Les catastrophes se multiplient
Martine Rebetez: «Il faudra être prêt à envoyer des secours en tout temps»

Pour la climatologue Martine Rebetez, la Suisse doit désormais se tenir prête à envoyer des secours en tout temps. Les catastrophes naturelles comme celle de Cressier (NE) vont être de plus en plus fréquentes, affirme-t-elle à Blick.
Publié: 23.06.2021 à 13:42 heures
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Dernière mise à jour: 01.07.2021 à 21:36 heures
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Photo: keystone-sda.ch
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Amit JuillardJournaliste Blick

Cressier (NE) a vécu l'apocalypse hier. C'est en tout cas le sentiment d'Olivier Ruiz, contacté par Blick, impuissant hier devant les torrents d'eau qui détruisaient Papa Pâtisse Créations, sa confiserie. Les épisodes climatiques violents s'accumulent en Suisse. Interrogée par Blick, la climatologue Martine Rebetez, professeure à l'Université de Neuchâtel et à l'Institut fédéral de recherches WSL, n'est pas étonnée. Et le pire reste à venir.

Le 21 juin, des rafales à 110 km/h et des grêlons en Gruyère (FR). Le 21 juin, un violent orage de grêle à 1000 mètres d'altitude à La Chaux-de-Fonds (NE), une première depuis 1983. Le 22 juin, de violentes inondations à Cressier (NE), deux ans après celles ayant sinistré le Val-de-Ruz (NE). Un peu plus tôt dans la journée, une tornade à la frontière franco-suisse, aux Verrières-de-Joux. C'est l'heure de paniquer?

Martine Rebetez: On ne peut bien évidemment pas attribuer un événement singulier au réchauffement climatique. Mais il est clair qu'avec l'augmentation des températures, on voit et on doit s'attendre à des phénomènes de plus en plus extrêmes, de plus en plus souvent: des précipitations intenses, des violents épisodes de grêle, des sécheresses. Les températures en Suisse ont déjà augmenté de deux degrés par rapport aux années 1970. Nous assistons aujourd'hui à ce que les expertes et les experts avaient prédit.

Y a-t-il une particularité neuchâteloise?

Non. Le phénomène est généralisé. Souvenez-vous des inondations extrêmes à Lausanne ou à Sion en 2018. Non seulement les Alpes mais désormais aussi les régions de plaine, de moyenne montagne et du Jura sont touchés.

Face aux catastrophes naturelles qui augmentent, sommes-nous désarmés?

Il faut réduire sans délai et à zéro les émissions de gaz à effet de serre, sortir du pétrole, du charbon et du gaz pour les remplacer par les énergies renouvelables. Nous aurions dû l’entreprendre sérieusement il y a 30 ans déjà. La Suisse est très en retard dans ce processus et s’obstine à déléguer les réductions à l’étranger alors qu’il est urgent de le faire chez elle. En outre il faut également réaménager autant que possible les lits des cours d'eau, pour éviter les débordements, mais cela coûte très cher et cela prend du temps, sans compter que ce n’est pas possible partout. Donc il faut de plus en plus se former à ces dangers et être prêt à envoyer des secours en tout temps.

Des cultures sont régulièrement détruites. A terme, risque-t-on la pénurie alimentaire?

La destruction des cultures maraîchères pose vraiment question. La Suisse importe déjà la moitié de ses denrées alimentaires. Nous allons devoir compenser les pertes, à l'intérieur du pays, mais également en important. Mais il n'est pas sûr que les autres pays puissent les exporter encore longtemps. Pour l’instant il existe encore un grand potentiel de réduction du gaspillage sur toute la chaîne, de la production jusqu’à la consommation.

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