Au Danemark, c'est déjà la réalité: pas de masques, pas de restrictions, pas de certificat. Le Covid ne semble plus un problème dans la partie sud de la Scandinavie. «C'est possible parce que 75% de la population est vaccinée, et surtout 96% chez les plus de 50 ans», a expliqué à Blick l'épidémiologiste danois Lone Simonsen.
Un exemple que de nombreux autres pays envient. Alors que la tension est forte en Suisse, sur fond de protestations contre les mesures Covid, une sorte d'euphorie semble se répandre en Europe. Le ministre allemand de la Santé estime que la pandémie pourrait être terminée «au printemps prochain au plus tard».
Jens Spahn n'est pas un cas isolé. L'expert Covid du gouvernement américain Anthony Fauci est du même avis. Il s'attend à ce que la situation revienne «dans une certaine mesure à la normale» au printemps prochain, selon ses propos à CNN.
Le bout du tunnel est-il vraiment si proches? Les masques près de tomber? Ou est-ce un énième faux espoir avant une Xème vague? Blick livre son analyse en six points.
1 — Comment expliquer cet optimisme soudain?
La pandémie semble être sous contrôle. Le nombre d'infections reste plus ou moins constant. Une augmentation exponentielle au début de la saison froide, comme l'année dernière, n'a pas encore été observée.
Les fameux «lockdowns» et mesures très coercitives appartiennent au passé. Les bureaux se remplissent gentiment et les endroits où il n'y a plus besoin de masque — notamment grâce au certificat Covid — se multiplient.
Il est également à nouveau possible de voyager. Les États-Unis assouplissent leurs règles d'entrée à partir de novembre. Les citoyens européens, britanniques et suisses seront de nouveau les bienvenus au pays de l'Oncle Sam. Une seule condition: une double vaccination.
2 — Que reste-t-il pour une vraie fin à la pandémie?
Une seule solution: un taux de vaccination élevé. Le Danemark n'est pas le seul exemple en la matière. Le Portugal et l'Italie, eux aussi lourdement touchés par le virus, profitent d'un fort taux vaccinal pour contrôler l'impact de la pandémie sur les hôpitaux.
Au Portugal, environ 81% de la population est entièrement vaccinée. À la fin du mois de septembre, 85% de la population aura été vaccinée disposera d'une couverture vaccinale. En prenant en compte les enfants de moins de douze ans — qui n'ont pas accès à la piqûre —, cela représente une très forte majorité de vaccinés.
3 — Où en est la Suisse?
Le taux de vaccination en Suisse augmente, mais trop lentement. Patrick Mathys de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a déclaré cette semaine que le taux est trop faible pour atteindre une couverture vaccinale qui pourrait avoir un impact positif significatif sur l'incidence de l'infection.
À l'heure actuelle, environ 30'000 vaccins sont administrés par jour. Le spectre d'une nouvelle augmentation de l'incidence n'est donc pas encore écarté. Surtout à l'approche de la saison froide.
Alors que le Danemark, le Portugal et l'Italie commencent l'hiver avec des taux de vaccination élevés, la situation en Suisse est encore assez mauvaise. Selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), seuls 54,3% de la population a été entièrement vaccinée.
Certes, les nouvelles vaccinations augmentent depuis les vacances d'été: la semaine dernière, environ 220'000 doses ont été administrées, soit 17% de plus que la semaine précédente. Néanmoins, lorsque l'on sait que 600'000 doses par jour étaient administrées au début de l'été, la différence reste importante.
4 — La menace du Covid est-elle bientôt écartée?
Les choses se présentent bien en ce moment. Parce que le virus n'a pas produit d'autres mutants dangereux après le Delta. Car si le virus mute, les variantes peuvent être encore plus infectieuses que leurs prédécesseurs et même devenir plus résistantes à la vaccination.
C'est précisément ce qui s'est produit avec la variante delta. Il faut maintenant espérer qu'aucune autre variante ne se développe.
«Considérant que le coronavirus, comme la grippe, va continuer à muter et à rester parmi nous, nous devons continuer à réfléchir à la manière d'adapter progressivement notre stratégie de vaccination à la propagation endémique», a déclaré début septembre Hans Kluge, directeur européen de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une solution serait un rappel annuel. Le directeur de Moderna Stéphane Bancel a lancé un appel en ce sens dans son entrevue avec Christian Dorer, rédacteur en chef du groupe Blick: «En une seule injection, vous pouvez combiner la protection contre le Covid, la grippe et d'autres virus encore.»
5 — La pandémie est-elle bientôt terminée ?
Oui et non. Même si la situation se détend et que le taux de vaccination continue d'augmenter dans certains pays, il faut davantage de vaccins pour les pays les plus pauvres si l'on veut réellement mettre fin à la pandémie.
6 — Pourquoi est-il important que les pays plus pauvres soient également vaccinés?
Il existe une inégalité mondiale en matière de vaccination. Un problème majeur dans la lutte contre la pandémie, comme l'a récemment souligné le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Plus les inégalités se creusent, plus le virus continuera de circuler et de se transformer, et plus la probabilité d'apparition de nouvelles variantes compromettant l'efficacité des vaccins sera grande», a encore expliqué le chef de l'OMS.
Les chiffres parlent à eux-seuls: sur 5,7 milliards de doses administrées dans le monde, seulement 2% l'ont été en Afrique. Cela ne nuit pas seulement aux personnes en Afrique, mais à tout le monde.
La pire pandémie de ces cent dernières années ne prendra fin que lorsqu'il y aura une véritable coopération mondiale en matière d'approvisionnement et d'accès aux vaccins. L'objectif de l'OMS en matière de vaccination est que 70% de la population de tous les pays soit vaccinée d'ici à la mi-2022.
Même si l'horizon se dégage, le masque ne peut donc pas encore être mis à la poubelle. (jmh/SDA/AFP)