«Les personnes vaccinées sont aussi contagieuses que celles qui n’ont pas reçu d’injection contre le Covid.» C’est l’OFSP qui le dit, et plus précisément Virginie Masserey, la directrice de la section des maladies infectieuses, mardi en conférence de presse. Pour étayer ses affirmations, elle a cité une étude du CDC américain, le fameux «Center for disease control», le centre de surveillance des maladies.
Cette étude donne des ailes aux personnes sceptiques vis-à-vis de la vaccination. Après tout, à quoi servent les injections si le produit ne protège pas contre le variant qui est dominant à plus de 99% en Suisse actuellement? Ce n’est pas aussi simple. Blick a lu l’étude avec attention et la décrypte pour vous.
D’où proviennent les données?
Le CDC se base sur une étude réalisée à Provincetown, dans l’État du Massachusetts. C’est dans ce lieu prisé pour les vacances qu’un «cluster» de Covid a été identifié en juillet. Au total, 469 infections ont été confirmées, qui proviendraient toutes d’un seul événement lié à la Fête nationale du 4 juillet.
Qu’est-ce qu’il y a de particulier?
Ce qui est intéressant et inquiétant à la fois, c’est que trois quarts des personnes infectées étaient vaccinées. La majorité d’entre elles ont développé les symptômes de la maladie, quatre ont même dû être hospitalisées. Aucun décès n’a été enregistré. Environ 90% des infections étaient liées au variant Delta.
Autre enseignement: la charge virale dans les muqueuses des personnes infectées a été la même chez les vaccinés et les non vaccinées.
Est-ce lié au variant Delta?
Oui. Jusqu’ici, les études montraient que les charges virales chez les personnes vaccinées étaient largement réduites. Les scientifiques avaient aussi établi que la quantité de virus émise par des personnes infectées — aérosol ou gouttelettes — était plus faible en cas de vaccination préalable.
Est-ce que le vaccin ne sert à rien pour le variant Delta?
Non, on ne peut pas conclure cela. Pour plusieurs raisons:
- Les auteurs de l’étude expliquent eux-mêmes que les données de ce papier ne sont pas suffisantes pour établir des conclusions sur l’efficacité de la vaccination ou sur les spécificités du variant Delta.
- L’étude n’analyse pas les effets en fonction de la distinction vacciné(e) ou non. On sait seulement qu’une des personnes hospitalisées n’était pas passée par la piqûre.
- La méthodologie a fait l’objet de critiques de la part d’autres scientifiques: les outils qui ont servi à quantifier la charge virale sont beaucoup trop approximatifs pour établir des conclusions. Et une charge virale supérieure ne signifie pas forcément qu’on soit réellement plus infectieux.
- D’autres études, notamment à Singapour, concluent que la charge virale diminue plus rapidement chez les vaccinés que chez la population qui n’a pas reçu de vaccin.
En définitive, il est encore trop tôt pour se déterminer sur le degré d’infectiosité du Covid pour les non vaccinés. Le CDC a annoncé qu'il allait procéder à des études à plus grande échelle. Certaines conclusions viennent de tomber: selon la «NZZ», le risque d'infection est réduit avec un facteur 8, celui d'avoir des conséquences graves diminué d'un facteur 25.
Pour autant, le CDC conseille également aux vaccinés de faire preuve de prudence, en respectant les distances sociales ou en portant le masque, dans des lieux clos en présence de nombreuses personnes.
La vaccination est-elle toujours recommandée?
Avec tous ces doutes qui planent sur le vaccin, faut-il y recourir? Les autorités sanitaires, qui se basent sur de nombreuses études, recommandent toujours la vaccination. C'est un enseignement établi: le risque de subir une maladie grave est très fortement réduit, de même que celui d'être infecté par le Covid.
Selon l'Office fédéral de la santé publique, seulement 379 personnes qui avaient reçu deux doses de vaccin ont été testées positives à la maladie sur les 264'634 infections constatées durant la même période. En Suisse, 4,2 millions de personnes sont totalement vaccinées.