Les prix plus bas de 15% en moyenne
Booking.com est désormais plus cher qu'une réservation auprès d'un hôtel suisse

Depuis deux mois, les hôtels suisses ne doivent plus aligner leurs prix sur des plateformes de réservation comme Booking.com. Depuis, les réservations directes sont généralement plus avantageuses. Des directeurs d'hôtel expliquent les atouts de cette mesure.
Publié: 10.02.2023 à 18:59 heures
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Heike Schmidt, de l'hôtel Lenkerhof, demande moins d'argent que sur Booking.com pour les réservations directes.
Photo: Lenkerhof
Jean-Claude Raemy

Si vous souhaitez passer une nuit en cette fin de février à l’hôtel Lenkerhof, dans la commune bernoise de Lenk, vous pouvez obtenir la Junior Suite sur Booking.com pour 752 francs. Mais si la réservation est faite directement sur le site internet de l’établissement, la même nuit coûte 717 francs.

Une différence de 5%. Cet exemple est typique, confirme la directrice de l’hôtel Heike Schmidt. Lors de recherches sur des plateformes de réservation en ligne courantes comme celle du géant bleu, elle obtient systématiquement un prix supérieur de quelques pourcents, affirme-t-elle à Blick.

La patronne peut proposer une meilleure offre que sur Booking.com depuis le 1er décembre, date à laquelle la «modification de la loi fédérale contre la concurrence déloyale» est entrée en vigueur, et les clauses dites de parité interdites. Ces dernières autorisaient les plateformes de réservation d’imposer aux hôtels de ne pas proposer de prix plus bas lors de réservations directes.

Booking.com empoche une commission

Les hôteliers suisses se sont battus pendant des années contre la clause de parité. Ils profitent désormais activement de cette nouvelle liberté. Le magazine des consommateurs «Bon à savoir» a comparé les prix des réservations directes de douze hôtels suisses avec ceux de Booking.com et a constaté une différence de prix moyenne de 14,6% à la date de référence du 11 mars 2023. Dans une enquête similaire, la RTS a même trouvé des prix parfois jusqu’à 50% plus bas pour les réservations directes.

Plusieurs sondages effectués par Blick le montrent également: la réservation via la plateforme est plus chère qu’auprès de l’hôtel. Dans de nombreux cas, la différence de prix est d’environ 15%, par exemple à l’hôtel Rössli, dans la commune lucernoise de Weggis. Ce n’est pas un hasard: pour la mise en relation avec des clients, Booking.com prend une commission d’environ 15% du prix de la nuitée auprès des hôtels.

«Dans l’hôtellerie, la marge est faible et les commissions la réduisent encore. Nous préférons offrir à nos hôtes un prix attractif», commente Heike Schmidt.

Au Hard Rock Hotel de Davos (GR) aussi, les prix des réservations directes sont en grande partie plus bas que ceux de Booking. Le directeur Florian Walther voit toutefois les choses de manière différente: «Le changement ne concernait pas les prix en soi, mais la stratégie tarifaire.»

Les hôtels ont désormais la possibilité d’agir de manière plus flexible sur le marché et de mettre en place des offres spéciales. Il peut s’agir d’un prix plus avantageux sur leur propre site web. Mais les hôtels ont également la possibilité de vendre des catégories de chambres à bas prix sur leur site et de ne proposer que des catégories à prix plus élevés sur Booking.

Un partenaire encore important

À l’inverse, il est tout à fait possible que le prix soit plus élevé sur le site web des hôtels. En proposant des prix bas, Booking permet par exemple d’attirer quelques clients supplémentaires en basse saison.

Florian Walther se garde d’ailleurs bien de se montrer trop agressif en matière de prix: «En fin de compte, Booking est un partenaire très important.» Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, il n’a pas constaté de baisse des réservations générées par la plateforme. «Celle-ci offre ses propres avantages», explique le patron.

Il peut s’agir par exemple des réductions que les utilisateurs obtiennent en obtenant le statut Genius (une sorte de programme de fidélité). Grâce à ce dernier, le prix sur la plateforme peut être inférieur à celui pratiqué directement par l’hôtel.

En outre, le système transmet tous les détails de la réservation à une application. Cela signifie que les données d’identité et de carte de crédit ne doivent donc être saisies qu’une seule fois sur Booking. Alors que dans le cas d’une réservation directe, elles doivent être renouvelées à chaque fois.

Florian Walther pense également que le site de réservation ne perdra que très peu d’argent avec la nouvelle législation. «Nous avons besoin de ces dernières.» Selon un rapport de l’association faîtière HotellerieSuisse, ces types de plateformes représentent moins d’un tiers des réservations de chambres en Suisse. Mais sur ce petit tiers, Booking.com détient une part de marché de plus de 70%.

Le prix n’est pas la seule donnée

L’hôtel Albana à Silvaplana, dans les Grisons, profite également de la nouvelle flexibilité de la loi. La directrice Malvika Bosshard-Jürisaar mise en premier lieu sur des offres forfaitaires, qu’elle ne distribue que via ses propres plateformes.

«Ainsi, nous sommes en grande partie indépendants des prestataires en ligne.» Elle ne voit toutefois pas en eux des adversaires, mais une possibilité d’améliorer son propre taux d’occupation des lits. Un dumping des prix vis-à-vis de ces plateformes ne serait donc pas du tout nécessaire.

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