Sergeï Valioulin a la nationalité belge, mais il est d'origine russe. Tout comme les propriétaires de l'hôtel SeePark à Montilier, dans le canton de Fribourg. Pourtant, cet hôtel quatre étoiles a pris fait et cause en faveur des réfugiés ukrainiens, obligés de fuir face à l'offensive russe. «Nous devons aider les gens dans le besoin. Ce n'est pas de leur faute s'ils se sont retrouvés dans cette situation.»
Le directeur de cet établissement huppé estime que la guerre est «une catastrophe pour tout le monde», les Russes y compris. «J'ai beaucoup d'amis en Ukraine, nous sommes très proches de ce peuple. Leur sort me touche beaucoup. Nous sommes tous contre la guerre», assure l'homme de 47 ans.
«Elle n'a fait que de me remercier»
C'est une Ukrainienne qui lui a soufflé l'idée d'héberger des réfugiés dans les chambres de son hôtel. «Elle m'a demandé si j'avais de la place pour une femme et deux garçons. Ils ont fait un très long chemin et étaient épuisés par le voyage», raconte Sergeï Valioulin. Le directeur du SeePark a demandé l'autorisation aux propriétaires russes, qui ont immédiatement accepté. L'hôtelier est allé personnellement chercher les trois Ukrainiens à la gare.
Les réfugiés ont passé une seule nuit dans l'hôtel 4 étoiles du bord du lac de Morat. «Nous leur avons vite proposé un studio, pour qu'ils puissent cuisiner eux-mêmes et rester plus longtemps s'ils le souhaitent», explique Sergeï Valioulin. Chaque nuitée a un prix nominal de 210 francs par personnes, mais les trois nouveaux clients n'ont pas à débourser le moindre centime. «Le lendemain, ils sont partis au centre fédéral d'asile pour s'y inscrire», précise le directeur du SeePark.
La mère de famille s'est montrée très reconnaissante d'avoir pu trouver refuge transitoirement à Montilier. «La fuite a été si éprouvante qu'elle n'a pas arrêté de me dire merci. Je lui ai donné mon numéro, au cas où elle a des questions pour toute la suite de la procédure», raconte l'hôtelier. Lequel ne veut pas arrêter la solidarité en si bon chemin: des réfugiés actuellement en chemin, deux dames âgées, devraient venir à leur tour profiter du SeePark.
Impossible de quitter la Russie
«Nous aiderons autant que nous le pouvons», assure Sergeï Valoulin, qui a quelques chambres libres à mettre à disposition d'autres personnes fuyant la guerre. Mais il espère surtout que le conflit prendra fin aussi vite que possible. «J'ai très peur de ce qui pourrait encore arriver», confesse le Belge.
Ses liens avec sa patrie d'origine sont multiples. Son propre fils, 25 ans, travaille au pays de Vladimir Poutine. «Il a voulu partir et venir en Suisse, mais tout est bouclé. Impossible de quitter la Russie pour le moment», assure le directeur de l'hôtel fribourgeois. Lui-même né en Russie, il est arrivé en Suisse en 2013 et a repris le SeePark il y a environ un an. «Nous sommes un peuple qui parle la même langue et partage la même culture que l'Ukraine... C'est tellement grave d'en être arrivé là!»