L'A9 en Valais est déjà un échec avant même que les premières voitures ne roulent dessus. Sa construction a été entachée par une série interminable de négligences et d'erreurs de planification. Des problèmes géologiques dans les tunnels, des plafonds qui s'effondrent ou encore une chaussée trop étroite d'un demi-mètre, la liste continue de s'allonger.
Le prochain chapitre était censé commencer bientôt: une passerelle piétonne prévue dans la forêt de Finges au-dessus du Rhône, planifiée depuis 30 ans. Mais à nouveau, c'est un échec. L'abandon de la passerelle promise depuis longtemps pousse les riverains à monter au créneau. Ils veulent s'en prendre à la construction de l'autoroute.
La passerelle devait éviter un long détour
La passerelle devait en fait relier le village de Salquenen à la réserve naturelle du bois de Finges. Jusqu'à présent, les piétons faisaient un détour de plusieurs kilomètres. Le pont devait en fait être une mesure dite de remplacement, c'est-à-dire une sorte de cadeau pour que l'élite de Salquenen mette à disposition du terrain pour la construction de l'autoroute à travers le bois de Finges.
L'idée d'une passerelle existe donc depuis plus de 30 ans. Le projet a été adapté à maintes reprises et son principe a été approuvé il y a plus de dix ans. Mais la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage est intervenue. Celle-ci s'est opposée au projet et a obtenu gain de cause devant le Tribunal administratif fédéral.
Bien que le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) ait approuvé le projet en 2021; en 2022, c'est le retour de bâton. Motif du refus du tribunal: le pont se situerait sur une réserve naturelle et la gestion des flux de visiteurs n'aurait pas été clarifiée.
La commune et la bourgeoisie de Salquenen n'ont pas voulu accepter cela. Ils ont porté l'affaire devant le Tribunal fédéral. Celui-ci a tranché: pas de pont. Un coup dur pour le président de la commune de Salquenen, Gilles Florey. «En prévision du pont, nous avons fait de très nombreuses concessions aux constructeurs de l'autoroute, dit-il. Pendant 30 ans, on nous a promis à plusieurs reprises que le pont verrait le jour. Cette promesse est brisée.»
Un coup fatal porté à l'ensemble du projet?
Le président de la commune est particulièrement en colère contre la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage (CFNP). Celle-ci avait également dit oui au pont pas plus tard qu'en 2013, mais elle est revenue sur sa décision dans le cadre de la procédure devant le Tribunal administratif fédéral.
Pour Gilles Florey, une question se pose: quelles sont les conséquences du non au pont sur l'ensemble de la construction de l'autoroute dans le bois de Finges? Si l'on en croit le canton du Valais, aucune. Marco Walter, chef du service de la construction des routes nationales, déclare: «Nous partons du principe que nous pourrons commencer la réalisation de l'autoroute dans le bois de Finges dès le printemps prochain.»
On n'en est pas si sûr à Salquenen. Gilles Florey déclare: «Le pont faisait partie de la procédure d'approbation des plans. Si cette partie est simplement enlevée, les conditions de beaucoup de nos concessions changent.» Ainsi, Salquenen avait par exemple accepté l'abandon d'une gravière afin de construire le pont. Si le pont ne se fait pas comme prévu, nous devrons revoir l'ensemble du projet.»
Gilles Florey veut maintenant analyser en détail la décision du Tribunal fédéral et voir ensuite comment les choses évoluent. Ce qui est sûr, c'est que l'autoroute valaisanne suscite une fois de plus beaucoup de frustration.