes PS et de Tamara Funiciello en particulier passe mal à droite.
Photo: Keystone
Lea Hartmann

«Mir sind hässig!» — «Nous sommes en colère!», c'était le mot d'ordre de la manifestation qui a rassemblé «quelques centaines de personnes», selon l'agence ATS-Keystone, ce lundi midi devant la gare de Berne. Les femmes étaient appelées à se rassembler pour protester contre le fait qu'elles doivent travailler un an de plus.

Tamara Funiciello, coprésidente de la section Femmes PS, s'est insurgée dimanche au micro de Blick TV de la «gifle au visage de toutes les femmes» que constitue ce oui avec une marge infime à la réforme des retraites. Un verdict des urnes particulièrement frustrant puisque les femmes ont majoritairement rejeté le projet d'Alain Berset — plus de deux tiers d'entre elles ont voté non, selon un sondage commandé par Tamedia.

Le PS est «prétentieux»

Les syndicats sont également en colère, puisqu'ils ont déjà lancé une collecte de signatures pour faire pression sur la politique. «Le démantèlement unilatéral de l'AVS au détriment des femmes est un revers pour l'égalité», écrit l'Union syndicale suisse (USS). Elle exige de meilleurs revenus pour les femmes, «dans la vie active et à la retraite». Tôt lundi matin, près de 40'000 personnes avaient déjà signé l'appel.

Des manifestations et un appel aux signatures contre le verdict populaire: voilà qui passe mal chez les gagnants de dimanche. «C'est une prétention absolue de la part de la gauche que de nier l'engagement de femmes en faveur de la réforme», déclare la conseillère nationale du Centre Marianne Binder. Plusieurs comités féminins soutenaient AVS 21, rappelle-t-elle.

«J'ai fondamentalement du mal à accepter que les préoccupations des femmes soient dominées par la gauche, poursuit la Zurichoise. Comme si une femme bourgeoise n'était pas une vraie femme! La gauche se focalise sur le fossé entre les genres, mais il faudrait discuter de celui qui existe au sein des femmes!»

Un déni de démocratie?

Sa collègue du Conseil national Regine Sauter (PLR/ZH) s'en offusque également: «Les femmes de gauche n'ont pas le droit de parler au nom de toutes les femmes du pays! Il y a aussi de très nombreuses femmes qui ont dit oui à la réforme.» Avec cette protestation contre le verdict populaire, les femmes du PS envoient en outre le signal qu'elles n'acceptent pas une décision démocratique. «Regrettable», tonne Regine Sauter.

L'UDC va plus loin. Le parti demande au PS de retirer son appel à la grève, un événement qui se termine souvent de manière violente, écrit le chef du groupe UDC Thomas Aeschi sur Twitter: «En Suisse, le peuple est souverain. Il faut accepter les décisions populaires prises par démocratie directe.» Les Jeunes UDC critiquent également le «comportement antidémocratique» de la gauche. Elle estime que c'est indigne d'un parti gouvernemental.

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Dimanche pourtant, le conseiller fédéral UDC Ueli Maurer s'est montré tout sauf respectueux d'une décision populaire - celle du refus de supprimer l'impôt anticipé. «À l'évidence, la compréhension des objets économiques diminue au sein de la population», a déclaré le ministre des Finances lors de la traditionnelle conférence de presse d'après-votation, dimanche soir. Insulter le corps électoral? Voilà qui n'est pas non plus digne d'un parti gouvernemental...

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