«Si je vais à un spectacle à Thoune, on m'accompagne. Mais pas dans une zone de guerre!» La présidente du Conseil nationale Irène Kälin est déçue. Fâchée, même, par l'Office fédéral de la police (Fedpol). La raison? L'organe responsable de la sécurité de la première citoyenne du pays a refusé de l'accompagner, ainsi que le reste de la délégation suisse, en Ukraine.
Dans un premier temps, Fedpol a déconseillé à l'écologiste de se rendre à Kiev. Lorsqu'Irène Kälin a décidé de tout de même se rendre dans la capitale du pays attaqué par Vladimir Poutine — «Afficher ma solidarité et mon humanisme sur place, c’est le minimum que je puisse faire», a-t-elle justifié à Blick —, la police fédérale l'a boudée. «J'ai pris connaissance avec un certain étonnement de ce refus», confie l'Argovienne à Blick TV. Notre collègue alémanique fait partie de la délégation, au même titre que le Vaudois Roger Nordmann et le Genevois Yves Nidegger, notamment.
«Ni équipé ni formé pour cela»
Une situation d'autant plus épineuse que le ministre russe de la Défense Sergeï Choïgou vient de menacer que Moscou pouvait frapper l'Ukraine «à tout moment» et que la présence de représentants de pays occidentaux dans les endroits visés ne serait pas un problème pour la Russie.
Or, Fedpol ne se considère elle-même pas apte pour une telle mission, jugée trop dangereuse. La visite en Ukraine a été précédée d'une évaluation approfondie de la situation et une analyse détaillée des risques a été menée, assure le porte-parole Christoph Gnägi à Blick. C'est sur la base de cette analyse que le voyage a été déconseillé et qu'il a été décidé de ne pas envoyer des forces de police «ni équipées ni formées» pour un engagement en zone de guerre.
Seule l'armée dispose de telles forces d'intervention, relève Fedpol, qui note que lors d'une visite à l'étranger, ce sont en principe les autorités du pays hôte qui sont responsables de la sécurité de la délégation suisse.
Pourquoi pas l'armée?
«Ce sont des arguments que je respecte», commente Irène Kälin. La présidente du Conseil national ne veut être accompagnée que par des personnes qui sont confiantes quant à la mission. «Apparemment, nos forces de sécurité n'avaient pas un bon sentiment.»
L'écologiste aurait néanmoins pu imaginer un engagement des forces spéciales de l'armée, celles qui ont assuré l'évacuation de l'ambassadeur de Suisse à Kiev Claude Wild. Celui-ci a d'ailleurs retrouvé l'Ukraine ces jours. Mais elle se sent «entre de bonnes mains» avec les forces ukrainiennes. Elle se dit certaine que celles-ci veillent en leur âme et conscience à la sécurité de la délégation suisse, comme elles l'ont fait pour d'autres délégations. «J'apprécie beaucoup cela», conclut l'Argovienne.