Les patrons de Moderna sur le rappel
«Les seniors se sentiront plus en sécurité cet hiver»

Les chefs de Moderna, Paul Burton et Cesar Sanz Rodriguez, se félicitent de l'autorisation de la troisième dose en Suisse et s'expriment sur les combinaisons vaccinales. Interview.
Publié: 27.10.2021 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 27.10.2021 à 09:59 heures
La troisième dose de rappel n'est recommandée qu'aux personnes âgées de plus de 65 ans ou dont le système immunitaire est affaibli.
Photo: Keystone
Interview: Ladina Triaca

Dans trois semaines, les premières personnes âgées et à risque de Suisse pourront recevoir une troisième dose de vaccin contre le Covid – de Moderna ou de Pfizer, a annoncé hier Swissmedic. À la tête de Moderna, Paul Burton et Cesar Sanz Rodriguez réagissent à cette annonce.

La troisième dose du vaccin contre le Covid vient d’être approuvée en Suisse, c’est une bonne nouvelle pour votre entreprise.
Paul Burton:
Nous pensons que la dose de rappel sera un grand avantage pour les personnes, en particulier celles qui sont le plus à risque de contracter le Covid. Ce «booster» va les protéger davantage.

Grâce au rappel, les personnes âgées n’ont-elles plus à craindre d’être gravement malades du coronavirus, voire d’en mourir?
Paul Burton:
Nos données montrent que le nombre d’anticorps des personnes immunodéprimées et des personnes âgées passent à un niveau sûr grâce au rappel. Ils pourront se sentir davantage en sécurité, surtout avec l’arrivée de l’hiver.

Faut-il s’attendre aux mêmes effets secondaires après le rappel qu’après la première et la deuxième dose?
Cesar Sanz Rodriguez:
Oui, exactement. Lors des essais cliniques, nous avons constaté que les effets secondaires de la troisième dose sont similaires à ceux de la deuxième.

Selon Christoph Berger, responsable suisse de la vaccination, le rappel ne fait qu’augmenter la protection vaccinale des personnes âgées d’environ 85 à 95%. Ne serait-il pas plus logique de veiller d’abord à ce que tous les habitants de la planète aient accès au vaccin?
Paul Burton:
Nous voulons tous produire d’excellents vaccins et les mettre à la disposition du plus grand nombre de personnes possible. Une grande part de la responsabilité incombe ici aux gouvernements. Notre message est le suivant: la meilleure protection contre le virus est de se faire vacciner. S’il y a assez de vaccins, renforcez la couverture vaccinale.

Dans notre pays, la troisième dose n’est recommandée que pour les personnes de plus de 65 ans. Quand pressentez-vous que ce sera le cas pour toute la population?
Cesar Sanz Rodriguez: Les plus jeunes ont été vaccinés plus tard. La question du déclin de la protection se posera également pour eux – mais plus tard. Nous devons réaliser d’autres études pour déterminer si les jeunes ont besoin d’un rappel. L’évolution générale de la pandémie joue également un rôle. Nous sortons lentement de la phase dominée par le variant delta. Toutefois, au Royaume-Uni, le variant delta-plus est actuellement à l’origine d’une augmentation du nombre de cas. Seul l’avenir montrera dans quelle mesure la vaccination protège contre les nouveaux variants.

Selon les premières indications, la protection vaccinale pourrait être particulièrement élevée si une personne vaccinée avec le produit de Moderna reçoit une dose de Pfizer/Biontech et vice versa. Que pensez-vous de ces vaccinations croisées?
Cesar Sanz Rodriguez:
Il y a actuellement quelques études sur ce sujet aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Nous devons attendre les données définitives.

Paul Burton: Des données préliminaires montrent que la vaccination croisée peut entraîner des taux d’anticorps plus élevés. Nous devons attendre des données supplémentaires, comme le dit mon collègue. Mais la vaccination croisée pourrait être une piste intéressante.

La Suède, la Finlande et la Norvège n’administrent plus le vaccin de Moderna aux jeunes pour le moment, car il existe un risque accru d’inflammation cardiaque, en particulier chez les hommes. La confiance en votre vaccin a été ébranlée.
Paul Burton:
Le risque de myocardite existe avec les vaccins à ARNm de Moderna et de Pfizer/Biontech. Cependant, le risque de myocardite après vaccination est très faible. Nous parlons d’environ 20 cas par million de personnes. Le coronavirus est beaucoup plus susceptible de provoquer une myocardite – environ 450 personnes par million d’infectés sont touchées.

Aux États-Unis, le vaccin Pfizer/Biontech pourrait bientôt être autorisé pour les enfants âgés de cinq à onze ans. Où en est Moderna dans la vaccination des enfants?
Paul Burton:
Le vaccin de Moderna est désormais autorisé dans de nombreux pays pour les jeunes de 12 à 18 ans. Sur la base de nos données, nous pensons qu’il est important de vacciner les enfants.

La dose de rappel est-elle produite en Suisse?
Cesar Sanz Rodriguez:
Oui, nous produisons ce produit à Viège. Non seulement pour la Suisse, mais aussi pour d’autres pays.

Avez-vous déjà reçu une troisième dose?
Paul Burton:
Non, pas encore. Mais bientôt, espérons-le.


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