Le propriétaire actuel témoigne
Albert Glaus: «Kneubühl m'a envoyé une menace de mort»

Depuis dix ans, Albert Glaus vit dans l'ancienne maison de Peter Hans Kneubühl, le «forcené de Bienne». Blick est allé à sa rencontre. Il raconte comment il a dû colmater les impacts de balles dans le mur, et les menaces qu'il a reçues depuis la prison.
Publié: 09.06.2021 à 10:59 heures
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Dernière mise à jour: 09.06.2021 à 11:30 heures
Luisa Ita

Le 8 septembre 2010, le temps s'est arrêté à Bienne (BE): Peter Hans Kneubühl, un retraité à la dérive, se barricade dans sa maison. Les forces de l'ordre encerclent la propriété. Le fauteur de troubles, armé, tire à travers une porte et blesse grièvement un policier. La police riposte. Depuis ces faits, Kneubühl est en prison.

Onze ans plus tard, le lieu est méconnaissable. Le nouveau propriétaire, Albert Glaus, a entièrement rénové la maison, en grande partie par ses propres moyens. Même le jardin, envahi par la végétation, a pris forme. «J'y ai mis tout mon cœur et toute mon âme», dit l'artisan. «Enfin, les carottes poussent. Jusqu'à présent, le sol était trop acide pour elles car Kneubühl jetait toujours des copeaux de bois et des os de viande dans le jardin.»

Glaus voulait offrir l'asile à Kneubühl

Albert Glaus avait racheté la maison aux enchères pour 405'000 francs avec la femme avec qui il était en couple à l'époque. La relation n'a pas fonctionné. «Je travaillais trop», explique Glaus. «Tous les jours après le travail, j'allais rénover la maison.»

Il vient jusqu'à la porte d'entrée et invite Blick à entrer. Il ne veut pas exposer sa vie privée, mais seulement montrer l'appartement à l'étage. «Je suis en train de refaire la décoration», dit-il en montrant le chantier. «En fait, j'ai même dit une fois que je voulais rénover cet appartement pour Peter Hans Kneubühl s'il sortait. Mais il m'a envoyé une menace de mort en retour.»

Albert Glaus devant une fresque représentant l'histoire de Peter Hans Kneubühl.
Photo: Luisa Ita

«Je suis désolé pour cet homme malgré tout»

Le détenu aurait écrit dans sa lettre qu'il voulait lui tordre le cou. «En disant ça, il a perdu tout crédit à mes yeux, d'autant que j'ai toujours été correct avec lui», dit le nouveau propriétaire. Néanmoins, il n'a pas peur du prisonnier: «Il ne sera pas libéré de toute façon. Et même s'il l'était, je suis sûr qu'il ne me ferait pas de mal.»

Albert Glaus se montre même compréhensif envers le retraité. «Je ne sais pas ce que je ferais si quelqu'un voulait me prendre ma maison», dit-il pensivement. «J'ai de la peine pour cet homme malgré tout, et je pense que cet événement ne doit jamais être oublié».

«L'esprit de Kneubühl vit ici»

Le nouveau locataire a ainsi colmaté tous les impacts de balles dans le mur. Tous, sauf un. Une fresque qui commémore l'événement recouvre désormais la dernière fissure. Les couleurs sont criardes, le criminel condamné est représenté comme un renard rusé. Petit clin d'œil qui trahit qu'Albert Glaus ne porte pas spécialement la police dans son cœur.

«L'esprit de Kneubühl vit ici», dit-il, signifiant qu'il partage les vues du trublion. Quand on demande si c'est à cause d'un sort qui aurait été jeté sur la maison, le mécanicien rit. «Non, la maison n'est pas hantée. J'ai toujours été comme ça.»

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