Les partisans jubilent
Surprise: la 5G ferait en réalité diminuer le rayonnement!

Selon les premières mesures disponibles, la 5G ferait en réalité diminuer le rayonnement ionisant en Suisse. Tandis que les partisans se réjouissent de cette «preuve», les opposants de cette technologie continuent d'évoquer mensonge et lobbyisme.
Publié: 27.07.2022 à 14:51 heures
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Dernière mise à jour: 27.07.2022 à 15:42 heures
Les antennes 5G polarisent la population, mais elles ne seraient pas nocives, selon les premières mesures officielles disponibles.
Photo: Keystone
Blick

Depuis quelques années, la 5G polarise les esprits en Suisse. Tandis que les antennes fleurissent sur tout le territoire national (quiconque utilise un smartphone de dernière génération s'en est rendu compte), les opposants à cette technologie restent nombreux. Seuls 42,5% des citoyens soutiennent son développement, contre 41,6% d'opposants (et le reste d'indécis), selon un sondage de Comparis mené en 2021.

Cette technologie est-elle si nocive pour la santé? Les premières mesures officielles à l'échelle suisse semblent dire le contraire. Des spécialistes ont mesuré le rayonnement un peu partout dans le pays à l'aide d'appareils portatifs. Surprise: celui-ci est très modéré, rapportent les «Freiburger Nachrichten». Même à certains endroits publics très fréquentés, les nuisances n'atteignent que 15% des valeurs maximales autorisées.

Conséquences négatives «exclues»

«L'exposition est parfois plus de 100 fois inférieure à la valeur limite pour le rayonnement de la téléphonie mobile», avance Marin Röösli de l'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH), chef de projet adjoint. Des conséquences négatives pour la santé peuvent donc être exclues, selon lui.

Si le spécialiste s'attendait à des chiffres rassurants, il est lui-même étonné par les données collectées. Fait marquant: dans 49 des 75 points de mesure, le rayonnement avait déjà fait l'objet d'une analyse en 2014, et les valeurs ont baissé «presque partout».

Cela peut paraître d'autant plus surprenant que la quantité de données a été multipliée par 18 au cours de cette période et que le nombre d'antennes a augmenté de 38%, rappelle le média fribourgeois. Ce paradoxe est toutefois explicable par le progrès technologique: la 5G utilise des antennes «adaptatives», qui n'émettent du rayonnement que lorsqu'il y en a besoin.

Les pro-5G jubilent

Ces mesures fédérales sont accueillies comme une victoire par les pro-5G. «Cette fois, nous avons une preuve noir sur blanc», jubile Christian Gasser, directeur de l'Association suisse des télécommunications (ASUT), dans les colonnes du quotidien alémanique.

Alors que plus de 3000 procédures d'autorisation pour la 5G sont gelées dans notre pays, la branche espère que cette étude débloquera les choses. Pas si simple, à en croire le conseiller national des Verts Michael Töngi. «On a quand même toujours l'impression que la partie adverse n'est pas objective», avance le Lucernois. Pour lui, le «lobbying important» des opérateurs de téléphonie mobile doit appeler à la prudence. L'écologiste n'est pas tout blanc dans ce dossier: il fait partie du comité de «Safer Phone», une initiative demandant de réduire au maximum les nuisances pour l'homme et l'environnement. Or, la 5G permet précisément de les faire baisser, rétorque Christian Gasser.

Les autorités cantonales font bon accueil à ces mesures, qu'elles veulent régulières. «Elles créent de la transparence et aident à suivre l'exposition effective de la population», déclare Jean-François Steiert, vice-président de la DTAP (Conférence suisse des directeurs des travaux publics, de l'aménagement du territoire et de l'environnement), aux «Freiburger Nachrichten».

«Ils mentent»

La partie n'est néanmoins pas terminée. «24 Heures» fait ainsi réagir Chantal Blanc, qui a acquis une certaine notoriété avec son «collectif Stop 5G» dans la Glâne. «Ceux qui disent qu'il n'y a pas d'effets mentent», tonne la Fribourgeoise.

La militante, qui a porté deux recours jusqu'au Tribunal fédéral et a déposé 50 oppositions à elle seule selon «Le Matin», concède qu'elle est «contente qu'un monitoring soit enfin mis en place en Suisse après tant d’années d’attente», toute en se montrant «déçue de ce qui a été fait».

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