Est-ce le Covid qui chauffe les esprits des écoliers à blanc? Faut-il chercher l’origine du problème à une autre source? Difficile de remonter à la genèse de la violence, mais celle-ci est en tout cas attestée par des chiffres. Et ils sont inquiétants. On parle ici de violence dans le cadre scolaire, en nette augmentation, comme le révèle la Tribune de Genève dans une excellente enquête, basée sur un rapport du Service de la recherche en éducation (SRED).
Les chiffres en question? Le rapport que s’est procuré notre consœur fait état de quelque 350 «incidents graves» qui se seraient produits l’année scolaire 2020-2021 dans les écoles genevoises, un nombre qui représente une hausse de 30% par rapport à l’année scolaire précédant encore celle du rapport. Inquiétant: cette hausse de la violence s’inscrit dans la durée, puisque les chiffres sont en hausse depuis maintenant deux ans, totalisant une augmentation totale de 67%. Depuis deux ans, soit depuis le début de la crise du Covid dont on sait qu’elle a mis à rude épreuve les écoles.
En coulisses, un drame silencieux
De quoi parle-t-on exactement quand on parle de violence? En majorité d’actes perpétrés par des garçons et très souvent de violence physique, selon le rapport du SRED qui dénombre une centaine de cas sur l’année scolaire écoulée. Fait «rassurant», des armes semblent rarement impliquées, mais tout de même dans 1% des cas au primaire et 3% au total.
On devine à peine l’ampleur du drame qui se joue en coulisse. On en veut pour preuve que treize personnes ont fait une tentative de suicide, certaines avec une issue fatale. «L’augmentation des violences est généralisée, mais ce n’est que la pointe de l’iceberg», relève Waël Almoman, membre de l’Union du corps enseignant secondaire genevois, cité par la Tribune de Genève.
Un DIP apathique
Interrogé par notre consœur, le Département de l’instruction publique (DIP) – souvent critiqué par le passé pour son apathie – nuance les statistiques dans un langage très administratif, relevant que les chiffres sont «dans la fourchette haute sans être atypiques», avant d’esquisser quelques hypothétiques solutions sous forme de containers dans les cours d’école. Pas étonnant que le corps enseignant se sente «bien seul» face au problème.
Bien seul, l’enseignant dont la Tribune de Genève révèle l’histoire l’a également été. Un élève a tenté de forcer le passage de sa classe, l’a tutoyé et insulté. Le prof se serait vu questionner sur... ses méthodes à lui.
(mije)