Les dentistes sont affolés!
De plus en plus de personnes consomment du snus, malgré des effets désastreux sur la santé

Un nombre croissant de jeunes se tourne vers le snus, présenté comme une «alternative au tabac». Problème: les effets sur la santé ne sont pas encore entièrement documentés.
Publié: 16.04.2024 à 07:02 heures
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Dernière mise à jour: 16.04.2024 à 08:51 heures
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Le snus est une sorte de tabac humide, placé dans des sachets sous la lèvre supérieure.
Photo: AFP
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Fabienne Maag

Il existe aujourd'hui de nombreuses façons d'ingérer de la nicotine: cigarettes, vapoteuses. Et maintenant snus, souvent présenté comme une alternative «saine» au tabac et comme un moyen de sevrage.

Ce sont surtout les cabinets dentaires qui signalent un pourcentage plus élevé de patients et patientes sous snus. C'est le cas du dentiste Christoph Vögtlin, qui s'est confié à «ArgoviaToday» dans un entretien. Et bien que les conséquences sur la santé de cette alternative ne soient pas encore totalement connues, certaines sont toutefois déjà avérées.

C'est le cas du cancer du pancréas, les maladies cardiovasculaires, les colorations dentaires, la sensibilité dentaire au froid, le repli des gencives et la leucoplasie orale. En revanche, les effets du snus sur le cancer de la cavité buccale n'ont pas encore été suffisamment documentés.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte également sur les risques de leucoplasie, décrite comme une «altération blanche de la muqueuse, non effaçable, qui ne peut être attribuée à aucune maladie définie». Et «indépendamment du snus, une leucoplasie a le potentiel de dégénérer», rajoute Christoph Vögtlin.

Une consommation importante chez les joueurs de hockey

Les consommateurs, eux, ne sont souvent pas informés des risques du snus sur la santé. Ainsi, lorsque l'on montre aux patients une photo de leur cavité buccale afin de leur faire prendre conscience de l'ampleur du problème, «la plupart sont surpris», explique Christoph Vögtlin.

La majorité des personnes qui se présentent dans son cabinet sont jeunes et de sexe masculin. Une étude d'Addiction Suisse montre qu'en 2022, les jeunes de 15 ans étaient 13 % plus nombreux à consommer du snus qu'en 2018. Sa consommation est particulièrement importante chez les joueurs de hockey sur glace et au sein de l'armée.

Il est important, surtout pour les dentistes, de se pencher sur la question: «Cela fait partie de tout bilan dentaire que nous examinions également les muqueuses. On voit alors si quelque chose a changé, ou non. Il faut aussi en parler aux patients et leur montrer des images. Le cas échéant, on peut aussi faire une biopsie pour vérifier s'il y a des conséquences plus globales, ou non» explique Christoph Vögtlin.

Interdit dans la plupart des pays de l'UE

Le snus est interdit dans la plupart des pays de l'UE, comme l'indique le vendeur de tabac Northerner sur son site Internet. L'interdiction est apparue en 1992, lorsqu'une étude de l'OMS a classé l'utilisation de certains produits à base de tabac comme cancérigène. La Suède fait toutefois exception à cette interdiction en raison d'une longue tradition qui y est associée au produit.

Le «snusing» est également autorisé en Norvège, le pays ne faisant pas partie de l'UE. En Grande-Bretagne, sa consommation est certes légale, mais pas sa vente.

En Suisse, la Cour fédérale de justice a jugé anticonstitutionnelle l'interdiction du snus, convaincue que le snus est moins dangereux que les autres produits du tabac. C'est pourquoi le pays fait partie des rares Etats qui autorisent à la fois la vente et la consommation.

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