Les jeunes ont voté Non
La Grève du climat est-elle responsable de la débâcle de la loi CO₂?

Mieux valait ne pas essayer de protéger le climat du tout. La Grève pour le climat a irrité dans sa prise de position concernant la loi CO₂, dont les partisans lui attribuent la responsabilité de la débâcle. Les jeunes auraient pu faire pencher la balance.
Publié: 15.06.2021 à 06:02 heures
1/7
Le Mouvement pour la grève du climat a commenté le résultat du vote dimanche.
Photo: Keystone
Lea Hartmann et Aline Leutwiler

La colère et la déception sont énormes au sein des partis de gauche et verts à propos de la loi sur le CO2. Après ce «dimanche noir», les Jeunes Verts ont organisé une «veillée pour le climat» à Zurich le soir même.

La Grève du climat avait d’autres priorités

Mais du côté de la gauche, tous ne regrettent pas cette décision. La Grève pour le climat, particulièrement, n’a pas vraiment défendu la loi bec et ongles. Au contraire. La section romande l’a même combattue. Du côté alémanique, le soutien à la loi de la part des grévistes était également très faible.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Au lieu de s’investir dans la campagne pour la loi CO2 — le projet le plus important de la législature du point de vue des Verts — les militants se sont entièrement concentrés contre la loi antiterroriste, en particulier au cours des dernières semaines, décisives. La question se pose de savoir si ces forces ont été bien utilisées, tant il était évident que la loi antiterroriste ne serait pas rejetée, alors que la loi CO2 avait bel et bien une chance de passer la barre.

Un Non clair de la part des jeunes

Le manque de soutien du mouvement pour le climat a possiblement fait pencher la balance. L’enquête post-électorale de Tamedia montre que le refus le plus élevé se trouve parmi les jeunes. Un pourcentage impressionnant de 58% des 18-34 ans a dit Non au projet de loi, soit le taux le plus élevé de toutes les catégories d’âge.

Plus les électeurs sont âgés, plus ils sont susceptibles d’avoir voté Oui. Pourquoi la jeune génération, particulièrement touchée par le changement climatique, s’est-elle positionnée contre ce référendum?

«Plus de realpolitik aurait mieux aidé le climat!»

Les partisans de la loi sont en colère. La «débâcle» a eu lieu en partie à cause la jeunesse pro-climat, qui n’a pas fait front commun pour le Oui, s’énerve le directeur de la sécurité de la ville de Berne Reto Nause (Le Centre) sur Twitter. Il qualifie de «stupide» la stratégie de vote du mouvement de la Grève du climat. «Un peu plus de realpolitik aurait été plus bénéfique pour le climat! La prochaine manifestation ne servira à rien!»

«Un plus grand engagement de la part de la grève du climat aurait certainement aidé», estime également Julia Küng, 20 ans, présidente des Jeunes Verts. Mais pour elle, l’explication du Non est plutôt à observer du côté du lobby pétrolier, qu’elle juge comme principal responsable de cette défaite.

La conseillère nationale du Centre Marianne Binder s’agace également sur Twitter de la «base de gauche radicale de la Grève du climat», qui «préfère ne rien vouloir à moins de tout obtenir». Tous les grands partis, à l’exception de l’UDC, avaient fait campagne pour le Oui à cette loi.

Les activistes n’ont pas de regrets

Les critiques pleuvent sur les grévistes du climat. Après le résultat du vote de dimanche, il y a eu des discussions internes, explique Lorenz Obrist, 22 ans, membre du mouvement. Celui-ci considère qu’il est possible que le vote aurait été différent si la grève du climat avait activement fait campagne pour le Oui. Mais Obrist précise: «Nous ne pensons pas avoir fait une erreur».

Car aux yeux des jeunes pro-climat, le projet de la loi CO2 était totalement insuffisant. «Ce n’est pas le genre de défense du climat que nous recherchons», dit Obrist. Le mouvement affirme qu’il a lui-même proposé un plan d’action comportant des mesures plus sociales et plus cohérentes. Il s’agit, par exemple, de la réduction du temps de travail et de «l’abolition de la propriété privée, nuisible au climat». Les grévistes du climat ne se soucient pas du fait que de telles mesures n’ont aucune chance d’être adoptées par le parlement ou l’électorat.

Une grossière erreur?

En outre, les grévistes du climat ont critiqué lors d’une conférence de presse dimanche après-midi le fait que la loi CO2 n’aurait pas suffi à atteindre l’objectif climatique auquel la Suisse s’est engagée en signant l’Accord de Paris sur le climat.

Du point de vue des Jeunes libéraux-radicaux (JLR), qui avaient décidé de s’abstenir de donner des consignes de vote, les militants font fausse route. «La Grève du climat a commis une erreur dans la mesure où les prochains projets de loi sur le climat seront désormais plus bourgeois», déclare le président des JLR Matthias Müller.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la