Depuis lundi, nos voisins autrichiens ont commencé à limiter l'accès à certaines commerces en intérieur pour les personnes qui ne sont pas vaccinées ou guéries. Cela signifie qu’un test de dépistage négatif au Covid-19 ne suffit plus pour entrer dans les bars, les salles de sport ou chez le coiffeur.
Résultat: les centres de vaccination du pays ont été pris d’assaut. La semaine dernière, près de 213’000 personnes ont reçu leur piqûre, un record depuis début août, soit le point culminant de la campagne vaccinale européenne.
Alors que le taux de vaccination stagnait chez nos voisins de l’Est, les cas de Covid, eux, n’ont cessé d’augmenter. La semaine dernière, 50’000 cas avaient été signalés, un autre record. À titre de comparaison, la Suisse, qui compte pratiquement la même densité de population, n’a enregistré «que» 14’888 nouvelles infections.
Afin de faire fléchir la courbe, le gouvernement autrichien a estimé qu'un durcissement des mesures était nécessaire. Le pays a même menacé les personnes non vaccinées d’un confinement total si les cas continuaient d’augmenter. La Suisse risque-t-elle de connaître le même sort?
«La quatrième vague est bien là»
Le virologue tessinois Andreas Cerny est convaincu que la Suisse sera confrontée au même sort que les pays où les cas de Covid explosent: «La proportion de personnes non vaccinées ne diminue pas. Les mesures introduites au printemps ont été assouplies. Les chiffres vont donc continuer à augmenter ici aussi». Le médecin cantonal bâlois Thomas Steffen est encore plus catégorique: «La quatrième vague est bien là», affirme-t-il à Blick.
Selon lui, le relâchement des mesures et un taux de vaccination insuffisant ont causé son arrivée. «Nous nous rassemblons de plus en plus dans des lieux fermés, et beaucoup de jeunes ne sont pas encore vaccinés, ce qui alimente la vague.» Aujourd’hui, assène-t-il, il est important de profiter de toutes les occasions de la ralentir. Thomas Steffen dit qu’il faut massivement avoir recours aux vaccins de rappel pour les personnes vulnérables et, si nécessaire, obliger le port du masque et restreindre l’accès à certains événements. Selon lui, c'est le seul moyen d'améliorer la situation avant que la Suisse n’entre dans une phase de semi-confinement.
Ne plus accepter les tests négatifs pour pousser à la vaccination
«Nous avons une épidémie de personnes non vaccinées, pointe Andreas Cerny. La restriction pour les personnes non vaccinées qui utilisent des tests peut aider à les convaincre de passer le pas. Tout le monde veut continuer de pouvoir se rendre à un concert ou au restaurant.»
Andreas Cerny met également en garde contre la fin de la protection vaccinale des personnes qui ont reçu leurs doses il y a longtemps. Il propose donc de rendre le masque obligatoire dans les écoles et intime le Conseil fédéral à examiner une possible vaccination des enfants dès douze ans, voire cinq ans.
Garder un œil sur l’Autriche
Jan Fehr s’attend à des mesures plus strictes en cas d’échec de la semaine de la vaccination. Selon l’infectiologue de l’Université de Zurich, les décisions politiques nécessaires risquent d’être prises dès que les hôpitaux atteindront à nouveau leurs limites de capacité.
Ce n’est pas encore le cas en Suisse: actuellement, moins de 15% des lits de soins intensifs sont occupés par des patients covid. Toutefois, Jan Fehr, tout comme Andreas Cerny et Thomas Steffen, suppose que la couverture vaccinale insuffisante et l’hiver à venir pourraient rapidement aggraver la situation.
(Adaptation par Louise Maksimovic)