Ursina Wüst avance rapidement avec un cible bien précise: une famille avec deux jeunes enfants. Sous un châtaigner, l'un des garçons vient de frapper une branche avec son bâton. Une faute qui, même si elle semble négligente, est réprimandée par Ursina Wüst.
Elle est garde forestière et travaille avec son équipe tout le mois d'octobre dans la châtaigneraie du lac de Walenstadt, dans le canton de Saint-Gall. C'est là que se trouve le sentier des châtaigniers de Murg, qui, avec ses arbres parfois âgés de plusieurs centaines d'années, est la plus grande châtaigneraie de Suisse au nord des Alpes.
Il n'y a pas assez de châtaignes pour tout le monde
Les châtaignes qui tombent au sol sur ce chemin de 2,5 kilomètres peuvent être ramassées gratuitement. En conséquence, ce lieu idyllique est particulièrement apprécié des familles – trop apprécié, à en croire les responsables. Depuis la pandémie de Covid-19, le chemin des châtaigniers est pris d'assaut en octobre.
En raison de l'affluence, tous les amateurs de châtaignes qui se rendent au lac de Walenstadt ne peuvent de loin pas remplir leurs poches de ce noble fruit. Ceux qui arrivent en retard fouillent en vain dans les feuilles et l'herbe. Afin de ne pas rentrer les mains vides, nombreux sont ceux qui prennent un bâton ou une pierre pour tenter de récupérer les fruits pas encore mûrs des arbres.
C'est justement là qu'intervient Ursina Wüst. La femme explique patiemment aux excursionnistes avides pourquoi les conséquences de leur comportement peuvent être désastreuses: le chancre de l'écorce du châtaignier profite des écorces déchirées ou des branches cassées pour se propager. Dans le pire des cas, ce champignon tubulaire parasite tue l'arbre. Si le chancre de l'écorce du châtaignier peut attaquer une grande surface, c'est toute la châtaigneraie qui est en danger.
Toujours les mêmes excuses
Ursina Wüst veille à ce que cela ne se produise pas. Mais ses explications ne semblent pas trouver échos auprès de la famille et des deux garçons. La mère assure que son fils n'a pris le bâton que pour se promener. Le coup observé contre l'arbre? Un faux pas. Une explication qu'elle entend étonnamment souvent ces jours-ci, raconte Ursina Wüst en souriant.
Par un beau week-end d'octobre, elle doit intervenir très fréquemment pour une «infraction grave». Pourtant, avec son uniforme de ranger, Ursina Wüst dégage une certaine autorité. Mais elle ne peut pas réparer les mauvais gestes.
La garde forestière a du succès
La garde forestière ne se considère pas comme une policière des châtaignes. «Les gens doivent comprendre les règles et donc s'y tenir. Huit personnes sur dix sont compréhensives, précise Ursina Wüst. Et la grande majorité, qui se comporte correctement, est reconnaissante lorsque j'interviens.»
Ursina Wüst a été chargée des patrouilles pour la première fois en 2023 par l'association Pro Kastanie Murg. Le président Josef «Sepp» Kühne est satisfait: «Les infractions ont diminué cette année, notamment grâce au travail des gardes forestiers», explique-t-il.
Josef Kühne s'est entretenu avec les organisations touristiques régionales, la commune politique et la commune locale. Selon lui, le sentier des châtaigniers a fait l'objet d'une promotion trop importante ces dernières années. L'affluence ne pèse pas seulement sur les nobles marronniers, mais aussi sur les autochtones. Ceux-ci sont en partie «horrifiés» par l'avalanche de voitures: plus de 80% des visiteurs arrivent en voiture, bien que le chemin des châtaigniers commence directement à la gare.
Afin d'alléger le trafic, on a déjà débattu d'une possible limitation du nombre de visiteurs quotidiens et du temps de visite, explique Josef Kühne. Mais pour cela, il faut avant tout une volonté politique. Pour le moment, Ursina Wüst doit donc continuer à veiller à ce que les bâtons ne soient utilisés que pour s'aider à marche dans ce paradis des châtaignes.